Wimbledon : Vondrousova – Jabeur, l’histoire sera belle

 - Romain Vinot

Qui de Marketa Vondrousova ou Ons Jabeur soulèvera le Venus Rosewater Dish ?

Ons Jabeur / Demi-finales Wimbledon 2023©Corinne Dubreuil / FFT

Ce samedi, Wimbledon sacrera une nouvelle championne en Grand Chelem. Déjà présente à ce stade de la compétition l’an dernier, Ons Jabeur a une nouvelle opportunité d’écrire l’histoire de son pays, du monde arabe et du continent africain. Mais en face, Marketa Vondrousova, qui a déjà battu quatre têtes de série lors de son glorieux parcours, peut devenir la première joueuse non tête de série de l’ère Open à être sacrée au All England Club.

Ons Jabeur (n°6) : la fierté de tout un peuple

Peu importe la joueuse qui sera sacrée ce samedi, il ne s’agira en rien d’un hold-up. Et c’est d’autant plus vrai pour Ons Jabeur, dont les performances exceptionnelles à Londres ont confirmé qu’elle était bien la meilleure joueuse sur herbe depuis 3 ans (28 victoires). "Je pense que cette année, le tableau a été beaucoup plus difficile, a-t-elle confirmé en conférence de presse. J’ai joué contre des joueuses extraordinaires, qui jouent bien sur toutes les surfaces et notamment sur gazon. Mais c’est peut-être une bonne chose, cela me donne plus de confiance et j’ai pris le rythme pour être prête samedi."

Ons Jabeur / Wimbledon 2023©Corinne Dubreuil / FFT

Pour rallier une troisième finale lors des cinq dernières levées en Majeur, elle a éliminé consécutivement quatre championnes en Grand Chelem, le tout en effectuant trois remontadas sublimes face à Bianca Andreescu, Elena Rybakina et Aryna Sabalenka. Copie quasi conforme de son quart de finale, sa demie contre la numéro 2 mondiale a une nouvelle fois prouvé que son talent et sa force mentale sont sans limites. "Je travaille sur moi comme une folle, a-t-elle poursuivi avec le sourire. Vous n'avez pas idée de ce que je fais. Chaque fois qu’il se passe quelque chose, je suis très dure avec moi-même, j'essaie de tout améliorer."

Malgré les blessures, malgré les échecs tout aussi douloureux, la Tunisienne s’est toujours relevée, évoquant à qui voulait bien l’entendre qu’elle apprendrait de ses erreurs et de ses défaites : "L’année dernière, c’était ma première finale en Grand Chelem. Je me rapproche de cette fameuse victoire que j’ai toujours souhaitée. Je dirais que j’y ai toujours cru. Mais parfois, vous doutez et vous vous demandez si cela va vraiment arriver un jour. Le fait d’aller loin dans les tournois vous aide à y croire davantage. En ce qui me concerne, j’apprends beaucoup, non seulement de ma finale perdue ici mais aussi de celle de l’US Open. Je donne le meilleur de moi-même et peut-être qu’il s’agissait d’essayer deux fois pour réussir la troisième."

Comme l’an passé, la Ministre du Bonheur n’est plus qu’à une marche de devenir la première joueuse du monde arabe et du continent africain titrée en Grand Chelem. Mais elle n’a jamais semblé aussi prête à soulever un trophée dont elle rêve depuis sa plus tendre enfance. L’immense pression qui pèse sur ses épaules n’a d’égale que son envie.  

Marketa Vondrousova : no rain, no flowers

Une dernière marche sur laquelle elle retrouvera donc Marketa Vondrousova. Si la Tchèque n’a pas le pédigrée des dernières adversaires de Jabeur, elle n’en est pas moins très dangereuse. Et la 6e joueuse mondiale le sait mieux que personne puisqu’elle a perdu leurs deux dernières confrontations, à l’Open d’Australie et Indian Wells cette année. Une autre surface et une autre condition physique pour la Tunisienne mais une preuve que la gauchère au jeu aussi puissant que délicat peut contrecarrer les plans de l’artiste. "J’ai l’impression que nous avons des points communs, a analysé la Tchèque face aux journalistes. Nous utilisons beaucoup les amorties et les slices. Nous avons joué l’une contre l’autre plusieurs fois cette année et on devait se retrouver au premier tour à Eastbourne mais j’ai dû déclarer forfait. Ons a joué une finale ici et à l’US Open, elle a l’habitude de ces grands rendez-vous."

Ons Jabeur & Marketa Vondrousova / Open d'Australie 2023©Corinne Dubreuil / FFT

Des projets, elle en a d’ailleurs annihilé quelques-uns pendant cette quinzaine, en s’offrant notamment le scalp de quatre joueuses têtes de série. Après des succès plus ou moins accrochés face à Veronika Kudermetova (n°12), Donna Vekic (n°20) et Marie Bouzkova (n°32), elle a renversé Jessica Pegula (n°4) alors que cette dernière menait 4-1 et avait une balle de 5-1 dans le set décisif.

Dominatrice et expéditive en demi-finale contre la vaillante Elina Svitolina, elle est surtout parvenue à maîtriser l’immense tension qui l’a envahie alors qu’elle aurait pu mener 5-0 et se faciliter sa conclusion. "Je n’arrive pas à y croire. Je suis vraiment très heureuse d’avoir réussi à me hisser en finale, déclarait-elle en bord de court. Svitolina est une très belle personne et une combattante, c’était très difficile. J’étais plus nerveuse que jamais pendant tout le match. Quand elle est revenue dans le deuxième set, j’étais sous tension mais j’ai essayé de rester concentrée."

Mais si la finaliste de Roland-Garros 2019 et des Jeux Olympiques de Tokyo a plus que mérité sa place, la retrouver sur le Centre Court ce dernier samedi de quinzaine n’en reste pas moins une très grosse sensation. D’une part parce que de nombreuses blessures l’ont privée d'une progression constante et qu'une opération du poignet a ruiné sa saison 2022. Son tatouage "no rain, no flowers" a forcément une résonnance particulière sur l’herbe londonienne.

Et d’autre part parce qu’elle n’avait jamais dépassé le deuxième tour à Londres et seulement gagné 4 matchs sur gazon avant cette édition 2023 (10 victoires pour 11 défaites désormais). "Ici, c'était inimaginable parce que je n'avais pas joué beaucoup de matchs sur gazon auparavant. Pour moi, quand c'est sur terre battue ou sur dur, je me dis que c’est peut-être possible. Mais sur herbe, c'était impossible pour moi. Ça rend tout ça encore plus fou." Fou peut-être, mérité et magnifique, sans aucun doute.

Que la championne du jour soit Ons Jabeur ou Marketa Vondrousova, une chose est sûre : l’histoire sera belle.