Indian Wells : les enjeux de l’édition 2022

 - Romain Vinot

Cinq mois seulement après la dernière édition, les stars du tennis mondial sont de retour à Indian Wells pour tenter de succéder à Paula Badosa et Cameron Norrie, vainqueurs en octobre.

Rafael Nadal at Indian Wells 2022©Antoine Couvercelle / FFT

Jusqu’au 20 mars, tous les regards sont tournés vers Indian Wells qui retrouve une programmation "classique" pour cette édition 2022. Un tournoi où les attentes sont nombreuses, qu’il s’agisse du tableau masculin ou féminin. Entre séries d’invincibilité, prises de pouvoir et potentielles surprises, focus sur les enjeux de ce rendez-vous californien.

Nadal peut-il prolonger son invincibilité ?

Auteur du meilleur début de saison de sa carrière (15 victoires de suite dont 11 sans perdre le moindre set) et déjà vainqueur de trois tournois (Melbourne 250, Open d’Australie et Acapulco), Rafael Nadal parviendra-t-il à prolonger son incroyable série d’invincibilité dans le désert californien ? Soulagé de pouvoir enfin évoluer sur un court sans souffrir, le Majorquin a fait l’étalage de ressources physiques et mentales hors du commun depuis début janvier. "Je travaille pour essayer d'améliorer les choses, mais globalement je suis satisfait de mon niveau, de l'intensité et de mon attitude sur le terrain" a-t-il sobrement déclaré à la presse ce jeudi.

Au-delà de la portée historique de ses victoires, c’est bien sa domination, ses changements de rythme, ses accélérations et ses courses qui forcent le respect et écœurent tour à tour de prestigieux adversaires. Mais s’ils sont tous admiratifs de ce retour au sommet, ils aimeraient surtout réussir à enrayer la machine espagnole, magnifiquement lancée avant même les échéances sur terre battue.

Et les prétendants seront encore nombreux au vu de la partie de tableau du triple vainqueur de l’épreuve (2007, 2009 et 2013), qui pourrait notamment rencontrer Denis Shapovalov, Casper Ruud ou encore Daniil Medvedev sur la route de la finale. En attendant de croiser officiellement le fer à partir de samedi face à Sebastian Korda, le recordman du nombre de titres en Grand Chelem a déjà prouvé qu’il était en forme à l’entraînement, notamment contre Carlos Alcaraz et Stefanos Tsitsipas.

Medvedev, un nouveau statut à défendre

Le deuxième grand favori de ce premier Masters 1000 de l’année n’est autre que le nouveau numéro un mondial, Daniil Medvedev. Battu à deux reprises par "Rafa" en finale de l’Open d’Australie puis dans le dernier carré à Acapulco, le Russe veut triompher pour s’installer durablement au sommet de la hiérarchie mondiale. "Je pense qu'il peut garder cette place car il a acquis la dimension qu'il mérite. Il doit désormais l'assumer" avait d’ailleurs expliqué son entraîneur Gilles Cervara au moment de la passation de pouvoir avec Novak Djokovic, absent cette année.

S’il n’a jamais fait mieux qu’un huitième de finale à Indian Wells, ses statistiques sur dur et ses 12 titres glanés sur cette surface depuis 2018 parlent clairement pour lui. Reste désormais à savoir s’il sera capable d’assumer son statut et de marquer des points, avant le début de la saison sur terre battue qui lui sied beaucoup moins.

Les « outsiders » à l’affût

Auteur d’un début de saison quelque peu décevant par rapport à son exercice 2021, Alexander Zverev va disputer son premier tournoi depuis son exclusion à Acapulco. S’il s’est excusé et a avoué regretter son geste envers l’arbitre, nul doute qu’il aura également à cœur de laisser cet épisode derrière lui en brillant sur le terrain. S’il parvient à rejoindre les quarts de finale, il pourrait y croiser la route de Matteo Berrettini de retour de blessure ou de Felix Auger-Aliassime, vainqueur de son premier tournoi à Rotterdam et finaliste la semaine suivante à Marseille.

Un Open 13 de grande qualité, qui a vu Andrey Rublev soulever le trophée avant d’enchaîner un nouveau sacre à Dubaï. Le Russe, qui n’a jamais fait mieux qu’un troisième tour en simple à Indian Wells, compte bien lui aussi poursuivre sa belle série d’invincibilité. Enfin, dans l’autre partie de tableau, Stefanos Tsitsipas - récent vainqueur en double à Acapulco - pourrait jouer les trouble-fête dans la lutte annoncée entre Nadal et Medvedev.

Barty et Krejcikova manquent à l’appel

Contrairement à Melbourne, il n’y aura pas d’ultra favorite cette année dans le tableau féminin en Californie. Numéro un mondiale et enfin sacrée à domicile, Ashleigh Barty n’a pas suffisamment récupéré et a annoncé son forfait pour Indian Wells mais aussi pour Miami. "Mon corps ne s’est pas comme je l'espérais après l’Open d’Australie et je n'ai pas pu me préparer de manière idéale pour Indian Wells et Miami. Je ne pense pas avoir le niveau nécessaire pour gagner ces tournois et j'ai donc décidé de me retirer. J'adore ces événements et je suis triste de ne pas être là, mais je dois me concentrer sur mon corps" a-t-elle confié la semaine passée. Danielle Collins, son adversaire en finale du premier Grand Chelem de la saison ne sera pas non plus de la partie.

Une situation qui aurait pu profiter à Barbora Krejcikova, nouvelle numéro deux mondiale. Seulement, la tenante du titre à Roland-Garros souffre d’une blessure au coude et ne pourra pas non plus prendre part à ce prestigieux WTA 1000. Un autre forfait qui fait les affaires d’Alizé Cornet, puisque la Française bénéficiera de la place initialement allouée à la Tchèque dans le tableau.

Qui pour en profiter ?

Ces absences pourraient profiter à Aryna Sabalenka et Iga Swiatek, actuellement en embuscade pour récupérer la place de dauphine d’Ash Barty. A Doha, la Polonaise avait tout emporté sur son passage, écrasant littéralement les débats contre la Biélorusse (6/2, 6/3) puis face à Maria Sakkari (6/4, 6/3), avant d’expédier Anett Kontaveit (6/2, 6/0) en finale, alors même que cette dernière sortait d’un parcours victorieux à Saint-Pétersbourg. L’Estonienne sera évidemment à surveiller en Californie où elle pourrait batailler dès les quarts de finale avec la tenante du titre Paula Badosa.

Première joueuse espagnole titrée à Indian Wells, elle a clairement changé de dimension depuis et sera évidemment une candidate sérieuse à sa propre succession. "Je sais que c’est un titre important mais je veux simplement jouer match après match. Je veux donner le meilleur sur le court et prendre du plaisir en jouant. Ça a été la clé l’année dernière, je profitais de chaque instant. Je me suis battue sur chaque balle jusqu’à la dernière et c’est ce qui m’a permis de gagner autant de rencontres et d’atteindre la quatrième place mondiale" a-t-elle confié durant le Media Day.

Assumer un (nouveau) statut, voilà qui résume bien les enjeux de cette édition 2022.