Ténors, acte II à Indian Wells

 - Guillaume Baraise

Après l'Open d'Australie, le tournoi d'Indian Wells sera le deuxième grand rendez-vous pour les ténors.

Le cinquième Grand Chelem n'existe pas, mais s'il fallait l'inventer, Indian Wells serait sûrement celui-là. C'est une tradition désormais bien installée, le tournoi californien est le premier grand rendez-vous de la saison hors majeur et l'épreuve inaugurale des ATP Masters 1000 et des Premier Mandatory. Début mars, tout le gratin se presse dans le désert pour tenter de conquérir un titre prestigieux qui figure au palmarès de presque tous les grands champions, chez les hommes comme chez les femmes.

Cette année encore, la compétition s'annonce féroce avec la présence de presque tous les meilleur(e)s. Honneur aux dames tout d'abord, où comme souvent, le tournoi s'annonce très ouvert. Depuis 2007, c'est-à-dire depuis 11 ans, une seule joueuse s'est imposée deux fois dans ce "BNP Paribas open". Non, ce n'est pas Serena Williams, il est vrai absente de l'épreuve pendant 14 ans, mais bien Victoria Azarenka, sacrée en 2012 et 2016.

Autant le dire tout de suite, la Biélorusse ne fera pas partie des favorites pour cette édition. A vrai dire, il est délicat de désigner la joueuse à battre. Naomi Osaka devrait être celle-là. Tenante du titre, elle est aussi la championne des deux derniers Grand Chelem. Sauf que juste après son triomphe à Melbourne, la Japonaise s'est séparée de son coach à la surprise générale et que sa défaite d'entrée à Dubaï face à Kristina Mladenovic a montré que cet événement l'avait perturbé.

Sa réaction sera très attendue. Sa victoire à Indian Wells il y a un an avait été son premier grand coup d'éclat. En finale, elle avait dominé Maria Sharapova (6/4, 6/4). La Russe, à l'image de Serena, cocherait toutes les cases pour prétendre à un nouveau succès à Indian Wells, a, elle, annoncé qu'elle serait malheureusement absente du Indian Wells Tennis Garden après une légère intervention chirurgicale à l'épaule.

Mais si l'on devait désigner les vraies favorites, compte tenu de la forme du moment des joueuses, on parierait sur un quatuor : dans l'ordre du classement, Simona Halep, Petra Kvitova, Sloane Stephens et... l'épatante Belinda Bencic.

Bencic en pleine confiance


Halep bien sûr, figure en tête de liste. Son début de saison, à défaut d'être brillant, a été solide. Et la reine de Roland-Garros 2018 a déjà gagné à Indian Wells, en 2015. Kvitova, elle, est LA joueuse du début de saison. Victorieuse à Sydney, finaliste à l'Open d'Australie et à Dubaï, elle devrait être en mesure de briller enfin dans une épreuve où elle n'a jamais dépassé les quarts de finale. Stephens, elle non plus, n'a jamais réussi une performance digne de son rang dans ce tournoi. Le temps est peut-être venu devant son public.

Quant à Belinda Bencic, elle pourrait bien surfer sur la vague de son magnifique succès à Dubaï. La Suissesse a dominé successivement quatre "top 10" pour s'imposer dans les Emirats (Sabalenka, Halep, Svitolina, Kvitova). Côté confiance, impossible de faire mieux !



La confiance, c'est également le credo de Novak Djokovic. Mais la sienne dure depuis maintenant huit mois... Le "big boss", c'est lui, le grand favori à Indian Wells, ce sera lui. Il n'y a certes pas gagné depuis trois ans, mais il compte cinq victoires en Californie, record partagé avec Roger Federer. Autant dire qu'il aime le lieu. Et la façon dont il a estourbi Rafael Nadal en finale à Melbourne a marqué tous les suiveurs du circuit.

Attention aux gros serveurs


Qui peut raisonnablement espérer battre "Nole" à la régulière ? Ils ne sont pas nombreux. Les conditions particulières du tournoi californien (désert, vent, chaleur, balles rapides) conviennent parfaitement à Federer, mais le Maestro a perdu trois fois sur trois contre le Serbe dans ce tournoi.

Rafael Nadal ? Il n'a gagné QUE trois fois à Indian Wells. Lui aussi a également perdu à trois reprises contre "Djoko" dans ces lieux (ci-dessous, la remise des prix de la finale 2011), mais il l'a quand même battu une fois... en 2007. C'est peu de dire que sa défaite en finale à Melbourne a dû lui faire mal, mais on connaît la capacité du champion à se relever des coups durs. Une revanche est possible, mais on sera évidemment plus confiant pour lui quand arrivera son terrain de jeu favori, la terre battue.

En 2012, Novak Djokovic avait eu raison de Rafael Nadal en finale à Indian Wells.©FFT

Djokovic, Federer, Nadal, oser dire que l'un de ces trois là va s'imposer n'est pas prendre de grands risques... On le sait, la hiérarchie du tennis masculin est bien moins mouvante que celle du tennis féminin. C'est encore plus vrai à Indian Wells où depuis 2004, seul Ivan Ljubicic en 2010 et Juan Martin Del Potro l'an passé sont parvenus à empêcher l'hégémonie du trio infernal. Alors, qui pourrait jouer les trouble-fête ?

Puisque les conditions favorisent souvent les gros serveurs et le jeu offensif, on osera avancer les noms de Kevin Anderson, Milos Raonic, Nick Kyrgios et John Isner. Les jeunes ? Alexander Zverev et Dominic Thiem ne peuvent être oubliés, mais puisqu'il vient de s'imposer à Marseille et qu'il a épaté tout le monde à Melbourne, on mettrait bien une petite pièce sur Stefano Tsitsipas.

On vous prévient quand même, ce premier Masters 1000 de la saison 2019 pourrait être encore une histoire d'habitués. Pour mémoire, Nadal détient à ce jour le record de titres dans les tournois de cette catégorie. Dites 33. Djokovic, lui, en est à 32...