Invitée surprise de cette grande finale, Madison Keys s’est imposée face à Aryna Sabalenka (6/3, 2/6, 7/5) et remporte la coupe Daphne Akhurst.
AO 2025 – Finale dames : Madison Keys, la patience récompensée
Huit ans après sa première finale disputée en Grand Chelem, l’Américaine a soulevé son premier trophée en Majeur à Melbourne.
Un rêve éveillé
Les larmes aux yeux et parée d’un rire incontrôlable sur son banc juste après la balle de match, Madison Keys a eu besoin de quelques minutes pour réaliser ce qu’elle venait tout juste d’accomplir. Comprendre la grandeur de sa performance ce samedi, mais aussi lors de tous les tours précédents pour arriver jusqu’ici. La dernière marche d’un tournoi du Grand Chelem sur laquelle elle n’était encore jamais montée et qu’elle n’avait pas réussi à atteindre en 2017, à l’US Open. À ce moment-là, l’obstacle était encore bien trop élevé pour être franchi. Depuis, l’Américaine a eu le temps de ruminer sa défaite. "J’y ai pensé constamment pendant huit ans," a-t-elle même confessé il y a quelques jours encore. Le temps nécessaire pour s’assurer d’avoir les ressources indispensables afin d’atteindre de nouveau la finale d’un tournoi du Grand Chelem.
Cette fois-ci, elle n’a pas manqué son rendez-vous en s’imposant face aux n°1 et n°2 mondiales consécutivement – une performance qui n’avait plus été réalisée en Majeur depuis Svetlana Kuznetsova à Roland-Garros en 2009. "Je suis principalement fière de moi, d’être parvenue à revenir à ce stade de la compétition, d’avoir joué comme je l’ai fait et de finir sur une si haute note," a annoncé la nouvelle championne en conférence de presse. Dix ans après avoir marqué l’Open d’Australie en devenant demi-finaliste à 19 ans seulement, elle vient de soulever le plus grand trophée de sa carrière. "C’est ici que j’ai atteint ma première demi-finale en Grand Chelem, alors gagner le premier au même endroit, ça représente tout pour moi."
Tout au long de cet Open d’Australie et de cette finale, Madison Keys a prouvé qu’elle avait la force des plus grandes et le talent des meilleures. Après avoir largement dominé la première manche ce samedi, elle ne s’est pas laissée surprendre par la réaction de sa rivale. Plus fatiguée peut-être et moins réactive sur certains retours, elle n’a pour autant jamais baissé ni les bras, ni sa volonté d’y parvenir, dans un dernier set très serré – où aucune des deux joueuses n’a d’ailleurs laissé échapper son service, avant le douzième et dernier jeu. Une Aryna Sabalenka trop imprécise a offert deux balles de match à l’Américaine, alors que la championne en titre servait pour emmener cette belle finale dans un super tie-break.
À presque 30 ans, Madison Keys est devenue la deuxième joueuse la plus âgée à soulever ce trophée à Melbourne pour la première fois, après Li Na en 2014. Après 46 apparitions en Grand Chelem, elle remporte son premier titre. Les deux seules joueuses à avoir attendu plus longtemps encore sont Flavia Pennetta, avec 49 et Marion Bartoli, avec 47. La voici sur une nouvelle liste prestigieuse. "Depuis toute jeune, j’avais l’impression que si je ne gagnais pas un Grand Chelem, je ne serais pas au niveau auquel les gens m’attendaient. C’était un sacré poids sur mes épaules. Depuis que je suis juste fière de moi, de ma carrière, avec ou sans titre en Majeur, j’ai l’impression d’avoir davantage de liberté et la capacité d’y parvenir." Un rêve finalement devenu réalité, quand elle ne l'attendait plus.
La reine déchue
La pression était peut-être trop forte. Ou les attentes trop élevées. Aryna Sabalenka, reine incontestée et incontestable du circuit n’est pas parvenue à écrire un peu plus l’histoire de son sport ce samedi. Elle qui n’était qu’à une victoire d’inscrire son nom au palmarès de cinq joueuses seulement à avoir soulevé la coupe Daphne Akhurst trois fois consécutivement – Margaret Court (1969-71), Evonne Goolagong (1974-76), Steffi Graf (1988-90), Monica Seles (1991-93) et Martina Hingis (1997-99) – a vu sa série de victoires à l’Open d’Australie s’arrêter. Le compteur de son invincibilité à Melbourne Park, qui s’étendait à vingt victoires de suite, est également remis à zéro. "Au moment où je suis entrée sur le court, j’ai essayé de rester concentrée sur le jeu et sur ce que je devais faire pour gagner ce match, a-t-elle admis en conférence de presse. Ce n’est pas forcément la pression des records qui m’a fait déjouer, c’est une finale de Grand Chelem, il y a toujours de la pression, on joue avec, on vit avec."
Alors si ce n’est pas (seulement) la tension, c’est certainement l’intensité mise par Madison Keys dans les échanges dès le premier set. Dès le premier jeu, même. Ce n’est qu’à partir de son quatrième service que la partie a pu se jouer : une première double faute qui n’a été que le commencement d’un manque de précision pour la double tenante du titre. 43% de points gagnés derrière ses premières seulement lors de la manche inaugurale, 13 fautes directes pour seulement 4 coups gagnants : un manque cruel d’adresse et d’exactitude. "Ce n’était pas mon jour. Elle a vraiment joué de manière très agressive, on aurait dit que tout allait dans son sens. J’ai juste tenté de retourner la balle autant que possible, mais je n’ai pas pu jouer mon tennis habituel, agressif, et je n’ai pas réussi à servir comme je l’aurais voulu," a ensuite analysé la double championne sortante.
Ce n’est évidemment pas dans cette première manche, trop inexacte, que s’est joué le match. Ce n’est pas parce qu’elle était menée 5-1 avec une balle de premier set à sauver que la double tenante du titre a perdu cette rencontre. Pas seulement en tout cas. Avec ce départ un peu trop lent et cette imprécision un peu trop persistante, Aryna Sabalenka a doucement laissé échapper un troisième titre. Mais Melbourne reste le jardin dont elle est la reine. "Je suis bien placée pour savoir qu’après de grosses défaites, il y a de belles victoires. Je vais continuer de travailler pour m’assurer que la prochaine fois, si je suis dans la même situation, je joue mieux. Quand on atteint le niveau pour jouer des finales, c’est le trophée qui nous intéresse. Mais je dois quand même être fière de moi, fière d’avoir été en finale trois fois de suite, c’est déjà fou ! J’espère pouvoir revenir encore meilleure l’année prochaine et soulever la coupe Daphne une fois de plus." Mais elle n’attendra certainement pas l’Open d’Australie 2026 pour partir en quête de nouveaux accomplissements, de nouveaux records et de nouveaux trophées.