AO 2022 : le come-back d’Anisimova

 - Romain Vinot

Invaincue en sept rencontres cette saison, Amanda Anisimova affronte Naomi Osaka au troisième tour de l’Open d’Australie.

Amanda Anisimova / Open d'Australie 2022©Corinne Dubreuil / FFT

Demi-finaliste et révélation de l’édition 2019 de Roland-Garros, Amanda Anisimova est de retour sur le devant de la scène après avoir traversé une période extrêmement difficile. La souriante Américaine de 20 ans a désormais rendez-vous avec la tenante du titre Naomi Osaka pour donner une plus grande ampleur à un come-back déjà réussi.

Une longue traversée du désert

Souvenez-vous. Au printemps 2019, une Américaine avait fait souffler un vent de jeunesse dans les travées de Roland-Garros. A seulement 17 ans, Amanda Anisimova était parvenue jusqu’en demi-finales du Grand Chelem parisien (la plus jeune depuis 12 ans) déjouant tous les pronostics en prenant notamment le meilleur sur la tenante du titre Simona Halep en quarts de finale. Seulement arrêtée par la future vainqueur Ashleigh Barty dans le dernier carré, son parcours et son jeu enthousiasmant lui promettaient un avenir radieux sur le circuit mondial.

Malheureusement, ses velléités de victoire et sa progression constante ont été brutalement stoppées par le décès de son père et entraîneur Konstantin Anisimov peu avant l’US Open auquel elle n’a évidemment pas participé. De retour sur les courts en 2020, elle a rallié le troisième tour à Roland-Garros et à l’US Open sans toutefois retrouver pleinement ses sensations.

Privée d’Open d’Australie en 2021 après avoir contracté le Covid, elle a de nouveau été éloignée des terrains à cause d'une blessure à la cheville et a passé de nombreux mois sans parvenir à remporter deux matchs de suite en tournoi. Un manque de performance qui a fait retomber la native de Freehold au 78e rang mondial, bien loin de son meilleur classement (21e en octobre 2019).

Une préparation parfaite

Pour que la roue tourne enfin, Anisimova a mis toutes les chances de son côté en s’octroyant une pré-saison digne de ce nom. "C'est la première fois que je fais une pré-saison complète. Pendant trois mois je ne me suis pas blessée et l'entraînement s'est vraiment bien passé. Je pense que ça m’a apporté beaucoup de confiance pour bien démarrer mon année" a-t-elle expliqué en conférence de presse après sa victoire finale lors du tournoi WTA 250 de Melbourne début janvier, son deuxième titre après Bogota en 2019.

Un premier rendez-vous en 2022 durant lequel la joueuse de 20 ans a de nouveau impressionné par son jeu mais également par sa capacité à ne jamais rien lâcher. Vainqueur facile de Cirstea (6/4, 6/1) et en mode rouleau compresseur contre la tête de série n°3 Kasatkina (6/2, 6/0) elle a également su puiser dans ses ressources et se remobiliser face à Van Uytvanck et Begu pour atteindre la finale. Un dernier match face à Sasnovich qui illustre parfaitement son renouveau puisqu’elle a su inverser la tendance malgré un handicap de trois jeux dans la manche décisive après avoir déjà encaissé un cinglant 6/1 dans le deuxième set. "Cette semaine, j’ai profité de ces moments difficiles, j’ai cherché des solutions pour savoir comment gagner. Je pense que c’est ce qui m’a aidé parce que chaque match était compliqué. J’ai essayé de ne pas me précipiter et de profiter de chaque moment de jeu" a-t-elle poursuivi.

Une force nouvelle, insufflée notamment par Darren Cahill

Un jeu retrouvé qui coïncide donc avec un mental tout neuf, forgé par une bonne préparation et par les conseils de Darren Cahill. Aux côtés de Simona Halep pendant six ans, le coach australien a rejoint l’équipe de la pépite américaine il y a quelques semaines. "Honorée et reconnaissante" selon ses mots, Anisimova a expliqué ce qu’elle espérait de ce partenariat et ce qu’il lui apportait déjà. "Il me met dans un bon état d’esprit, il m’aide à rester calme et détendue. C’est une très bonne personne qui fait un excellent travail. Quand je suis dans ce genre d’environnement, je joue mon meilleur tennis. Il analyse très bien mon jeu et il sait sur quoi je dois travailler ou ce que je ne fais pas bien. Son objectif principal est de me rendre plus forte, plus sûre de moi" a-t-elle argumenté après sa victoire inaugurale face à Arianne Hartono dans cet Open d’Australie.

Un succès assez long à se dessiner mais qui prouve que la jeune femme va mieux et qu’elle ne se laisse plus déborder par des éléments extérieurs à son tennis. Elle a en effet confié ne pas avoir été totalement focus sur sa rencontre, à cause d’un problème personnel : "C’était très difficile de jouer. Je pense que certains oublient que les joueurs de tennis sont des êtres humains et qu’il est parfois impossible de jouer à notre meilleur niveau. Mais je suis très contente d’avoir gagné et de passer à autre chose. C’était dur mais j’ai été dans cette situation à de nombreuses reprises et je pense qu’à chaque fois je suis un peu meilleure. C’est une question d’expérience et de contrôle de ses nerfs. Quand ça vous arrive, il faut essayer de vous reconcentrer sur votre tennis et de prendre point après point. Mon jeu n’a pas été bon mais j’ai essayé d’être plus agressive pour m’en sortir".

Beaucoup plus convaincante et expéditive contre la championne olympique Belinda Bencic au deuxième tour, elle vient ainsi d’enchaîner sept victoires consécutives et reste invaincue en ce début d’année 2022. Le bon moment pour passer un très gros test.

Un come-back au révélateur Osaka

Désormais 60e mondiale, Amanda Anisimova n’a pas été épargnée par le hasard du tirage au sort. Placée dans la partie haute du tableau, il lui sera peut-être bien difficile de confirmer ses excellentes dispositions puisque sa prochaine adversaire n’est autre que la tenante du titre Naomi Osaka.

Un défi de taille qu’elle attend avec impatience. "Ce sera très excitant de jouer contre Naomi, ça fait un certain temps que j’en ai envie. Ce sera amusant de me mesurer à elle. Je vais en profiter et apprécier l’atmosphère. C’est une joueuse extraordinaire et j’ai hâte d’y être […] J’aime son jeu et j’aime la regarder jouer. Nos personnalités sont un peu similaires en termes de sang-froid et dans le fait d’essayer d’être les joueuses les plus calmes du circuit. Et je suis aussi une joueuse assez agressive donc je suis curieuse de voir comment nos jeux vont s’accorder. C’est une ancienne numéro un mondial, une joueuse titrée en Grand Chelem donc c’est évidemment enthousiasmant".

Un respect et une envie partagés par la Japonaise qui doit également être consciente du danger que représente ce troisième tour. "C’est vraiment bien de la voir ici, à ce niveau. J’ai entendu parler de son histoire et de ce qu’il lui est arrivé et c’est une très bonne chose qu’elle s’en sorte. C'est génial de voir que la jeune génération s'en sort bien, parce que je me souviens aussi avoir fait partie de cette jeune génération. Elle a l’air d’être une fille vraiment sympa

Si les enjeux ne sont évidemment pas les mêmes pour les deux joueuses, cette rencontre passionnante pourrait leur être très utile dans l'optique d'une éventuelle confrontation avec Ashleigh Barty en huitièmes de finale…