Un jour, un point culte : l'échange de 2'20'' de Borg et Vilas

 - Julien Pichené

En 1978, les deux amis disputent l'un des points les plus longs de l'histoire du tournoi.

Björn Borg@FFT

Revoir Björn Borg face à Guillermo Vilas, c’est se replonger dans un autre monde. Non pas parce que les cheveux étaient longs et les shorts courts. Mais pour cette patience quasi-perverse dont ils faisaient preuve dans l'échange.

Plantons tout d'abord le décor : dans les seventies, le "chip and charge circus" cède progressivement la place au lift. La mode est au jeu de fond de court et aux "moon balls". Les parties d’hypnose deviennent légion, comme en 1978 avec la finale entre ces deux amis. Raquette en mains, les jeux du Suédois et l'Argentin s'annulent.

Illustre exemple à 6/1 1-0 pour le Suédois, moment où les deux meilleurs terriens du moment vont disputer un point qui, vu d'aujourd'hui, sidère ou fait sourire. Un point de... 88 coups de raquette rappelant la langueur du jeu vidéo alors à la mode: "Pong".

Une sorte d’équivalent tennistique des films les plus radicaux de Marguerite Duras. Visionner ces 140 secondes est une expérience-limite qui redéfinit la notion de durée dans le sport et qui nous amène à nous interroger sur notre patience de spectateur. Ici, c’est Borg qui finit par perdre patience en montant au filet sur... le 87e coup de raquette, poussant Vilas à faire un lob qui sortit de peu.

D’autres échanges ont dépassé les deux minutes sur le court Central de Roland-Garros. Dans les points qui ont été télévisés, citons les 2’49’’ de Mats Wilander et Guillermo Vilas en 1982, et les 2’30’’ de Joakim Nystrom et Ivan Lendl en 1987.

En 1931, le quotidien L’Auto-journal, ancêtre de L’Équipe, avait mentionné un échange de 195 coups de raquette dans l’épreuve de la consolante entre Le’la Raw et Rosie Berthet.

Mais en remportant ce point, qui lui avait permis d’obtenir une balle de match, la première citée s’était effondrée sur le court avant d’être transportée d’urgence aux vestiaires où on l’a réanimée... avec des piqûres de caféine. Une autre époque !