Badosa change de dimension à Indian Wells

 - Guillaume Baraise

L'Espagnole Paula Badosa a remporté à 23 ans son plus grand titre. Ce succès l'a fait changer de dimension.

Paula Badosa fist pumping during Roland-Garros 2021© Julien Crosnier/FFT

Désormais, son nom apparaitra en haut des listes des favorites en Grand Chelem. Désormais, elle n'est plus seulement la jeune joueuse prometteuse qui n'a pas tout à fait confirmé les espoirs placés en elle après sa victoire à Roland-Garros chez les juniors en 2015.

Désormais, Paula Badosa est dans la cour des grandes.

La manière dont elle a remporté le plus grand titre de sa carrière, à Indian Wells, dans un Masters 1000 où les meilleures étaient presque toutes au rendez-vous, force le respect.

Combativité hors normes

Non seulement elle a battu des joueuses de premier plan (la tête de série n°3 Barbora Krejcikova, la gagnante de Roland-Garros, en huitièmes, mais aussi Angelique Kerber et Ons Jabeur), mais elle a aussi montré une force mentale de championne pour battre en finale Vika Azarenka à l'issue d'un thriller passionnant (7/6, 2/6, 7/6).

La Biélorusse, ex n°1 mondiale, lauréate à Indian Wells en 2016, réputée pour sa combativité hors normes, a pourtant servi pour le match...

«Tout est possible»

«Ce que j'ai appris cette semaine, c'est que tout est possible, a confessé Paula après sa victoire. Quand vous vous battez sans retenue, quand vous donnez le meilleur de vous-même sans arrière-pensée, tout est possible. Parfois vous pouvez rencontrer des moments difficiles.

Ce fut mon cas après ma carrière juniors. Mais je n'ai jamais cessé de rêver. C'est ce qui m'a permis de continuer à travailler dur. J'y ai toujours cru et aujourd'hui, je suis fière de moi

Première Espagnole à s'imposer à Indian Wells, la nouvelle 13e mondiale est une Catalane à l'état d'esprit très "american way of life" même si à 19 ans, la pression des attentes autour d'elle l'avait plongée dans la dépression. Née à New York, elle a vite été étiquetée comme la nouvelle Maria Sharapova, en raison de sa blondeur et de son physique notamment (elle mesure 1,80m). Une pression difficile à supporter.

Mais les choses se sont peu à peu améliorées, grâce à une philosophie de vie plus tolérante envers elle-même. «J'ai réussi à trouver la balance entre le fait d'être heureuse en dehors du court et mes résultats», a-t-elle expliqué avec une certaine candeur.

Dépression et quarantaine

Remarquée avec un huitième de finale à Roland-Garros en 2020, elle avait confirmé son amour pour la terre battue parisienne avec un quart de finale en 2021. Auparavant l'Espagnole avait conquis son premier titre WTA à Belgrade.

Sa dépression, mais aussi sa quarantaine forcée en janvier en Australie après un test positif au Covid, ou encore son abandon en quart de finale des Jeux de Tokyo suite à un malaise semblent de lointains mauvais souvenirs. Badosa a franchi une marche capitale dans sa progression à Indian Wells. Le top 10 se rapproche à grands pas. Le premier grand coup d'éclat en Grand Chelem aussi.

«Cette saison 2021, c'est un peu les montagnes russes. Mais après ce que j'ai dû traverser dans ma vie, les déceptions sportives s'effacent vite», a-t-elle philosophé.

Après sa victoire, Badosa a aussi rendu hommage à son staff. Son nouveau coach, Jorge Garcia, a débuté leur collaboration par un coup de maître. Cette victoire à Indian Wells a montré toute l'étendue des progrès accomplis par l'Espagnole au revers d'acier. La finale face à Azarenka, pleine de rebondissements et nantie de 92 coups gagnants, restera comme l'un des matchs de l'année sur le circuit WTA. Avec un fair play des deux joueuses qui n'a fait qu'ajouter au plaisir des heureux spectateurs.

«Merci de m'avoir inspirée en tant qu'athlète, a déclaré Badosa à l'intention d'Azarenka lors de la cérémonie des trophées. Une athlète, une femme comme toi, m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui. Vraiment.»

Décidément, cette Paula a tout d'une grande...