En haut, du nouveau !

 - Rémi Bourrieres et Julien Pichené

À la découverte des cinq joueuses inattendues du haut du tableau.

Cinq joueuses très inattendues se sont hissées en huitièmes de finale du haut de tableau. Découverte.

Aliona Bolsova : pour Marcelo

21 ans, première participation à un tournoi du Grand Chelem.

137e joueuse mondiale, l’Espagnole d’origine moldave fait le tournoi de sa vie. Partie des qualifications, elle est déjà assurée d’intégrer le top 100 après ses "perfs" contre Vera Zvonareva, Sorana Cirstea et Ekaterina Alexandrova.

Depuis quelques jours, la joueuse aux impressionnants tatouages (un lion orne son épaule gauche) n’a jamais été autant sollicitée.

"La radio, la télé espagnole… Tout le monde veut me parler. Je n’ai jamais reçu autant de demandes des médias de toute ma vie." Et son émotion est d’autant plus forte que Marcelo Wieliwis Rey, qui fut son entraîneur pendant cinq ans, est décédé des suites d’un cancer juste avant le tournoi.

"C’est la première fois que je perds un proche. Quand je joue, je pense à Marcelo. Je suis tellement émue de penser à tout ce qu'il m'a appris. J'espère que, de là où il est, il me regarde et il est fier de moi."

Sofia Kenin : la "french touch"

20 ans, premiers matches gagnés à Roland-Garros.

Il n'y a plus de Françaises en simple dames à Roland-Garros, c'est entendu. Mais la patte du tennis tricolore est néanmoins encore prégnante, par l'entremise notamment de Sofia Kenin, qui a causé la surprise au tour précédent en terrassant sa compatriote Serena Williams.

Née en Russie (pays d'origine de ses parents), la jeune Américaine de 20 ans a en effet longtemps été entraînée par l'ancien joueur français Cyril Saulnier au sein de la ProWorld Tennis Academy (PWTA), à Delray Beach, en Floride. Ce dernier était notamment à ses côtés lors de sa victoire à l'Orange Bowl en 2014 et de sa finale à l'US Open juniors en 2015.

Sofia - vous pouvez l'appeler Sonya - y est désormais assistée par Maxime Kouyate, un ami d'enfance d'Enzo Tsonga (le frère de Jo-Wilfried). Victorieuse cette année de son premier titre WTA à Hobart, elle affronte en huitièmes l'Australienne Ashleigh Barty (n°8), dont nous vous invitons à lire le portrait.

Sofia Kenin - Serena Williams - Roland-Garros 2019 ©Corinne Dubreuil / FFT

Amanda Anisimova : un court d'histoire

17 ans, premiers matchs gagnés à Roland-Garros.

Parmi la vague de jeunes joueuses américaines déferlant actuellement, Amanda Ansimova - d'origine russe, comme sa compatriote Sofia Kenin - n'est pas la moins prometteuse, en tout cas pas la moins précoce. Sur ce plan, elle est même en train d'écrire l'histoire de son pays.

En début d'année, elle est devenue, à 17 ans et 5 mois, la plus jeune Américaine à atteindre la deuxième semaine à l'Open d'Australie depuis Jennifer Capriati en 1993 (16 ans et 8 mois) ; et en Grand Chelem depuis Serena Williams en 1998 à Roland-Garros (16 ans et 9 mois).

Amanda, dont le tennis repose sur la puissance de ses coups, est ensuite devenue, à Bogota, où elle a remporté son premier titre WTA, la plus jeune Américaine à remporter un titre depuis Serena Williams à Indian Wells en 1999. Et la plus jeune Américaine à triompher sur terre battue depuis Lindsay Davenport à Lucerne en 1993 (16 ans et 11 mois).

Deviendra-t-elle, désormais, la première teenager à remporter un tournoi du Grand Chelem depuis Maria Sharapova à l'US Open 2006 ?

Iga Swiatek, "la nouvelle Radwanska"

18 ans depuis le 31 mai, première participation à Roland-Garros.

Les Polonais la désignent déjà comme la "nouvelle Agnieszka Radwanska".

"J’essaie de me couper de cela et de me concentrer sur mes propres objectifs. Cependant, je ne vais pas fuir les comparaisons", commente la gagnante de Wimbledon juniors l’an passé. Il est vrai que tout va très vite pour cet espoir au grand gabarit (elle mesure 1,76m et n’a peut-être pas fini sa croissance), classée 104e mondiale.

Iga Swiatek - Roland-Garros 2019Iga Swiatek - Roland-Garros 2019

"Sur le circuit juniors, j’avais confiance en moi. Mais je ne savais pas que tout s'accélérerait autant. Je suis ravie que tout se déroule bien. Je ne pensais pas, bien entendu, avoir un tel résultat cette année !"

Née le 31 mai 2001, Iga Swiatek a fêté ses 18 ans vendredi dernier. Il n’est pas banal pour un joueur ou une joueuse de célébrer sa majorité en réussissant son meilleur tournoi. Mais cela s’est déjà vu à Roland-Garros, avec Björn Borg en 1974. Bel exemple à suivre…

Katerina Siniakova : enfin simple !

23 ans, premier huitième de finale en Grand Chelem.

Considérée depuis pas mal de temps comme un espoir du tennis mondial, notamment après avoir remporté ses deux premiers titres sur le circuit WTA en 2017 (à 21 ans à peine), la Tchèque a tout d'abord confirmé... en double.

Elle est ni plus ni moins que la (discrète) n°1 mondiale de la discipline après avoir remporté l'an passé Roland-Garros et Wimbledon aux côtés de sa compatriote Barbora Krejcikova.

Une position qu'elle pourrait perdre à l'issue de ce Roland-Garros, les deux joueuses ayant été battues cette année au premier tour.

Pas sûr pour autant que Siniakova nourrisse beaucoup de regrets sur son tournoi. Car cette année, c'est en simple qu'elle éclate en pleine lumière après avoir terrassé Maria Sakkari puis la numéro un mondiale Naomi Osaka, pour atteindre son premier huitième de finale en Grand Chelem.

De là à y voir un lien de cause à effet, il y a un pas. Siniakova estime au contraire que le double l'a beaucoup aidée à en arriver là : "Cela m'a permis, déjà, de disputer des matches sur des grands courts. Et cela m'aide beaucoup dans mon jeu."

Un jeu dont ressort la vitesse de ses coups - son revers à plat est une flèche ! - mais avec une pincée de variété et une "main" tout à fait révélatrice de la joueuse de double. Avec sa raquette zébrée assortie à sa robe, Siniakova n'a peut-être pas fini de semer la zizanie !