Indian Wells : Andreescu, c'est fou !

 - Guillaume Baraise

Au terme d'une finale haletante, la Canadienne Bianca Andreescu est venue à bout d'Angelique Kerber.

Cendrillon ? La belle au bois dormant ? Blanche Neige ? On ne sait pas exactement quel conte de fées correspond le mieux à la belle histoire de Bianca Andreescu dans ce BNP Paribas Open 2019.

A Indian Wells, la princesse canadienne venue de nulle part, ou presque, a émergé du désert pour s'offrir le premier titre de sa jeune carrière. A 18 ans, la 60e mondiale est aussi devenue la première joueuse wild card de l'histoire de la WTA à remporter ce tournoi ô combien relevé.

"Cette quinzaine a été un parcours incroyable, s'extasiait la championne. Oui, c'est une histoire digne de Cendrillon. Naomi (Osaka) l'avait fait l'an passé. Avoir mon nom au palmarès à côté de toutes ces championnes, cela vaut tous les bonheurs du monde !"

Double culture


Alors qu'on attendait Naomi Osaka, Serena Williams, Simona Halep ou encore la joueuse en forme du moment Belinda Bencic, c'est une joueuse quasiment inconnue du grand public qui s'est imposée avec la manière. D'origine roumaine, mais née dans l'Ontario, Andreescu a une double formation : jusqu'à 7 ans, c'est l'école roumaine qui fut la sienne, puis elle est revenue dans son pays de naissance et a été élevée par Tennis Canada. Simona Halep est d'ailleurs son modèle. Elle a aussi une "connexion" française...

"C'est en gagnant les Petits As en 2014, en signant ces autographes, que j'ai compris que je voulais faire ce métier...", révélait Bianca avant la finale.



Cette brune pétillante, adepte de la méditation et de la visualisation, a totalement séduit le public américain par son jeu plein de spontanéité et d'inventivité.

"J'ai vu beaucoup de drapeaux canadiens et roumains pendant mes matchs, ça m'a beaucoup aidé, je dois beaucoup à mes supporters", reconnaissait Bianca.

En finale, malgré la fatigue accumulée par 31 matchs joués en deux mois et demi, malgré un break de retard concédé à l'expérimentée Angelique Kerber au troisième set (3-2), malgré encore trois balles de match manquées à 5-3 sur son service, elle a eu le dernier mot (6/4, 3/6, 6/4) après un formidable combat de 2h18. Contre-pieds, amorties, changements de rythme, tout l'arsenal tactique y est passé, notamment côté coup droit où la pétillante Bianca sait presque tout faire.

Malgré la fatigue, malgré le scénario, malgré tout

Son coach québécois, Sylvain Bruneau, a su relancer sa joueuse en allant la conseiller à 3-2 au troisième en faveur de l'ex n°1 mondiale Kerber.

"Ce moment a tout changé pour moi, a avoué la gagnante. Il m'a vraiment aidé avec des mots très forts. Ce qu'il m'a dit m'a donné la chair de poule. A cet instant du match, j'étais vraiment très fatiguée."



Car Bianca n'est pas seulement une joueuse inventive : c'est aussi une formidable bagarreuse. Au premier tour dans cet Indian Wells 2019, elle avait été menée 3-1 au troisième par la Roumaine Irina-Camelia Begu. En quart et en demi-finale, ce sont des championnes de la trempe de Garbiñe Muguruza et Elina Svitolina qui ont été emportées par la fougue de la "jeunette".

Remarquée grâce à une finale à Auckland en début de saison puis une demi-finale à Acapulco, Andreescu explose plus vite que prévu. Elle avait bien gagné deux titres en double chez les juniors, mais même l'intéressée semble surprise par ce qui lui arrive. Elle était 178e mondiale fin 2018 et faisait logiquement ses classes sur le circuit ITF.

18-year-old @Bandreescu_ outlasted reigning Wimbledon champion Angelique Kerber to claim her first-ever WTA singles title at the BNP PARIBAS OPEN.© FFT / Corinne Dubreuil

"J'ai fait beaucoup de sacrifices pour être une joueuse professionnelle, commentait la "new kid on the block". Je ne suis pas allée au lycée, j'ai déjà connu beaucoup de blessures. Mais évidemment aujourd'hui, je ne regrette rien."

Cette jeune fille n'a sans doute pas fini d'épater le monde. Ce qu'elle a réussi à Indian Wells ne sera sûrement pas sans lendemain. La nouvelle 24e mondiale n'est désormais plus une Cendrillon, mais plutôt une reine en devenir.