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Rétro WTA 2025 : le sens du partage

Quatre championnes différentes en Grand Chelem, un trône en sécurité, une jeunesse triomphante et des sacres aussi mérités qu’inattendus : retour sur la magnifique saison WTA 2025.

Aryna Sabalenka / Photocall trophée US Open 2025
 - Romain Vinot

De l’Open d’Australie aux Finales WTA de Riyad, fans et observateurs ont de nouveau vibré pendant onze mois au rythme des remarquables performances des meilleures joueuses du circuit. Avant de se projeter vers une nouvelle page qui se profile à grands pas, il est l’heure de regarder dans le rétroviseur et de dresser le bilan d’un exercice aussi enthousiasmant que prometteur pour l’avenir de la discipline.

Sabalenka, reine omniprésente

"Le point positif, c’est que je suis toujours au rendez-vous. Le point négatif, c’est que j’ai perdu la plupart des grandes finales auxquelles j’ai participé cette année." Non sans esquisser un sourire malicieux, Aryna Sabalenka a résumé son cru 2025 par cette petite phrase prononcée quelques minutes après sa défaite face à Elena Rybakina aux Finales WTA. Au sortir d’une saison exceptionnelle de régularité et d’accomplissements en tout genre, la patronne incontestée du circuit – fraîchement et logiquement élue "joueuse de l’année" pour la deuxième année consécutive par la WTA – a donc laissé transparaître une pointe de frustration, avant de davantage s’épancher sur sa fierté et sa volonté de repousser ses limites dès le mois de janvier.

Tout comme en 2024, la joueuse de 27 ans a terminé sa campagne au sommet de la hiérarchie, grâce notamment à 63 victoires pour seulement 12 défaites, soit le meilleur bilan chiffré de sa carrière. Ses succès l’ont propulsé à huit reprises sur la dernière marche d’un tournoi, soulevant la bagatelle de quatre titres : à Brisbane, Miami, Madrid et bien sûr, à l’US Open. Perfectionniste, ultra-travailleuse et portée par une rage de vaincre sans égale, elle aurait souhaité faire mieux lors de ses finales à l’Open d’Australie, Roland-Garros ou encore Riyad. Également présente dans le dernier carré à Wimbledon, elle ne s’est jamais découragée dans sa quête d’un quatrième Majeur, qu’elle a donc brillamment décroché sur le court Arthur-Ashe de Flushing Meadows.

Pour n’importe quelle joueuse, ce dernier sacre serait une magnifique cerise sur un gâteau exquis. Mais pour celle qui profite pleinement de sa vie aussi bien sur le court qu’en dehors, il ne s’agit que d’une récompense de plus qui prouve qu’elle peut encore faire mieux. Avec cet état d’esprit, cette constance et cette recherche permanente de l’invincibilité et de la perfection, son règne pourrait encore durer de longues années.

Keys, Gauff, Anisimova, les étoiles de la bannière

Durant l’année, nombreuses ont été les joueuses à vouloir contester la suprématie de la reine "Saba". Peu ont réussi mais parmi toutes ces prétendantes, les Américaines ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu. Il y a d’abord eu Madison Keys, dès le mois de janvier à Melbourne, au cœur de ce qu’on pourrait décemment appeler le jardin de la n°1. A 29 ans, celle qui songeait encore à sa finale perdue lors de l’édition 2017 de l’US Open (contre sa compatriote Sloane Stephens) est enfin devenue une championne en Majeur. "Depuis toute jeune, j’avais l’impression que si je ne gagnais pas un Grand Chelem, je ne serais pas au niveau auquel les gens m’attendaient. C’était un sacré poids sur mes épaules" a notamment confié la native de Rock Island à l’issue d’un parcours dantesque, au cours duquel elle a notamment éliminé Danielle Collins, Elena Rybakina, Elina Svitolina, Iga Swiatek et donc, Aryna Sabalenka.

Quelques mois plus tard, Coco Gauff a – à son tour – enfilé le costume de superstar pour décrocher un deuxième Grand Chelem, son premier à Roland-Garros. Comme à l’US Open 2023, elle est parvenue à renverser la boss, qui disputait sa première finale Porte d’Auteuil. Impressionnante physiquement et mentalement, la joueuse de 21 ans a effacé des tablettes ses précédentes éliminations (dont sa déchirante défaite en 2022) pour enfin laisser exploser sa joie sur la terre battue parisienne. En proie aux doutes à la suite de son élimination précoce dès son entrée en lice à Wimbledon, la championne n’a pas hésité à faire appel à un spécialiste en biomécanique pour régler ses problèmes de mise en jeu, qui lui ont gâché l’intégralité de son été. Motivée et particulièrement résiliente, elle s’est imposée au WTA 1000 de Wuhan tout en promettant d’être plus régulière, et ce dès le prochain Open d’Australie.

Enfin, en termes de résilience et de retour au sommet, comment ne pas citer Amanda Anisimova parmi les protagonistes marquantes de cet exercice 2025 ? Six ans après ses premiers exploits en Grand Chelem et dix-huit mois seulement depuis la fin d’une pause salvatrice pour se reconstruire mentalement, l’Américaine a rallié la finale de Wimbledon, après avoir déjà glané le plus beau titre de sa carrière au WTA 1000 de Doha en février. "C’est vraiment spécial pour moi de pouvoir prouver que l’on peut revenir au sommet tout en prenant soin de soi" avait d’ailleurs déclaré la principale intéressée à la veille du match le plus important de sa vie au All England Club. Une rencontre manquée dans les grandes largeurs et qui aurait pu écrouler un château de cartes en pleine reconstruction.

Que nenni, Amanda est repartie au combat pour disputer une nouvelle finale majeure à New York, glaner un autre grand titre à Pékin, faire sensation lors de sa première participation au Masters de Riyad et atteindre le 4e rang mondial. Un étincelant CV qui lui a logiquement valu d’être élue "joueuse ayant le plus progressé" par l’instance dirigeante du circuit. Les fondations sont solides et à seulement 24 ans, elle a l’avenir devant elle.

Le All Iga Club

Quadruple championne de Roland-Garros, Iga Swiatek n’avait plus connu le bonheur de soulever un trophée depuis l’édition 2024 du tournoi parisien. Privée de lauriers pendant plus d’un an, l’ancienne reine du circuit est même redescendue à la 8e place mondiale, quelques jours seulement après avoir cédé sa couronne parisienne à la suite de sa défaite en demi-finales face à Aryna Sabalenka. Une période sombre aux allures de traversée du désert qui semblait appelée à se poursuivre, au vu de sa faible réussite sur herbe depuis ses premiers pas dans le monde professionnel. Mais on ne le sait que trop bien, la Polonaise est une battante capable de pousser le perfectionnisme à son paroxysme, qu’importe si ses résultats sont en deçà de ses attentes durant de longs mois.

Un temps inaudible, ce discours a finalement eu un écho considérable là où on l’attendait le moins. Dans le plus beau des jardins, la joueuse désormais coachée par Wim Fissette a ébloui la galerie par son explosivité, son agressivité et sa réussite. Intouchable tout au long de son parcours jusqu’à la dernière marche, elle s’est montrée définitivement intraitable face à Amanda Anisimova, distribuant deux bagels – sa spécialité –, une première en finale de Wimbledon depuis 1911. "Ce titre, je n’en rêvais même pas tellement il me semblait inatteignable" a alors déclaré celle qui ne fait décidément jamais les choses à moitié. Un sixième sacre en Majeur aux airs de renouveau, confirmé quelques semaines plus tard par une autre grande première, cette fois sur les courts en dur de Cincinnati. Également sacrée au WTA 500 de Séoul, Iga a pleinement repris goût aux cérémonies de remise de trophées. On ne se sèvre jamais vraiment de cette douce addiction…

Jeunesse triomphante

Non, les joueuses précédemment évoquées ne sont pas au crépuscule de leur carrière, loin de là. Mais il se trouve que plusieurs représentantes d’une toute nouvelle génération ont fait une percée remarquable au palmarès des accomplissements de cette saison 2025. La première d’entre elles est sans doute Mirra Andreeva, devenu la plus jeune championne de l’histoire de la catégorie 1000 à Doha (à 17 ans et 299 jours) avant de doubler la mise deux semaines plus tard du côté d’Indian Wells, le tout en battant sur sa route des superstars comme Elena Rybakina, Iga Swiatek ou encore Aryna Sabalenka. Si elle n’a pas eu la réussite espérée lors des levées du Grand Chelem qui ont suivi, la désormais membre émérite du Top 10 a de nombreuses années pour assumer ses très grandes ambitions.

Au contraire de la protégée de Conchita Martinez, Victoria Mboko naviguait davantage sous les radars lorsqu’elle a pris part à ses premiers tournois cette année. Eliminée au troisième tour de Roland-Garros après s'être brillamment extirpée des qualifications, c’est bel et bien chez elle que la Canadienne a pris toute la lumière. Détentrice d’une wild-card, elle a éliminé quatre championnes en Majeur sur son chemin – Sofia Kenin, Coco Gauff, Elena Rybakina et son idole, Naomi Osaka – pour remporter le WTA 1000 de Montréal (rien que ça) ! "C’est une expérience irréelle. Je n’aurais jamais pensé que ça pouvait m’arriver si vite et j’en suis très heureuse. Ça prouve que parfois, vos rêves sont plus proches de se réaliser qu’ils en ont l’air" a-t-elle confié à l’issue de sa plus belle victoire. Des rêves, l’ex-333e mondiale devenue Top 20 peut en nourrir de nombreux dans un futur proche, qui s’annonce radieux.

N'oublions pas évidemment de mentionner Alexandra Eala, première représentante des Philippines à atteindre les demi-finales d’un WTA 1000 (à Miami) grâce notamment à des victoires face à Jelena Ostapenko, Madison Keys et Iga Swiatek. Désormais 53e mondiale, la membre de la Rafa Nadal Academy a plus récemment remporté la médaille d’or aux Jeux d’Asie du Sud-Est, faisant la fierté de sa famille et de son pays.

De la maternité au sommet

Pour terminer ce récap’, précisons que la jeunesse dorée du tennis féminin n’a pas eu le monopole des belles histoires. Ainsi, plusieurs mamans très connues du circuit ont réalisé des come-backs ou des performances de premier ordre durant l’année écoulée. Dix mois seulement après avoir donné naissance à sa fille Bella, Belinda Bencic a ainsi remporté le WTA 500 d’Abu Dhabi avant de rallier les demi-finales d’un Majeur (à Wimbledon) pour la deuxième fois de sa carrière. Médaillée d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, la Suissesse a repris son histoire d’amour avec la capitale nippone en soulevant un nouveau trophée au terme d’une semaine marathon.

Le dernier carré d’un Grand Chelem, Naomi Osaka l’a retrouvé durant l’US Open, quatre ans après son dernier titre dans cette catégorie et quelques semaines seulement après avoir atteint la finale du WTA 1000 de Montréal. De son côté, c’est sous le regard de ses deux filles que Tatjana Maria a été couverte de lauriers pour la première édition d’un tournoi féminin au Queen’s depuis 1973. Adyn a quant à lui pu observer sa mère Taylor Townsend – reine du double en compagnie de Katerina Siniakova – atteindre les huitièmes de finale à Flushing Meadows.

De l’émotion, des confirmations (citons également le titre à Rome de Jasmine Paolini ou encore l’incroyable sprint final d’Elena Rybakina), un renouvellement d’effectifs à tous les étages, des batailles épiques, une concurrence saine et des exploits en veux-tu, en voilà : cette saison 2025 a marqué les esprits de la plus belle des manières. Et dire que dans deux semaines, les compteurs seront métaphoriquement remis à zéro. On prend les mêmes et on recommence ?