Rendez-vous à RG : favoris, héritiers... Où en sont-ils ?

 - Romain Vinot

Favoris, sang neuf, outsiders… Petit tour d’horizon des forces en présence à un mois du tournoi.

Rafa - Djoko, comme en Australie ? 


Espéré en fin de saison dernière, le duel entre Rafael Nadal et Novak Djokovic a bien eu lieu lors de l’Open d’Australie. Seulement, malgré un parcours remarquable tout au long de la quinzaine, le Majorquin n’a pas existé en finale face au numéro un mondial, au sommet de son art. De quoi prendre un avantage psychologique sur la terre battue parisienne ? Rien n’est moins sûr, même si le Serbe vise clairement la Coupe des Mousquetaires. « Roland-Garros est le but ultime sur terre battue. Et bien sûr que d’une certaine façon, je m’attends à atteindre mon pic précisément à ce moment-là » a-t-il confié après son élimination prématurée en quart de finale à Monte-Carlo. Une sortie de piste qui n’inquiète personne, tant le « Djoker » est capable d’élever son niveau de jeu pour un tournoi du Grand Chelem. 

L’anxiété est en revanche plus forte dans le camp des supporters de l’Espagnol. Titré onze fois à Monaco, le roi Rafa a eu du mal à écarter Guido Pella (7-6 ; 6-3) avant de finalement chuter lourdement contre le futur vainqueur, Fabio Fognini (4-6 ; 2-6). Désireux de faire mieux à Barcelone, il a souffert face à Leonardo Mayer (6-7 ; 6-4 ; 6-2) avant de se montrer beaucoup plus expéditif face à son compatriote David Ferrer (6-3 ; 6-3). Il y a du mieux donc mais on est encore loin du Nadal ultra-dominateur des saisons précédentes. Bien sûr, tant qu’il se présente à 100% physiquement Porte d’Auteuil, il reste le grand favori de RG. 

Roger fait des rêves


Alors que l’attention se focalise sur les deux premiers mondiaux, Roger Federer prépare quant à lui tranquillement son retour sur terre battue. Si ses repères sont forcément limités, le recordman de titres en Grand Chelem ne boude pas son plaisir de retrouver l’ocre. Et qu’on ne s’y trompe pas, il ne se rend pas à Paris pour faire du tourisme. Dix ans après son unique sacre à RG, il rêve plus ou moins secrètement d’un nouveau trophée. Sa récente tournée américaine - avec notamment une finale à Indian Wells et un titre à Miami - a d’ailleurs prouvé qu’il n’avait rien perdu de ses qualités tennistiques et qu’il était tout à fait capable de s’infliger de longs rallyes. Une bonne nouvelle à quelques jours de retrouver la surface la plus exigeante du circuit. 

Les interrogations sur le physique planeront également au-dessus de Juan Martin Del Potro, qui a évité de justesse une opération du genou droit et qui a récemment annoncé son retour pour le tournoi parisien. Au même titre que Kei Nishikori ou Stan Wawrinka - qui font partie des meubles - l’Argentin ne se fera pas prier pour bousculer favoris et héritiers. 

Fortunes diverses pour les Héritiers

Justement, s’ils progressent et remportent de plus en plus de tournois prestigieux, les Héritiers peinent toujours autant à s’imposer dans la durée. Demi-finaliste à Melbourne, Stéfanos Tsitsipas est attendu sur terre battue. Mais à Monte-Carlo puis à Barcelone, il s’est incliné dès les huitièmes de finale face à Medvedev et Struff, montrant de nombreux signes d’agacement. Une attitude et une déception similaires à celles d’Alexander Zverev. Sèchement battu en huitième par Fognini à Monte-Carlo, il s’est arrêté au tour précédent à Barcelone, surpris par le lucky-loser Nicolas Jarry. Tout comme Denis Shapovalov ou encore Karen Kachanov, il est à la recherche d’une première grande performance cette saison sur terre battue. 

A contrario, Daniil Medvedev a vraisemblablement trouvé son rythme de croisière depuis plusieurs mois. Et dès le premier Masters 1000 sur ocre, il s’est offert le scalp de Novak Djokovic, rien que ça. Egalement performant à Barcelone, il pourrait bien se présenter Porte d’Auteuil en partageant le fameux statut de « favori des Héritiers » avec Dominic Thiem. Eliminé prématurément à Monaco par Lajovic, il est progressivement monté en puissance en Catalogne. Surtout, le finaliste de la précédente édition parisienne est arrivé sur sa surface préférée en ayant fait le plein de confiance grâce à son superbe sacre à Indian Wells. Il lui reste désormais un mois pour peaufiner certains détails et ainsi se donner les moyens de faire au moins aussi bien qu’en 2018. 



Des outsiders à l’affut


Si les trois monuments et la fameuse Next Gen trustent la plupart des podiums des tournois majeurs depuis un an, la terre battue parisienne pourrait aussi bien sacrer un outsider. Et à un mois du tour principal, le premier d’entre eux reste bien évidemment Fabio Fognini. Vainqueur de son premier Masters 1000 à Monte-Carlo, l’Italien n’a pas simplement infligé une cuisante défaite au roi Rafa, il a également écarté Alexander Zverev ou encore Borna Coric. Si certains interprètent ce succès comme le seul véritable fait de gloire d’une carrière légèrement en dents de scie, d’autres estiment que « Fogna » a atteint l’âge de raison et qu’il est capable de rééditer de telles performances sur sa surface de prédilection. Forfait à Barcelone en raison d’une petite douleur aux ischios-jambiers, il devrait être totalement rétabli Porte d’Auteuil. 

Evidemment, le natif de Sanremo n’est pas le seul à pouvoir créer un tremblement de terre le 9 juin. Vainqueur à Sao Paulo début mars, très bon face à Nadal à Monte-Carlo et tombeur de Kachanov à Barcelone, Guido Pella fait partie des candidats. C’est également le cas de Marco Cecchinato, demi-finaliste surprise l’an passé et sacré à Bueno Aires en février. Auteurs de belles performances depuis le début de la saison, les Serbes Dusan Lajovic et Lazlo Djere veulent eux aussi bousculer l’ordre établi.

Quels parcours pour les Français ? 


Si aucun français n’a inscrit son nom au palmarès du simple messieurs depuis Yannick Noah en 1983, les supporters des Bleus ne perdent pas espoir d’assister à un ou deux très beaux parcours. Vainqueurs respectivement à Marrakech et Rotterdam, Benoit Paire et Gaël Monfils ont montré de belles choses ces dernières semaines et voudront performer devant leur public même si une blessure perturbe toujours la préparation du Parisien.



La situation est similaire pour Jo-Wilfried Tsonga, qui a récemment retrouvé de bonnes sensations tennistiques mais qui a été contraint à l’abandon à Monaco face à Taylor Fritz. Finaliste à Montpellier et récent tombeur de Nishikori, Pierre-Hugues Herbert - qui a récemment fait part de son envie de se focaliser davantage sur sa carrière en simple - est lui aussi à la recherche d’une performance de référence à Paris. 

Cela s’annonce plus compliqué pour Lucas Pouille. Eliminé dès son entrée en lice à Monte-Carlo et Barcelone, il n’a pas gagné de match depuis son superbe parcours à l’Open d’Australie. Mais rappelons tout de même qu’avant cette incroyable épopée, il n’avait jamais gagné une rencontre à Melbourne…