Ashleigh Barty en cinq leçons

 - Julien Pichené

Tout ce qu'il faut savoir sur l'Australienne, quatrième joueuse la mieux classée encore en course dans le tableau féminin.

Ashleigh Barty© Julien Crosnier / FFT

Déjà vedette chez elle en Australie, Ashleigh Barty (n°8) n’est pas encore aussi connue au pays de Roland-Garros. Comme elle pourrait bien jouer les premiers rôles dans cette édition 2019, voici ce qu’il faut savoir pour être au point... avant de la voir disputer son troisième tour ce samedi contre Andrea Petkovic.

Elle a fait une pause de 18 mois… pour jouer au cricket

Après sa défaite au premier tour de l’US Open, Ashleigh Barty, alors anonyme 186e joueuse mondiale, décide de faire une pause…. à seulement 18 ans.

Difficile de sillonner le monde onze mois par an en restant constamment loin de ses terres australes. "Je voyageais depuis mon plus jeune âge. Je voulais faire l’expérience d’une vie normale, avoir la vie normale d’une adolescente."

Quelques mois plus tard, elle rencontre l’équipe australienne de cricket pour évoquer son passé de sportive professionnelle. C’est le coup de foudre pour cette discipline, qu’elle n’a alors jamais pratiquée...

L’entraîneur du Queensland Fire, Andy Richards, se souvient d’avoir été estomaqué. "La première fois qu’elle a pris une batte, c’était remarquable. Elle n’a pas raté une seule balle de sa première semaine." Ses qualités lui permettent même d’intégrer rapidement une équipe de Brisbane avec laquelle elle dispute plusieurs rencontres pro.

Avant de reprendre le tennis mi-2016 : "J'avais besoin de ce temps pour moi. C’était un moment agréable de ma vie. Je me suis retrouvée moi-même. J’ai rencontré un groupe de filles formidables et un nouveau cercle d’amis. Je suis revenue en étant une meilleure personne, sur et en dehors du court. Mais je pense que j’étais une joueuse moyenne. Je suis bien meilleure au tennis."

Un ancien huitième de finaliste de Roland-Garros l'a aidé à ses débuts

Aujourd'hui, son mètre 66 en fait la plus petite joueuse du top 10. Enfant, son gabarit de poche l'a écartée du netball, que pratiquent ses deux grandes sœurs. À la recherche d'une autre activité, elle s'essaie alors au tennis, qui reste l'un des sports majeurs dans ce pays qui a connu tant de champions.

"J'avais l'habitude de taper la balle pendant des heures en rentrant de l'école, dans notre jardin, contre le mur du salon." Dès l'âge de 9 ans, Barty s'exerce avec des garçons de 15 ans. Et à 12 ans, elle joue contre des adultes.

C'est là que Scott Draper (huitième de finaliste à Paris en 1995 et 1996) s'intéresse au phénomène et dirige ses entraînements. Trois ans plus tard, c'est au tour d'un autre ancien joueur "aussie", Jason Stoltenberg, 19e mondial en 1994, de prendre le relais.

C'est lui qui accompagne Barty lors de ses années juniors. Mais le décollage est douloureux : entre le 1er janvier et le 31 décembre 2013, elle ne passe que 27 jours chez elle.

Son revers slicé est redoutable

C'est un coup vintage. Un peu oublié aujourd'hui, presque en voie de disparition. Mais c'est une pièce majeure dans l'arsenal d'Ashleigh Barty, qui en était très contente après son deuxième tour contre l'Américaine Danielle Collins (33e).

"C'est une part importante de mon jeu, cela l'a toujours été. On me l'a appris très jeune, j'ai toujours essayé de l'utiliser au maximum, plus dans certains matchs que dans d'autres. Parfois, il vaut mieux que je combine avec d'autres coups. Aujourd'hui, j'ai pu l'utiliser de manière efficace." explique celle qui sera le danger numéro un pour l'équipe de France lors de la finale de la Fed Cup à partir du 10 novembre.

Ashleigh Barty©Julien Crosnier / FFT

Elle est d'origine aborigène...

... par son papa, Robert, qui est de la communauté des Ngarigo. Elle a donc un point commun avec la gagnante de l'édition 1971, Evonne Goolagong. Ashleigh Barty est très engagée dans cette cause : elle est l'ambassadrice de Tennis Australia, et chargée de dénicher de jeunes talents parmi le peuple aborigène. "J’essaie simplement de montrer le bon exemple et d’être un modèle par mes actions" ,dit-elle.



Le Premier ministre australien est venu la voir jouer à l'Open d'Australie

Il y a encore quelques années, on aurait plutôt miser sur Nick Kyrgios ou Bernard Tomic pour servir de locomotive au tennis australien. Mais Ashleigh Barty a doublé tous ses compatriotes en 2017, l'année où elle est passée de la 325e à la 17e place.

Lors du dernier Open d'Australie, c'est elle que le Premier ministre est venu voir jouer. Le 20 janvier, Scott Morrison était présent dans les tribunes de la Rod Laver Arena pour la voir gagner contre la Russe Maria Sharapova, avant de la retrouver en coulisses pour la féliciter de vive voix.