Miami, une mise au poing et une surprise

 - Guillaume Baraise

A Miami, Ashleigh Barty a (re)mis tout le monde d'accord. Hubert Hurkacz a créé la sensation.

©Corinne Dubreuil/FFT

On peut être n°1 mondiale et être l'objet de critiques. Ce paradoxe est dû au gel du classement choisi par la WTA en ces temps prolongés de crise sanitaire. Cible de quelques contestataires, Ashleigh Barty reste insensible à cette "fronde".

L'Australienne a argumenté ce week-end qu'elle "n'avait pas à prouver qu'elle méritait ce classement" (malgré son absence volontaire des tournois en 2020). Mais sa meilleure réponse, elle l'a donnée sur le terrain, en s'imposant en patronne à Miami.

Certes, la finale a tourné court alors que l'on attendait beaucoup de son duel face à Bianca Andreescu. La jeune Canadienne a jeté l'éponge au milieu du deuxième set (6/3, 4-0) pour Barty et les fans de variation, de finesse et de tactique qui attendaient beaucoup de cet affrontement en ont été pour leurs frais.

En plus d'une blessure à la cheville droite contractée sur un mauvais appui, Andreescu avait aussi laissé beaucoup de forces dans ses victoires précédentes (4 victoires en trois sets).

Retour à "Roland" en favorite

Mais Barty peut brandir fièrement son parcours floridien comme un étendard à son statut de leader du classement.

Une ex-n°1 mondiale, Vika Azarenka et trois joueuses du "top 10" (Aryna Sabalenka, Elina Svitolina, et donc Andreescu) ont baissé pavillon face à l'Australienne qui a brillamment conservé son titre dans un tournoi très relevé.

Depuis le Masters en octobre 2019, "Ash" n'avait plus soulevé un trophée. Cette victoire sonne comme une mise au point.



"Je ne peux pas contrôler ce que dise les gens à propos de mon classement. C'est vrai, je n'ai pas joué l'année passée, mais je n'ai donc pas pu avoir la chance d'améliorer mon compteur de points. Je pense n'avoir rien à prouver à qui que ce soit. J'ai travaillé dur pour en arriver là."



Forcément déçue de la tournure des événements en finale, Barty se projetait sur ses duels futurs face à Andreescu et sur la saison sur terre battue.

"Je suis désolée pour Bianca, j'espère que sa blessure n'est pas trop grave. C'est sûrement notre première bataille d'une longue liste à venir. Je vais maintenant aller jouer Charleston, puis ce sera Stuttgart, Madrid, Rome et Paris. J'espère que tous ces endroits seront à peu près épargnés par la crise et que l'on pourra aller jouer dans ces merveilleuses villes."



D'une certaine façon, l'Australienne pourrait estimer se présenter à Roland-Garros en tant que tenante du titre, puisqu'elle n'a pas joué l'édition 2020 en octobre, après son sacre de 2019. "Defending champion" ou pas, elle s'avance déjà vers "Roland" en favorite.

Hubert Hurkacz, vainqueur surprise à Miami.©FFT / Corinne Dubreuil

Hubert, la surprise du chef

Hubert Hurkacz, lui, n'était pas du tout favori à Miami. Même si ce Masters 1000 a dû déplorer les absences conjuguées de Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer, une première depuis 2004 pour un tournoi de cette catégorie.

Classé 37e mondial, le Polonais de 24 ans a gravi les marches vers la gloire d'un premier titre en Masters 1000 avec un parcours qui force l'admiration. Denis Shapovalov (11e mondial), Milos Raonic (19e), Stefanos Tsitsipas (5e), Andrey Rublev (8e) et son partenaire de double Jannik Sinner en finale (victoire 7/6, 6/4) : son tableau de chasse est impressionnant.

"J'ai joué cette semaine le meilleur tennis de ma vie , je crois que c'est essentiellement parce que j'ai beaucoup cru en moi", jubilait le digne successeur de Wojtek Fibak, unique joueur polonais de l'histoire à avoir figuré dans le "top 10" mondial. On a travaillé dur avec mon coach (Craig Boynton), et je suis super heureux de ce qui s'est passé ici."

Inspiré par Iga

Joueur complet, excellent tacticien, bon contreur, puissant en fond de court, Hurkacz n'a pas forcément un jeu qui explose à la vue en termes de talent. C'est davantage son attitude sur le court qui saute aux yeux. L'intéressé reconnaît aimer le combat et s'être inspiré de sa compatriote Iga Swiatek pour gagner en confiance.

"J'étais super fier d'elle, de ce qu'elle a accompli à Roland-Garros. Elle m'a aidé à croire en moi, elle a dû aider tous les jeunes Polonais à croire en la possibilité de gagner des grands tournois."

Il est encore trop tôt pour désigner Hubert Hurkacz parmi les outsiders de Roland-Garros. En trois participations, il n'a gagné qu'un seul match dans le grand tableau à Paris. D'évidence, il va devoir progresser sur terre battue. Mais qui aurait prédit la victoire d'Iga Swiatek il y a quelques mois ?