Légendes de RG : Jim Courier raconte son sacre en 1991

 - Amandine Reymond

Titré en 1991 face à Andre Agassi, Jim Courier est revenu sur cette finale, l’un des plus grands moments de sa carrière.

Vainqueur en double juniors en 1987, Jim Courier s’est très vite senti à sa place à Roland-Garros. Après deux huitièmes de finale lors de ses deux premières participations, l’Américain monte en puissance lors de cette édition 1991 mais, au troisième tour, le Suédois Magnus Larsson se détache deux sets à un, balle de double break dans le quatrième set…

Interruption enfantine

 

« Et puis, un bébé s’est mis à pleurer en tribunes. Je me suis interrompu et j’ai dit au bébé :  ‘Je sais exactement ce que tu ressens !’. Ça a apporté un peu de légèreté à un moment de grosse tension pour moi à ce moment-là. Et j’ai réussi à sauver ce jeu, renverser le match et m’imposer en cinq sets. » Après de belles victoires contre Stefan Edberg et Michael Stich en quarts et en demi-finales, Jim Courier retrouve Andre Agassi en finale.

De l’académie Bollettieri à la finale de Roland-Garros

 

Compagnons de chambre pendant leur adolescence au sein de l’académie Bollettieri, les deux jeunes Américains se connaissent très bien et c’est déjà la septième fois qu’ils se retrouvent opposés sur le circuit. La troisième fois en trois ans à Roland-Garros. Mené 4-2 dans leurs confrontations, Jim Courier s’est incliné contre le « Kid de Vegas » Porte d’Auteuil un an avant mais il sait qu’il a les armes pour renverser le N.4 mondial.

Il l’a déjà fait à Paris en 1989 et quelques mois plus tôt lors de cette saison 1991 à Indian Wells, leur dernier affrontement avant cette finale de Roland-Garros. « On faisait plus ou moins jeu égal en fond de court. Il était plus fort en revers et moi j’avais un meilleur coup droit. C’était un vrai bras de fer. Je pense que c’est sur le service que je pouvais lui être supérieur, je pensais pouvoir faire plus de points gratuits que lui. Pourtant ça ne s’est pas passé comme ça au début… »

Particulièrement souriant avant l’entrée sur le court, Jim Courier a pourtant du mal à entrer dans sa première finale de Grand Chelem. Face à lui, Andre Agassi – plus expérimenté avec déjà deux finales à son actif – ne traîne pas pour empocher la première manche 6/3. « J’étais très nerveux, je n’arrivais pas à lâcher mes coups, je jouais court et Andre me le faisait payer cash ! »

Jim Courier during the final at Roland-Garros 1991

La pluie et le déclic…

 

« Je ne trouvais pas de solution, ça défilait… et il s’est mis à pleuvoir. Pendant l’interruption j’ai pu échanger avec mon entraîneur José Higueras qui m’a conseillé de reculer au retour et de jouer plus bombé. »

Ce changement tactique fonctionne et le match se rééquilibre complètement. Revenu à égalité, Jim Courier cède la troisième manche 6/2 mais pousse Andre Agassi au cinquième set après avoir empoché le quatrième 6/1.

Les hommes se rendent coup pour coup. Après un échange de breaks, Jim Courier prend de nouveau les devants et sert pour le match à 5-4. « Ça a été difficile. J’ai essayé de me détendre, de me concentrer sur mes premières balles et ne pas faire de fautes. Je voulais qu’il aille chercher les points. J’ai bien servi et bien joué et je l’ai senti nerveux. Quand j’ai obtenu une balle de match, c’est l’un des moments dont on rêve mais j’ai essayé de ne pas penser à ce que ça impliquait, juste : « lance ta balle, frappe-la au centre et joue le coup suivant » Mais il n’y a pas eu de coup suivant parce que j’ai fait un ace ! » Tombé à la renverse après cette victoire (3/6, 6/4, 2/6, 6/1, 6/4), le natif de Sanford comprend très vite que sa vie vient elle aussi de basculer.

« Le seul parallèle que je peux donner aux gens qui n’ont pas vécu ça c’est que c’est un peu comme assister à la naissance d’un enfant ! C’est indescriptible. Il y a cette adrénaline qui inonde ton corps et tu réalises que ta vie ne sera plus jamais la même ! »

Jim Courier during the final against Andre Agassi at Roland-Garros 1991

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