Nadal, chapitre XII

 - Rémi Bourrieres

Douzième sacre à Roland-Garros pour Nadal, qui a étouffé Thiem.

Plus fort que jamais, Rafael Nadal a étouffé sur la durée un valeureux Dominic Thiem qui a superbement résisté avant de plier en quatre sets (6/3, 5/7, 6/1, 6/1 en 3h01). L'Espagnol étend ainsi son règne à un douzième sacre parisien. Il est plus que jamais sans égal dans l'histoire.

Et d'un coup, Dominic Thiem a cédé. Subitement. Il venait pourtant d'égaliser à une manche partout, ce qui était un exploit en soi, en tout cas un pas en avant par rapport à sa finale de l'an passé, où il avait cédé en trois sets face au même diable d'homme.

Mais que ne fallait-il pas faire pour gagner un point face à ce Rafael Nadal peut-être plus fort que jamais, dans presque tous les compartiments du jeu, et sûrement plus encore en revers, à la volée, au service... Ça fait beaucoup !



Ça faisait beaucoup, oui, pour l'Autrichien, qui, avant de céder, ivre de coups et probablement de fatigue, dans les deux derniers sets, aura pourtant longtemps fait jeu égal dans cette finale. Notamment pendant trois premiers quarts d'heure à couper le souffle. Mais à chaque fois qu'il semblait en mesure d'entrouvrir la porte du coffre-fort, Rafa la lui a refermée sur les doigts. Avec fermeté. Personne n'est pour le moment autorisé à toucher à son trésor.

Ce fut d'abord le cas au premier set, quand l'Autrichien réussit le premier break de cette finale grâce à deux coups gagnants d'une violence assourdissante. Frisson dans le stade...



Peut-être, à ce moment-là, Thiem ne pouvait-il pas mieux jouer. Il donnait tout. Mais rien à faire. L'Espagnol restait collé à ses basques. Il recolla aussitôt et, non sans sauver une nouvelle balle de break à 3-3, inscrivit les quatre derniers jeux du set.

Une réaction due notamment, encore une fois, à son formidable sens tactique et à sa non moins admirable "main", qu'il venait faire briller régulièrement à la volée pour briser la filière de Thiem et l'empêcher de développer sa puissance en fond de court.

Un "mini hold-up" mérité

On en connaît plus d'un qui, à la place de Thiem, aurait plié les voiles devant la force de l'ouragan. Mais, porté par sa foi inébranlable et la qualité croissante de son service, le numéro quatre mondial continua de faire de la résistance dans le deuxième set.

Il réussit à remporter celui-ci en breakant au meilleur des moments, à 6-5, alors qu'il n'avait jusqu'à présent inscrit qu'un seul point sur le service adverse dans ce set. Un "mini hold-up" que nous qualifierons d'amplement mérité, vu son niveau de jeu.



Mais un hold-up qui eut aussi pour conséquence d'énerver quelque peu le maître des lieux. Loin de se laisser déstabiliser par son premier set perdu en finale de Roland-Garros depuis 2014 (Novak Djokovic), l'Espagnol repartait plein pot au troisième set, qu'il survolait littéralement en remportant 16 des 17 premiers points.

Face à un adversaire valeureux mais groggy, probablement, par sa demi-finale dantesque face à Novak Djokovic, le Majorquin se percha très haut sur son astre solaire, à l'image de cette invraisemblable volée rétro de revers au cœur du troisième set.



À partir de là, plus rien ne pouvait empêcher l'Espagnol de voler vers son douzième sacre parisien, son 18e en Grand Chelem, à deux unités désormais de Roger Federer.



Avec 12 titres dans un même tournoi, Nadal réussit ainsi un exploit jamais vu dans l'histoire du Grand Chelem puisque seule Margaret Court, avec ses onze titres australiens, soutenait encore la comparaison, si l'on peut dire.

Évoquons aussi, pour la forme, car c'est difficilement comparable, le souvenir de Martina Navratilova, qui restait jusqu'à présent la seule à avoir remporté à douze reprises un même tournoi professionnel (celui de Chicago) dans l'ère Open.

Mais, chacun en a bien conscience, tout ceci reste très loin de l'ahurissant exploit signé par Rafael Nadal, 33 ans. Plus que jamais seul sur cette terre...