Rétro 2019 (X) : quand Medvedev est devenu (presque) imbattable

 - Romain Vinot

EPISODE 10/10. Dix jours, dix joueurs ou joueuses, dix histoires. Retour sur la saison écoulée.

Par ses résultats et son attitude, Daniil Medvedev a obtenu le statut de troisième homme du tennis mondial en quelques semaines seulement. Retour sur une fin d’été fabuleuse.

« L’été qu’a réussi Daniil est l’un des meilleurs que j’ai vu depuis que j’ai commencé à jouer. La manière dont il s’est battu était incroyable ». Encore ému et soulagé d’avoir remporté son 19ème Grand Chelem au bout d’une finale irrespirable et qui restera longtemps dans les mémoires, Rafael Nadal n’a pu que complimenter et louer les qualités de son adversaire, Daniil Medvedev. Ce soir-là, le Russe de 23 ans est passé à quelques points seulement d’un exploit grandiose. Mené deux sets à rien et breaké dans la troisième manche, le protégé de Gilles Cervera a relevé la tête malgré la fatigue accumulée lors de cette quinzaine pour finalement parvenir à pousser le futur numéro un mondial dans ses derniers retranchements. Des ressources inépuisables, des points sublimes et un mental d’acier : voilà comment parfaitement résumer son été doré.

Seul Rafa lui a résisté

Si cet US Open peut faire office d’apothéose de sa saison, il ne marque ni le début, ni la fin de son état de grâce. La prise de hauteur a réellement démarré lors des premiers jours du mois d’août, à Washington. Avant cela, son année avait surtout été marquée par un titre à Sofia en février, une finale à Barcelone en avril mais des performances en Grand Chelem en deçà des attentes placées en lui fin 2018. Dans la capitale américaine, le Russe frappe fort, se déplace très vite et prend facilement le meilleur sur ses adversaires (aucun set concédé) jusqu’à sa défaite en finale face à un Nick Kyrgios dans un bon jour. Scénario identique la semaine suivante au Masters 1000 de Montréal contre des adversaires encore plus prestigieux (victoires en deux sets contre Thiem et Khachanov notamment). A ce moment-là déjà, un seul joueur parvient à l’arrêter : Rafael Nadal.

Un public finalement conquis

Les observateurs commencent alors à se demander jusqu’où peut aller le natif de Moscou. A ceux qui ont un doute et qui préfèrent la technique ou encore la beauté des gestes des autres Héritiers comme Zverev, Tsitsipas ou encore Shapovalov, Medvedev leur répond à coups de frappes justes, de pragmatisme et d’attitude de compétiteur. Un cocktail qui lui permet de remporter le Masters 1000 de Cincinnati en battant notamment Novak Djokovic en demi-finale. Avec ces différents résultats, pas étonnant qu’il ait été pris au sérieux au moment d’entamer l’US Open. Un Majeur dans lequel il a douté, perdu plusieurs sets ainsi que ses nerfs et provoqué le public, qu’il a considéré comme un adversaire tout au long de la quinzaine. Finalement, son parcours et sa finale ont suscité tellement de respect et d’admiration qu’il est parvenu à « retourner » les fans, pas avares d’encouragements pendant le match face à Rafa et d’applaudissements pendant son discours.



Faire durer le plaisir

Plus impressionnant encore, cette défaite au bout du suspense n’a absolument pas miné Medvedev. Moralement et physiquement, il a une nouvelle fois prouvé sa solidité en remportant le tournoi de Saint-Pétersbourg puis le Masters 1000 de Shanghai dans la foulée de son été américain. « Ces derniers mois, tu es probablement le meilleur joueur du monde. La façon dont tu joues est incroyable. Six finales de suite… moi je pense que tu peux même en jouer 9 ou 10 d’affilée » a confié Alexander Zverev après sa défaite à Shanghai. Si l’Allemand a eu les yeux plus gros que le ventre pour son adversaire - dont la série de victoires a été stoppée à Bercy par Jérémy Chardy – son constat est implacable : pendant trois mois, Daniil Medvedev a été (presque) imbattable.



Si Bercy et le Masters de Londres ont mis brutalement fin à cette période de rêve, tous les espoirs sont évidemment permis à l’avenir pour Daniil Medvedev. Il aura certes de nombreux points à défendre lors de la tournée américaine mais il pourra également en glaner d’autres avant, et notamment durant les tournois du Grand Chelem. Au vu de son récent succès à la Diriyah Tennis Cup (tournoi d’exhibition), sa motivation semble intacte. De quoi bousculer encore davantage la hiérarchie en 2020 ? Réponse dès l’Open d’Australie en janvier.

Bonus : en 2019, des statistiques qui donnent le tournis...