Caroline Wozniacki : un retour réussi et un grand défi

 - Romain Vinot

Tombeuse avec brio de Kimberly Birrell pour son grand retour à la compétition du côté de Montréal, la Danoise affronte Marketa Vondrousova au deuxième tour.

Caroline Wozniacki / Roland-Garros 2023©Pauline Ballet / FFT

A l’heure où la jeunesse dorée prend (enfin) plus de place et de pouvoir sur le circuit, de nombreux anciens continuent de faire de la résistance, à l’image des victoires étincelantes de Gaël Monfils et Milos Raonic face à Christopher Eubanks et Frances Tiafoe, s’il vous plait. Plus réjouissant encore, le très sérieux retour aux affaires de joueuses comblées par leur maternité. Si le meilleur exemple actuel reste bien évidemment Elina Svitolina (quart de finaliste à Roland-Garros et demi-finaliste à Wimbledon), Caroline Wozniacki a d’ores et déjà fait sensation en sortant de sa retraite et en remportant son premier match pour son grand retour à la compétition.

"Je suis simplement ravie d’être de retour"

Trois ans et demi après avoir mis un terme à sa carrière professionnelle suite à une défaite au troisième tour de l’Open d’Australie 2020 face à Ons Jabeur, Caroline Wozniacki a signé une victoire nette et sans accroc contre Kimberly Birrell (6/2, 6/2 en 1h37) lors de son entrée en lice au WTA 1000 de Montréal. Désormais mère de deux enfants (Olivia et James), l’ancienne numéro un mondiale était évidemment comblée d’avoir refoulé victorieusement un court. "Je suis heureuse et un peu fatiguée, a-t-elle expliqué avec le sourire. C’était un plaisir de jouer à nouveau, devant de nombreux spectateurs sur le court central. Je suis ravie d’avoir pu gagner mon premier match en trois ans et demi."

Une première sortie maitrisée pour celle qui a soulevé le trophée ici même en 2010. Face à l’Australienne, 115e mondiale et issue des qualifications, Wozniacki a fait parler sa science du fond de court et a été suffisamment agressive pour breaker à six reprises une adversaire en délicatesse avec sa mise en jeu (10 doubles fautes, 46% de points gagnés derrière sa première et 33% derrière sa seconde). Si elle n’avait pas connu quelques difficultés avec sa serviette – que les ramasseurs apportaient encore directement aux joueuses lors de sa première carrière – personne n’aurait pu voir en elle une joueuse tout juste sortie de retraite.

La tête sur les épaules

Lorsqu’elle a annoncé vouloir ressortir la raquette de la housse, il était bien difficile d’évaluer le niveau physique et technique de la championne de l’Open d’Australie 2018. Bien qu’elle se soit illustrée dans la catégorie légendes à l’occasion des récents tournois du Grand Chelem, cette reprise progressive ne lui donnait aucune assurance vis-à-vis d’un circuit de plus en plus exigeant sur tous les plans.

Et elle en avait bien conscience. "Il faut être réaliste, lorsque qu’on n’a pas été sur le circuit et qu’on n’a pas joué de match depuis si longtemps, on a beau s’entraîner et faire de nombreux sets en practice, on ne peut jamais reproduire ce qui se passe sur un court. Mais je n’ai rien à perdre. J’ai déjà fait tellement de choses dans ma carrière, j’ai coché la plupart des objectifs que je m’étais fixés. Je suis ici parce que j’aime la compétition. J’aime ce sport et j’ai l’impression que j’ai encore beaucoup à donner" avait-elle concédé lors du Media Day à Montréal.

Une impression et un sentiment confirmés malgré son succès inaugural : "Pour être honnête, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. On se dit qu’il faut jouer de telle manière, qu’il faut faire ci, qu’il faut faire ça, mais je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire sur le court parce que je n’avais pas joué un vrai match depuis très longtemps. Surtout, il ne fallait pas que je m’en veuille si je faisais une erreur ou au contraire m’emballer après une bonne frappe. Il s’agissait d’atténuer ces émotions. Je suis très contente de la façon dont j’ai joué et d’avoir réussi à m’en sortir."

Un immense défi en famille

Portée par l’amour de sa famille, Caroline Wozniacki est heureuse de son choix et espère bien sûr que sa nouvelle aventure sera belle. "Je pense que pour moi, c’est très spécial d’avoir ma famille ici, a-t-elle confié. En tant que joueuse de 33 ans qui a évolué sur le circuit pendant des années, je trouve que c’est vraiment cool de le faire avec mes enfants maintenant, surtout l’aînée qui commence à comprendre et à découvrir le monde et différents pays."

Une deuxième carrière qui démarre tambour battant puisque la native de Odense sera opposée dès ce soir à Marketa Vondrousova, récemment titrée à Wimbledon. Un duel entre championnes de Grand Chelem dont elle se méfie forcément. "Marketa est évidemment en feu, a-t-elle analysé devant la presse. Elle a incroyablement bien joué à Wimbledon, elle s’est sortie de situations compliquées et a su garder ses nerfs en finale. C’est évidemment une adversaire difficile. Ce n’est jamais simple de jouer contre une gauchère. Mais vous savez quoi ? Je n’ai rien à perdre. Je vais entrer sur le terrain, prendre du plaisir et voir ce qui va se passer."

Quoi qu’il arrive lors de ce deuxième tour, Caroline Wozniacki aura réussi son come-back. Reste à savoir si elle parviendra à le sublimer, avant de disputer l’US Open, qu’elle a coché dans son calendrier personnel depuis de longues semaines.