Roland-Garros 2023 : Game of trônes

Roland-Garros fera aussi l'objet, cette année, d'une lutte féroce pour la place de n°1 mondial(e).

Carlos Alcaraz & Novak Djokovic / Journée Yannick Noah©Clément Mahoudeau / FFT
 - Rémi Bourrieres

Pas moins de quatre hommes (Carlos Alcaraz, Daniil Medvedev, Novak Djokovic, Stefanos Tsitsipas) et deux femmes (Iga Swiatek et Aryna Sabalenka) peuvent décrocher la place de n°1 mondial(e) au terme d'un Roland-Garros qui fera l'objet, dans cette quête suprême, d'une empoignade exceptionnelle.

Quatre hommes pour un coup fin

En l'absence de Rafael Nadal, ce Roland-Garros 2023 est souvent dépeint comme l'un des plus ouverts depuis de nombreuses années. Symboliquement, cette statistique suffit à le résumer : en marge de la course à la coupe des Mousquetaires et à la coupe Suzanne-Lenglen, quatre joueurs et deux joueuses pourraient quitter Paris cette année avec le prestigieux dossard de n°1 mondial(e). Dont Aryna Sabalenka et Stefanos Tsitsipas, qui ne l'ont jamais été.

Mais par rapport à Sabalenka (on y reviendra), Tsitsipas se trouve face à une mission plus ardue. Carlos Alcaraz, qui vient de (re)prendre cette place de n°1 mondial malgré sa défaite dès le 3e tour à Rome, Daniil Medvedev, lequel vient lui tout juste de passer n°2, et Novak Djokovic sont en position bien plus favorables.

Les trois derniers nommés ont leur destinée entre les mains. Si l'un d'entre eux remporte le tournoi, il deviendra automatiquement n°1. Alcaraz reste le mieux placé : quoi qu'il fasse, il restera n°1 si Medvedev n'atteint pas au moins les demies, Djokovic la finale et si Tsitsipas ne gagne pas le titre (voir le graphique ci-dessous). S'il atteint comme l'an dernier les quarts de finale, "Carlitos" obligera Medvedev à jouer la finale et Djokovic à soulever le trophée. Et le simple fait d'atteindre la deuxième semaine lui permettrait d'écarter Tsitsipas de cette course à la place de n°1.

Une course qui pourrait ajouter du sel à la demi-finale théorique entre Carlos Alcaraz et Novak Djokovic. En imaginant que le Serbe remporte cette hypothétique demi-finale, il sera assuré de reprendre sa place de n°1 si, dans le même temps, Medvedev n'atteint pas la finale. Si c'était l'Espagnol qui avait le dernier mot, il resterait n°1 à condition de ne pas perdre la finale dans la foulée contre Medvedev.

Ce dernier sera, lui, à l'affût d'un faux pas de ses trois rivaux, tous placés dans la même partie (haute) du tableau : si aucun de trois n'atteint la finale, il "suffira" à Daniil de le faire pour être sûr de reprendre une place de n°1 qu'il avait abandonnée en septembre dernier.

Quant à Tsitsipas, on l'a dit, il est le seul à ne pas avoir son destin en mains, et à dépendre aussi fortement des autres : pour devenir n°1 mondial, il doit non seulement gagner Roland-Garros mais aussi compter sur une élimination d'Alcaraz avant les huitièmes et de Medvedev avant les demies.

Sabalenka virtuellement n°1

Du côté des femmes, la situation est plus décantée puisqu'elles ne sont que deux à pouvoir finir n°1 : Iga Swiatek et Aryna Sabalenka. Et c'est déjà un événement puisque ce Roland-Garros est le premier tournoi à remettre en jeu la couronne de la Polonaise depuis que celle-ci s'est emparée du trône du tennis mondial, où elle est installée depuis 60 semaines.

Swiatek disposait jusqu'à présent d'une avance abyssale que Sabalenka a considérablement réduite à la faveur d'un magnifique début de saison 2023, qui l'a notamment vue remporter son premier Grand Chelem à l'Open d'Australie et plus récemment triompher au WTA 1000 de Madrid. Tant et si bien qu'avant le coup d'envoi de la quinzaine, c'est elle qui est virtuellement en position de devenir, pour la première fois, n°1 mondiale.

Swiatek, qui remet en jeu les 2000 points de son titre acquis l'an dernier, doit atteindre au minimum les quarts de finale pour conserver sa couronne. Le moindre revers avant ce stade de la compétition assurera un couronnement de sa dauphine, qui a buté sur le 3e tour l'an dernier (elle n'a jamais fait mieux à Paris). Par ailleurs, en raison d'un décalage de calendrier par rapport à 2022, elle défend aussi dans le même temps les 180 points de sa finale à 's-Hertogenbosch.

Sabalenka a les moyens d'accentuer la pression sur Swiatek comme suit :

  • En atteignant les huitièmes ou les quarts, elle obligerait Swiatek à rallier le dernier carré.
  • En atteignant les demies, elle obligerait Swiatek à rallier la finale.
  • En atteignant la finale, elle obligerait Swiatek à gagner le tournoi.

L'un dans l'autre, Swiatek et Sabalenka ont aussi leur destin entre les mains : celle qui remportera Roland-Garros sera à coup sûr n°1 mondiale. Voilà qui ferait un bel enjeu pour une finale, non ?