Miami : Alcaraz éblouissant, Osaka défiera Swiatek

 - Romain Vinot

Une finale alléchante entre Swiatek et Osaka, des demi-finales inédites chez les hommes : on fait le point sur le tournoi de Miami.

Carlos Alcaraz / Indian Wells 2022©Antoine Couvercelle / FFT

Sur une impressionnante série de seize victoires consécutives, la future N°1 mondiale Iga Swiatek va tenter de réaliser le "Sunshine double" en finale à Miami face à Naomi Osaka, de retour à son meilleur niveau. Dans le tableau masculin, l’écrasant Carlos Alcaraz fait désormais office de favori à l’aube de demi-finales inédites.

Naomi peut-elle stopper Iga ?

Pouvait-on rêver plus belle finale à Miami ? Ce samedi, deux gagnantes de Grand Chelem se feront face pour tenter d’accrocher un nouveau tournoi WTA 1000 à leur palmarès. Une ancienne numéro un mondiale redescendue à la 77e place suite à la mise à jour des classements après l’Open d’Australie face à la nouvelle patronne du circuit, officiellement aux commandes à partir de lundi.

Si leur dynamique n’est pas tout à fait identique, force est de constater que Naomi Osaka est de retour au premier plan, deux semaines seulement après avoir quitté Indian Wells en larmes, visée par des spectateurs suite à sa lourde défaite contre Veronika Kudermetova. Depuis, la Japonaise a engagé une thérapeute et la collaboration semble déjà porter ses fruits. "Ça m’aide. J’ai tendance à intérioriser et à tout vouloir faire par moi-même mais j’avais essayé beaucoup de choses. A Indian Wells, j'ai réalisé que je n'avais jamais été autant chahutée. J'avais déjà été huée, mais pas visée de manière aussi directe. Aujourd’hui, je me sens mieux préparée. J'ai changé de mentalité" expliquait-elle au sortir de sa victoire au premier tour face à Astra Sharma.

Un changement confirmé lors de ses matchs face à Angélique Kerber, Alison Riske ou encore face à la finaliste du dernier Open d’Australie, Danielle Collins. Des adversaires toutes balayées en deux sets secs, comme aux plus belles heures de la quadruple championne en Majeur. Davantage bousculée lors de sa demi-finale contre Belinda Bencic, elle a répondu en claquant 18 aces et des coups surpuissants pour inverser la tendance (4/6, 6/3, 6/4) là où elle aurait peut-être laissé filer le match il y a quelques semaines. "Au deuxième set, je me suis dit : ‘Si elle gagne, quelqu’un devra te porter hors du court sur une civière parce que tu vas te battre pour tout, jusqu’au bout’" a-t-elle analysé en fin de match.

Une force mentale nouvelle dont elle aura grandement besoin en finale face à la meilleure joueuse du monde. Leur précédente confrontation avait débouché sur une courte victoire d’Osaka. "Je me souviens d’avoir joué contre Iga à Toronto (7/6(4), 6/4 en 2019) et de m'être dit qu’elle était vraiment athlétique, elle glissait partout sur le terrain […] C’est incroyable de voir le chemin qu’elle a parcouru, elle est déjà numéro 1 et elle est tellement motivée" a-t-elle glissé à propos de sa future adversaire.

Le "Sunshine double" à portée de raquette

Samedi, c’est en tant que nouvelle patronne du tennis mondial qu’Iga Swiatek se présentera de l’autre côté du court. Un statut incontestable depuis l’annonce de la retraite d’Ashleigh Barty, tant elle est littéralement intouchable depuis de nombreuses semaines. Plus agressive et plus forte mentalement, la championne de Roland-Garros 2020 vient d’enchaîner 16 victoires consécutives et pourrait remporter son troisième WTA 1000 depuis fin février. Sacrée à Doha sans perdre le moindre set, elle a prouvé à Indian Wells qu’elle était également capable de gagner même avec un scénario défavorable.

Et à ceux qui pensaient que la place de numéro un mondiale lui mettrait une pression insurmontable sur les épaules, elle est en train de répondre en enchaînant les corrections à Miami. Si Jessica Pegula a plus résisté que Viktorija Golubic, Madison Brengle, Coco Gauff et Petra Kvitova avant elle, le résultat est le même : à la fin, c’est Iga qui gagne. "Je suis vraiment fière de ce qui se passe. C’est un peu difficile à réaliser mais j’ai l’impression qu’en tant qu’équipe, on fait un très bon travail pour me préparer. Je prends cette série de victoires comme quelque chose de positif, qui me donne un coup de pouce même si c’est toujours aussi bizarre d’y penser" a expliqué la neuvième joueuse de l’histoire de la WTA à avoir réussi le back-to-back entre les finales d'Indian Wells et de Miami la même saison.

Assurée d’être au sommet du classement ce lundi avec une avance confortable avant le début de la saison sur terre battue – sa surface de prédilection –, Iga Swiatek est en mission pour réussir le "Sunshine double" et porter son invincibilité à 17 matchs. Reste à savoir si elle passera l’obstacle Osaka, qu'elle apprécie beaucoup.

Alcaraz enflamme Miami

Si la Polonaise est au rendez-vous comme attendu, le dernier carré masculin du tournoi est plus surprenant. Un seul joueur déjà demi-finaliste à Indian Wells est toujours en lice à Miami : Carlos Alcaraz. Seulement battu par Rafael Nadal dans le désert californien, le phénomène de précocité espagnol a remis en route son entreprise de démolition et dégoûte un à un ses adversaires, pour le plus grand bonheur d’un public largement acquis à sa cause. Loin d’être un simple cogneur, le protégé de Juan Carlos Ferrero fait étalage d’une incroyable palette de coups depuis le début de la quinzaine à laquelle il ajoute une force de caractère et une couverture de terrain qui ne sont pas sans rappeler celles de son illustre aîné Majorquin.

Tout est impressionnant chez Alcaraz et ce ne sont pas ses deux dernières victimes en date Stefanos Tsitsipas et Miomir Kecmanovic qui diront le contraire. Face à l’excellent Serbe, le Murcien a subi avant d’offrir à des spectateurs au bord de la folie un tennis entreprenant et agressif, agrémenté de coups géniaux. "J’ai eu l’impression de jouer en Espagne ! L’énergie que me donne les spectateurs est incroyable. Je ne pense pas que je serais en demi-finale sans eux " a souri le vainqueur après avoir félicité son camarade de jeu, qui a largement participé à rendre cette rencontre ahurissante.

Les observateurs attentifs de ses matchs et de son évolution ne sont pas surpris de le voir de nouveau en demi-finale de Masters 1000 tant il semble fort, serein et capable de dominer n’importe quel adversaire. Mais il ne faut pas oublier que la pépite n’a pas encore 19 ans et que cela fait bien longtemps qu’un joueur de son âge n’avait pas eu l’étiquette de favori à un tel niveau de compétition. Un sentiment naturel mais pas rationnel donc envers un joueur qui semble destiné à réaliser de (très) grandes choses.

Qui pour l’arrêter ?

Alors qu’on pouvait s’attendre à un énorme duel en demi-finale face à Daniil Medvedev, c’est finalement Hubert Hurkacz qui tentera de stopper la folle ascension de Carlos Alcaraz. Le Polonais, également qualifié pour la finale du double hommes en compagnie de John Isner, a disposé d’un numéro deux mondial perclus de crampes et à bout de souffle. Largement débordé par le tenant du titre, Medvedev n’a pas pu se battre à armes égales et ne récupèrera pas le trône du tennis mondial à l’issue du tournoi.

L’affiche de la deuxième demi-finale est tout aussi surprenante puisque Francisco Cerundolo y défiera Casper Ruud. Pour ses débuts en Masters 1000, l’Argentin fait très forte impression puisqu’il a notamment écarté Gaël Monfils et Frances Tiafoe avant de profiter de l’abandon de Jannik Sinner alors qu’il menait 4-1 dans la première manche de son quart de finale. Il aura besoin de cette fraicheur physique pour espérer renverser le Norvégien, tombeur de Cameron Norrie mais surtout d’Alexander Zverev, signant ainsi son succès le plus prestigieux en carrière et s’offrant au passage le plus beau geste technique du tournoi.