Rétro 2019 (V) : quand Rafa a réussi la duodécima

 - Myrtille Rambion

ÉPISODE 5/10. Dix jours, dix joueurs ou joueuses, dix histoires. Retour sur la saison écoulée.

Rafael Nadal eyes closed with his Roland-Garros 2019 trophy©Nicolas Gouhier/FFT

ÉPISODE 5/10. Dire qu’il a bien cru ne pas jouer Roland-Garros. Au plus bas moralement, blessé au genou, Rafael Nadal n’y croyait pas à quelques semaines de disputer “son“ tournoi. Et pourtant, le Majorquin y a été sacré une douzième fois…

Douze. C’est un nombre sublime. La preuve que le plus-que-parfait n’est pas uniquement une vue de l’esprit. En tennis, il existe bel et bien et à Roland-Garros, son incarnation de chair et de sueur a même un nom : Rafael Nadal.

Ce 9 juin 2019, le Majorquin est en effet entré un peu plus encore dans l’histoire du jeu, en s’offrant un douzième sacre sur la terre battue du court Philippe-Chatrier. Un de plus, certes, mais pas un parmi tant d’autres.

Car ce titre, obtenu après une victoire en quatre sets sur un Dominic Thiem auteur d’une entame explosive mais encore trop tendre sur la longueur face à l’ogre de l’ocre, est arrivé dans un contexte particulier.

Imprégné du goût âpre des doutes et, oui, osons le formuler ainsi, de la peur de l’échec.

Rafael Nadal and Dominic Thiem holding after match point at 2019 Roland-Garros©Jean-Charles Castlot/FFT

Ne pas s'aligner à “Roland“?

Un mois avant Roland-Garros, Rafael Nadal était inquiet. À deux semaines du début de la quinzaine la plus importante de son année, il n’était guère davantage rassuré. La tournée sur terre battue n’avait pas été bonne, loin de là. Aucun titre ni à Monte-Carlo, ni à Barcelone, ni à Madrid. Même pas une finale à signaler.

Et s’il fallait s’arrêter là, tout simplement ? Envisager de ne pas s’aligner à “Roland“… Oui, “Rafa“ est allé jusque-là.

Mais le tournoi de Rome est arrivé. Et avec lui un titre. Le premier de l’année, qui plus est conquis sur l’un de ses plus dangereux rivaux, Novak Djokovic. Une bouffée d’air, enfin. Et le travail qui paie, après dix-huit mois compliqués en raison de problèmes physiques.

Cette blessure au genou, notamment, qui s’est réveillée au pire moment, pendant Indian Wells, et qui l’a accompagné sur toute la saison sur terre.

Rafael Nadal posing in the locker after the 2019 Roland-Garros final©Nicolas Gouhier/FFT

Introspection post-victoire


La délivrance est donc arrivée à Roland-Garros. Un signe du destin, forcément. “J’ai vécu une année très difficile, ponctuée de pas mal de pépins physiques, a-t-il reconnu à l’issue de la finale de Roland-Garros. Il y a un mois, je ne savais même pas que je serais ici. Pour moi, le simple fait d’avoir essayé, de m’être bien entraîné ces dernières semaines pour revenir à ce niveau, est ma plus grande satisfaction.“

Amené à se livrer comme rarement à une introspection post-victoire, le Majorquin a poursuivi : “Il était important pour moi d’être entouré des bonnes personnes, de mon équipe et de ma famille. Ça aide énormément. Franchement, à Monte-Carlo et à Barcelone, c’était dur mentalement parce que je ne prenais aucun plaisir. J’étais trop préoccupé par ma santé et, pour être honnête, j’étais trop négatif.“

Aussi étrange que cela peut paraître formulé de la sorte, vu le caractère extraordinaire au sens littéral de la performance, ce douzième sacre n’a pas été tant un couronnement qu’une renaissance pour Rafael Nadal.

Rafael Nadal not believing he just won the 2019 US Open©Corinne Dubreuil/FFT

Jouer pour être heureux


Derrière, il a réussi un très beau Wimbledon, barré seulement en demi-finale et sur le fil par un Roger Federer des grands jours. Puis il a remporté le Masters 1000 de Montréal, avant de s’imposer à l’US Open, raflant au passage son 19e titre du Grand Chelem, à une unité du Maître suisse.

Enfin, pour boucler cette année déjà riche, il a sécurisé sa place de n°1 mondial de fin de saison et emmené l’équipe d’Espagne vers un sixième sacre en Coupe Davis.

Son mot d’ordre, encore et toujours, à 33 ans révolus ? “Je joue au tennis parce que j’aime ça. Je joue pour être heureux.“ Finalement, le secret est simple.