JO : Bencic sacrée, pas de médaille pour Djokovic

 - Romain Vinot

Au terme d'une finale indécise, Belinda Bencic est sacrée championne olympique. De son côté, Novak Djokovic repart de Tokyo sans médaille.

Belinda Bencic / Gold Medal at Tokyo 2020©Kopatsch/Sato/Sidorjak

Ce week-end de finale et petites finales olympiques a d'ores et déjà réservé de belles émotions et beaucoup de suspense ! Retour sur le titre de Bencic, la désillusion pour Novak Djokovic et les premières médailles de l'Ukraine et du Brésil en tennis.

Bencic au sommet

La seule finale olympique programmée aujourd'hui a tenu toutes ses promesses. Après avoir notamment éliminé les deux finalistes de Roland-Garros 2021 en huitièmes et en quarts de finale, Belinda Bencic se présentait aujourd'hui à l'Ariake Tennis Park avec l'étiquette de favorite face à Marketa Vondrousova. Un statut qu'elle a assumé après une rencontre à rallonge, dont l'issue a longtemps été très incertaine.

Fébriles sur leurs mises en jeu en début de rencontre, les deux joueuses ne sont pour autant pas parvenues à rapidement se détacher. Moins précise mais surtout moins agressive que son adversaire, la finaliste de RG19 a de nouveau été cueillie en toute fin de premier set par la Suissesse. Une première bataille perdue mais la Tchèque n'a pas baissé les armes, au contraire.

Probablement crispée par l'enjeu, elle est parvenue à se libérer dans la deuxième manche. Plus tranchante, elle a surtout eu la bonne idée de réaliser un double-break en seulement trois tentatives, empêchant ainsi Bencic d'initier un retour. Des breaks, il en a également été question dans le dernier set puisque la Tchèque en a réussi deux contre trois pour la tête de série n°9 ! Après un temps mort médical en sa faveur à 4/3 pour soigner une ampoule au pied, Bencic est en effet mieux repartie et s'est adjugée les deux jeux suivants malgré de nouvelles opportunités pour son adversaire.

A 24 ans, Belinda Bencic remporte donc le plus beau titre de sa carrière après un combat de 2h30 (7/5, 2/6, 6/3), devenant ainsi la première joueuse féminine suisse de l'histoire à ramener l'or au pays. Elle succède à Monica Puig, qui n'a pas manqué de la féliciter sur les réseaux sociaux. Un titre qui a évidemment fait le bonheur de la native de Flawil. "Si je mets fin à ma carrière maintenant sans gagner aucun autre match, je serais quand même heureuse ! Ce que j'ai fait aujourd'hui, personne ne peut me l'enlever. Je suis incroyablement reconnaissante envers toutes les personnes qui ont rendu cela possible. C'est incroyable d'avoir deux médailles. Je vais me battre avec Viki et profiter du moment présent, car ce sont des souvenirs qui restent gravés à jamais" a-t-elle évoqué émue en conférence de presse.

Avant sa rencontre, elle avait également reçu un soutien de taille : "Roger m'a écrit aujourd'hui. Il m'a dit que c'était le jour idéal pour réaliser mes rêves et il avait parfaitement raison !".

Après cette victoire, tous les espoirs sont permis pour la Suissesse, qui vise donc désormais le doublé. Pour cela, elle devra - en compagnie de Viktorija Golubic - prendre le meilleur sur la paire favorite Krejcikova/Siniakova. Le match Suisse - République Tchèque se poursuivra donc demain.

La sensation Carreno Busta

Avant d’assister au sacre de Belinda Bencic, cette nouvelle journée olympique avait débuté par la quête du bronze pour de nombreux athlètes. Premiers sur les courts, Novak Djokovic et Pablo Carreno Busta se sont livrés un très gros combat remporté par l’Espagnol (6/4, 6/7(6), 6/3) ! Exception faite de sa victoire sur disqualification en huitièmes de finale de l’US Open 2020, le natif de Gijón n’avait jamais battu le Serbe en compétition officielle et ce prestigieux succès lui offre une médaille !

Diminué physiquement et probablement touché mentalement après sa défaite en demie face à Alexander Zverev, le numéro un mondial s’est pourtant montré agressif d’entrée sans parvenir à convertir ses opportunités de break. Calme et concentré sur son jeu, l’Espagnol a fait le dos rond avant de prendre la mise en jeu de son adversaire et de s’envoler vers le gain de la première manche.

Le deuxième set de haute volée, qui n’a offert aucune opportunité de break aux deux hommes, s’est logiquement terminé au tie-break. Jusque-là impérial au service, notamment grâce à son slice court extérieur, PCB a été rattrapé par l’enjeu, ne parvenant pas à convertir une première balle de match. Le genre d’occasion qu’il ne faut pas manquer face à Novak Djokovic, qui a recollé, se retournant comme à son habitude avec vigueur vers son clan.

Un renversement de situation bien connu, se dit-on alors. Mais c’était sans compter sur la détermination et la régularité de l’Espagnol. Jamais breaké, malgré une nouvelle alerte en début de troisième set, il prend rapidement les devants face à un Djokovic de plus en plus nerveux, à l’image de sa raquette cassée contre le filet, celle lancée en tribune ou sa demande aux ramasseurs pour que les balles lui arrivent plus rapidement. Lancé vers la victoire, Pablo Carreno Busta a tout de même eu besoin de six balles de match au total pour s’imposer et connaître la plus grande joie de sa carrière.

"C'est encore plus incroyable que de gagner un tournoi. J'ai gagné la Coupe Davis et je suis allé loin dans d'autres tournois, mais gagner une médaille olympique est indescriptible. J'ai senti le soutien de l'Espagne, de ma famille et des gens qui m'entourent, et j'ai reçu des messages affectueux de ceux qui m'ont vu perdre hier. Je veux partager cette médaille avec eux" s’est réjoui celui qui a battu les deux premiers joueurs mondiaux durant ce tournoi.

Djokovic : "Je sais que je vais rebondir"

De son côté, Novak Djokovic repart sans médaille de Tokyo après avoir déclaré forfait (blessure à l’épaule) pour la petite finale du double mixte, offrant ainsi le bronze au duo Barty/Peers. "Mon seul regret est de ne pas avoir gagné de médaille pour mon pays. Ce sont des opportunités manquées en simple et en double mixte. Mon niveau de tennis a chuté, à cause également de l'épuisement physique et mental. Mais je ne regrette pas du tout d'être venu aux Jeux Olympiques. Je sais que je vais rebondir. Je vais essayer de continuer pour les Jeux Olympiques de Paris, je vais me battre pour gagner des médailles pour mon pays" a déclaré le Serbe face aux journalistes.

Svitolina renversante

Du suspense et des émotions, il y en a également eu lors de la petite finale du simple dames. Sèchement battue par Marketa Vondrousova dans le dernier carré, Elina Svitolina a renversé une situation très délicate pour s’offrir une première médaille olympique, en bronze, face à Elena Rybakina (1/6, 7/6(5), 6/4). C’est également la première médaille de l’histoire de l’Ukraine en tennis.

Habituée des matchs marathons dans ce tournoi olympique, la tête de série n°4 est complètement passée à côté de sa première manche, dominée par une Kazakhe plus précise et agressive. Egalement malmenée en début de second set, elle s’est enfin révoltée pour rattraper son break de retard et pousser son adversaire au jeu décisif. Un exercice remporté sans concéder de balle de match.

Loin d’être découragée, Rybakina est repartie au combat. Et elle nourrira probablement des regrets d’avoir à nouveau mené 3/0 puis 4/1 et de s’être faite rattraper. Mais avec 20 fautes directes dans ce dernier acte et 57 au total sur la rencontre, elle a finalement craqué, encaissant 5 jeux de suite pour s’incliner en trois manches et terminer au pied du podium.

Déçue de ne pas atteindre la grande finale, Elina Svitolina s’est donc consolée de la plus belle des manières. « Gagner une si grande bataille pour la médaille de bronze signifie vraiment beaucoup pour moi. Tout le monde en Ukraine regarde - nous ne gagnons pas beaucoup de médailles, vous savez - donc c'est sûr, c'est très spécial pour moi et pour l'Ukraine » a-t-elle confié.

Une médaille surprise pour le Brésil !

Après le bronze pour la paire néo-zélandaise chez les messieurs, une autre belle histoire s’est écrite à Tokyo pour Laura Pigossi et Luisa Stefani. Surprenantes depuis le début du tournoi, les deux joueuses ont remporté la petite finale face à l’expérimenté duo russe Elina Vesnina et Veronika Kudermetova (4/6, 6/4, 11/9). Un succès long à se dessiner puisque les deux Brésiliennes ont laissé filer la première manche avant de recoller et de se donner le droit de disputer un super tie-break. De quoi faire basculer la rencontre dans la folie puisque menée 9-5, la paire a sauvé quatre balles de match avant de réussir à conclure sur sa première tentative !

Une première médaille olympique dans l’histoire du tennis brésilien, pour le plus grand bonheur de Laura Pigossi : "C'est un rêve. J'ai toujours voulu cette médaille, j'ai toujours voulu ça... Je suis aux anges et sans voix. Tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai sacrifié pour en arriver là, j'ai toujours pensé que ça en valait la peine, mais maintenant j'ai une médaille pour le prouver. Et nous savons que tout le monde au Brésil était derrière nous".