Rétro 2019 (II) : et les larmes d'Andy Murray ont coulé

 - Myrtille Rambion

ÉPISODE 2/10. Dix jours, dix joueurs ou joueuses, dix histoires. Retour sur la saison écoulée.

Andy Murray waving goodbye to the fans at the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

DEUXIÈME ÉPISODE. Une boucle qui se boucle pour Andy Murray. Ou comment l’Ecossais est passé tout près d’une fin de carrière en janvier, pour revenir plus fort fin 2019.

En anglais, une expression résume très bien la scène qui est en train de se jouer à Melbourne en cette soirée du lundi 14 janvier 2019. “I’m not crying, you’re crying.“ En gros, tout le monde essaie -sans succès- de ne pas pleurer : Andy Murray, les 14 000 spectateurs de la Rod Laver Arena, le speaker sur le court et même les pairs de l’Ecossais devant leur écran.




Moment fort autant qu'étrange


Le triple champion en Grand Chelem vient tout juste de s’incliner contre Roberto Bautista-Agut, au terme d’un fantastique cinq sets, au premier tour de l’Open d’Australie.

Et, les yeux rougis, il lance un “peut-être qu’on se reverra. En tout cas, j’essaierai tout ce qu’il est possible d’essayer pour que ce soit le cas“, avant de s’éclipser.

Le moment est aussi fort qu’étrange. L’Ecossais a-t-il disputé son ultime match à Melbourne ? Était-ce la dernière sortie de sa carrière ?

Les messages de tous les meilleurs joueurs du monde, hommes et femmes, en mode hommage -nouvelles larmes dans l’assistance- diffusés sur les écrans géants du stade allaient en ce sens. L’attitude d’Andy Murray pas tout à fait.

Andy Murray sitting on his bench after his last match at the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

“Pas certain de pouvoir aller jusque-là"


Quelques minutes plus tard en conférence de presse, l’ancien n°1 mondial a donc précisé sa pensée, lui qui, en amont du premier Grand Chelem de l’année avait laissé libre cours à ses sentiments et, déjà, ses larmes.

Lors de sa conférence d’avant tournoi, il avait en effet parlé de la douleur à la hanche devenue trop insupportable, en dépit d’une première intervention chirurgicale, qui allait très probablement le pousser à mettre fin à sa carrière.




Dès le prochain Wimbledon. Voire avant. “C’est là que j’aimerais arrêter de jouer, avait-il prévenu, mais je ne suis pas non plus certain que je serai capable d’aller jusque-là.“ Les émotions avaient alors parlé. Mais à l’issue de cette défaite, la raison les a rejointes. Pour expliquer aux journalistes présents qu’en fait, deux options se présentaient à lui.

La première : se maintenir jusqu’à Wimbledon, en vivant avec une douleur intolérable même dans les gestes du quotidien. Et tout donner pour un dernier baroud d’honneur sur le gazon anglais.

La deuxième : miser sur une seconde opération, celle de la dernière chance, pour enfin repousser la douleur. Et espérer rejouer un jour. Sans aucune certitude.

Andy Murray hitting a backhand during the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

Andy Murray a choisi sa voie


“Il existe une chance
, a-t-il expliqué, il y a des précédents. Bob Bryan est en train de le faire en ce moment. D’autres sportifs ont choisi de tenter ça. Mais comme je vous le disais, il n’y a aucune garantie. Je dois prendre une décision, en sachant qu’il existe une possibilité que je n’aie plus jamais ‘encore un match’ à cause de l’opération.“

Cette décision, il l’a prise. Et elle a changé sa vie. Opéré deux semaines après son au-revoir australien, Andy Murray a choisi sa voie. Une voie ardue, parfois escarpée, mais prometteuse. Car parsemée de dur labeur, à l’image de l’exigence que l’Ecossais a toujours mise dans son physique et son tennis.

Revenu en double à Wimbledon, chez les messieurs aux côtés de Pierre-Hugues Herbert et en mixte associé à Serena Williams, pendant l’été, Andy Murray a renoué avec le simple. À Cincinnati puis Winston-Salem, il a d’abord peiné.

Et alors que ses camarades du Big Four et les Héritiers en décousaient à l’US Open, lui est parti sur un Challenger, à Majorque. Avant de se lancer sur la tournée asiatique. Pour en revenir plus fort.

Andy Murray playing doubles with Serena Williams during Wimbledon 2019©Corinne Dubreuil/FFT

Tout commence, rien ne finit


La preuve ? Un peu moins de neuf mois après son opération, Andy Murray a battu Stan Wawrinka en finale du tournoi d’Anvers. Et les larmes ont une nouvelle fois coulé.

“C’est parce que ces dernières années ont été difficiles pour moi, a alors commenté l’Ecossais. J’aime le tennis et cette victoire est inattendue donc, oui, il y a beaucoup de raisons pour que je sois émotif aujourd’hui.“ 




Après avoir terminé sa saison 2019 avec un match en Coupe Davis (et cinq kilos en trop, de son propre aveu), Andy Murray a déjà les yeux tournés vers Melbourne.

Andy est physiquement capable de remporter un autre tournoi du Grand Chelem, a prévenu son préparateur physique Matt Little. Il n’y a aucune limite à ce qu’il peut accomplir.“ Dès l’Open d’Australie ? “Je pense que oui. Il n’y a aucune raison qu’il ne puisse pas y parvenir s’il se sent bien et qu’il est en forme pour le tournoi.“

Melbourne. Là où tout a commencé. Et pas encore fini.