Un tour, un match de légende : Nadal - Djokovic (1/2 2013)

Rolandgarros.com vous propose de vivre le tournoi 2020 aux dates initiales à travers des matchs du passé, tour par tour. Ce vendredi 5 juin, retour sur le duel titanesque livré par Rafael Nadal et Novak Djokovic en demi-finale de l’édition 2013.

Le contexte

Eloigné des terrains pendant 222 jours entre juin 2012 et février 2013 pour soigner son genou, Rafael Nadal s’est offert un retour fracassant sur le circuit. Vainqueur à Sao Paulo, Acapulco, Indian Wells, Barcelone, Madrid et Rome, il aborde son 9ème Roland-Garros en tant que tête de série n°3 mais avec une confiance retrouvée. Ses matchs Porte d’Auteuil confortent ce sentiment : s’il a laissé filer un set contre Brands puis Klizan, il n’a ensuite fait qu’une bouchée de Fognini, Nishikori et Wawrinka. Méfiance toutefois car son adversaire du jour est le seul à l’avoir récemment battu, en finale à Monte-Carlo…

Numéro un mondial, Novak Djokovic est toujours à la recherche d’un premier titre à Roland-Garros, seul Grand Chelem qui manque à son palmarès. Finaliste malheureux l’an passé, il espère prendre sa revanche sur son bourreau. Son récent sacre sur la terre battue monégasque et son parcours sans encombre (un seul set perdu en cinq matchs) dans cette édition 2013 constituent de sérieux arguments.

Le match

Annoncé comme une finale avant l’heure, ce 35ème duel entre les deux joueurs a pris son temps avant de côtoyer le sublime. Pourtant bien entré dans la partie, Djokovic cède son engagement en premier à 3/3 et ne reverra plus le Majorquin dans ce premier set, adjugé 6/4 après 52 minutes de jeu. De nouveau breaké rapidement dans la deuxième manche, le Djoker sonne enfin la révolte pour revenir puis prendre le service de son adversaire à son tour. Après 1h40, il revient à égalité (6/3) dans un match qui a enfin gagné en intensité. Mais le réveil de Djoko est de courte durée. Après avoir remporté les quatre derniers jeux du deuxième set, il laisse filer les cinq suivants en multipliant les fautes. Méconnaissable, il évite la bulle de peu en écartant deux balles de set mais s’incline tout de même 6/1.

Le niveau de jeu en dent de scie du numéro un mondial ne perturbe pas Rafa, qui assène ses coups puissants et lui fait régulièrement visiter le court Philippe-Chatrier. Profitant d’une énième grosse erreur, il réussit même un nouveau break à 3/3 au quatrième. Le sommet tant attendu tourne à la démonstration, pense-t-on. Mais tant que Djokovic est sur le court, le danger subsiste. Et comme souvent, le Serbe refait surface au meilleur moment. Il rattrape son retard, retrouve de très belles zones, frappe fort et s’encourage bruyamment. A 6/5, Nadal sert pour le match mais le Serbe repousse l’échéance et s’offre un tie-break d’une intensité incroyable. Le public exulte, il a enfin droit au sommet tant attendu. Djokovic s'impose 7 points à 3 sur un passing de coup droit dans les pieds de Nadal.

Pour la deuxième fois seulement de sa carrière, le roi de la terre battue est poussé au cinquième set à Roland-Garros. A deux points du match quelques minutes plus tôt, il semble désormais sonné par les coups de boutoir de Djokovic, qui rejoue avec les lignes et prend les devants avec force et détermination. 2/0 puis 3/1 dans une manche déjà irrespirable. Mais le renoncement ne faisant pas partie du vocabulaire de l’Espagnol, il s’accroche et à 4/3 40-40, survient le tournant du match : Djokovic perd l’équilibre et commet l’erreur de toucher le filet après avoir frappé une volée haute pourtant anodine. Il palabre à tort avec l’arbitre Pascal Maria, se déconcentre mais le point revient logiquement à l’Espagnol qui finit par revenir à 4-4 quelques minutes plus tard.

Déjà exceptionnelle depuis le tie-break du 4ème set, la rencontre devient magistrale. La pression s’est inversée, Djokovic court désormais après le score et les deux hommes se jettent sans retenue dans la bataille, à l’image de cet incroyable coup droit bombé en bout de course du Majorquin (5/4, 30-15) qui vient se loger sur la ligne. L’horloge tourne mais la fatigue n’a pas d’impact sur la qualité de jeu, bien au contraire.

A 6/6, Rafa enchaîne un coup droit long de ligne puis un revers long de ligne gagnants pour écœurer son vis-à-vis. Djoko s’accroche mais il montre des signes d’agacement et supplie l’arbitre de faire arroser le court, la terre battue étant trop sèche à son goût. Le Serbe perd ses nerfs et sa lucidité, manquant notamment des smashs largement à sa portée. Désormais mené 8/7, il craque complètement au moment de servir pour rester dans le match. Trois fautes et un revers croisé exceptionnel de Nadal scellent le sort de cette demi-finale historique (6/4, 3/6, 6/1, 6/7, 9/7 en 4h37) saluée comme il se doit par une standing ovation d’un court Central encore sous le choc et le charme.

Déclarations

Nadal : "Vous ne vivez pas ce genre de match tous les jours. Quand ils arrivent, vous souffrez. Mais j’ai aimé souffrir. Parce que l’année dernière, ces matchs-là, je les regardais à la télé, à Majorque."

Djokovic : "Quand il est breaké dans le 5e, il a envoyé des coups incroyables. C’est pour ça que c’est un champion, c’est pour ça qu’il domine Roland-Garros depuis tant d’années."

Statistiques

Points gagnants : Nadal 61 / 54 Djokovic

Fautes directes : Nadal 44 / 75 Djokovic

La suite

La souffrance et la fatigue accumulées pendant cette demi-finale n’empêcheront pas Rafael Nadal de battre son compatriote David Ferrer deux jours plus tard, s’adjugeant ainsi un huitième titre Porte d’Auteuil. Eliminé au premier tour à Wimbledon, il remportera quelques semaines plus tard son deuxième US Open (en battant Djokovic en finale) et terminera l’année numéro un mondial.

De son côté, Novak Djokovic atteindra les finales de Wimbledon et de l’US Open et remportera les Masters 1000 de Pékin et Bercy avant de triompher au Masters de Londres (en battant Nadal en finale). Une belle année tout de même donc puisqu’elle avait débuté avec un nouveau titre à l’Open d’Australie. Il lui faudra toutefois attendre 2016 avant d’inscrire son nom au palmarès du Grand Chelem parisien.

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