WTA Finals - Badosa/Muguruza : demie espagnole

 - Amandine Reymond

Laquelle des deux joueuses espagnoles succèdera à Arantxa Sanchez-Vicario, finaliste du Masters en 1993 ?

Paula Badosa RG 2021©Loïc Wacziak / FFT

Respectivement premières et deuxièmes des groupes Chichen Itza et Teotihuacan, Paula Badosa et Garbiñe Muguruza s’affronteront en demi-finale du Masters WTA à Guadalajara (Mexique) mardi. 

Dans les pas d'Arantxa

Cette demi-finale de Masters 100% espagnole est une première dans l’histoire de la WTA. Et celle qui l’emportera sera la première Espagnole à atteindre la finale de cette compétition depuis Arantxa Sanchez-Vicario, finaliste en 1993. "C’est incroyable, a réagi Garbiñe Muguruza à cette statistique. Je ne savais pas tout ça ! 1993, c’est l’année de ma naissance ! C’est génial que deux des quatre dernières joueuses en course soient espagnoles. Ça montre à quel point l’Espagne est un grand pays de tennis. Ça va être un match sympa. J’espère que le public sera au rendez-vous et celle qui jouera le mieux s’offrira une finale."

L'éloge de l'expérience

Si c’est elle qui sort gagnante de ce duel, Garbiñe Muguruza ferait mieux qu’en 2015 lorsqu’elle avait échoué aux portes de la finale lors de la première de ses quatre participations au Masters. "J’ai clairement plus d’expérience que lors de ma première demie en Masters en 2015. J’arrive à économiser mon énergie pour les moments importants, à gérer les choses intelligemment, ne pas être trop émotive. J’ai commencé la phase de poule avec une défaite et je me suis dit 'ce n’est pas grave, c’est une poule, j’ai encore mes chances.' Je mets davantage les choses en perspective, je suis plus mature. Je pense que je suis mieux préparée pour une demi-finale que je ne l’étais en 2015."

Tout n’avait effectivement pas commencé de la meilleure des façons au Mexique pour la protégée de Conchita Martinez, battue au tie-break du troisième set par Karolina Pliskova lors de son entrée en lice. Mais la gagnante de Roland-Garros 2016 avait su réagir en battant, en trois sets  la tenante du titre Porte d’Auteuil, Barbora Krejcikova, avant d’aller chercher son billet pour les demies face à Anett Kontaveit (déjà qualifiée) en s’imposant 6/4, 6/4 lors de son dernier match de poules. 

Comme à la maison

D’origine vénézuélienne par sa mère, Garbiñe Muguruza se sent presque comme à la maison à Guadalajara. "L’environnement latino, l’air, les gens, le public… j’aime tout ici. Je me sens comme chez moi. Les gens sont super avec moi. Je pense que ça se voit dans mon tennis. C’est très spécial pour moi. C’est une opportunité unique de jouer ce Masters ici. Je suis extrêmement motivée."

Même si elles ne se sont jamais affrontées sur le circuit, Garbiñe Muguruza connaît bien sa compatriote, de six ans sa cadette, pour l’avoir côtoyée en équipe olympique. "On a partagé de bons moments aux Jeux Olympiques, on a appris à se connaître un peu plus. C’était une semaine particulière pour créer du lien. J’ai été très contente pour elle quand elle s’est qualifiée. Elle avait commencé l’année assez loin au classement et a gravi les échelons en jouant incroyablement bien et en gagnant Indian Wells. Elle a toujours eu beaucoup de talent et maintenant je pense qu’elle réussit à assembler toutes les pièces du puzzle. Elle joue super bien. Tout le monde peut le voir." Et, elle, sait à quoi s’attendre face à l’une des joueuses les plus en forme du circuit en ce moment ! 

La révélation Badosa

Après avoir surclassé la numéro deux mondiale Aryna Sabalenka en deux sets (6/4, 6/0) lors de sa première rencontre de poules, Paula Badosa a assuré sa qualification pour les demi-finales du Masters en dominant Maria Sakkari 7/6(4), 6/4 au terme d’un match de très haut niveau.

L’Espagnole, qui a fêté ses 24 ans lundi, est la vraie révélation de cette saison 2021. Classée 70e mondiale en janvier, la Catalane, qui s’était révélée aux yeux du grand public en atteignant les huitièmes de finale à Roland-Garros en octobre 2020, n’a pas cessé de progresser depuis pour atteindre la 10e place mondiale.

Victorieuse de son premier titre WTA à Belgrade en, juste après deux demi-finales à Charleston et à Madrid, elle a disputé son premier quart de finale en Grand Chelem à Roland-Garros dans la foulée avant de signer un huitième à Wimbledon puis un quart aux Jeux Olympiques. Surtout, elle a fait un bond au classement et vers le Masters en s’offrant le plus beau titre de sa carrière à Indian Wells en octobre. Avec un bilan de 20 victoires pour 9 défaites contre des joueuses mieux classées qu’elle cette saison et déjà six top 10 épinglées à son tableau de chasse (toutes cette saison), l’Espagnole née à New York ne craint plus personne. "J’ai beaucoup entendu 'Oh, elle peut bien jouer mais mentalement elle est si loin du compte. Elle doit énormément s’améliorer là-dessus.'

Maintenant je pense que je suis l’une des meilleures, en tout cas j’essaie. Bien sûr je me suis améliorée tennistiquement et physiquement. C’est difficile mais je pense que le plus dur est de s’améliorer mentalement."

Je crois que j’ai battu ma première top 10 il y a 4 mois peut-être. Tout était nouveau pour moi. J’avais besoin d’engranger de l’expérience. Et puis quand elle est venue, tout s’est aligné. Je crois que je suis plutôt compétitive. J’avais juste besoin de m’adapter un peu, de jouer ici, ce genre de matchs, pour apprendre. »

Et son apprentissage pourrait encore s’accélérer face à sa compatriote en demi-finale. 

"C’est une joueuse dont je me suis toujours inspirée. Elle a cassé tous les stéréotypes. Son jeu si dynamique et agressif n’était pas si commun dans le tennis espagnol. J’adore son jeu et j’ai toujours dit que je voudrais l’imiter, accomplir ce qu’elle a accompli. Je me rapproche de son niveau et c’est un honneur d’avoir deux Espagnoles ici."

L'autre demi-finale opposera elle, l'Estonienne Anett Kontaveit à la Grecque Maria Sakkari qui a arraché sa qualification en dominant Aryna Sabalenka en trois sets lors de leur dernier match de poules.