Wimbledon : Kyrgios au défi Djokovic

 - Amandine Reymond

Nick Kyrgios contre Novak Djokovic, ce sera donc l’affiche de la finale du simple messieurs de cette édition 2022 de Wimbledon. Une affiche prometteuse en termes de niveau de jeu et d’émotions.

Nick Kyrgios, Wimbledon 2022©Corinne Dubreuil / FFT

Si Novak Djokovic, six fois vainqueur sur le Centre Court, 20 fois titré en Grand Chelem et sur une série de 27 victoires consécutives à Wimbledon part logiquement favori, lui et tous les observateurs savent qu’il devra se méfier de Nick Kyrgios. D’abord parce qu’il n’a jamais pris un set à l’Australien qui l’a battu lors de leurs deux seuls précédents affrontements. Mais aussi parce que s’il existe un joueur non tête de série capable de créer la surprise lors de cette finale c’est évidemment Nick Kyrgios. 

Nick Kyrgios Wimbledon 2022©Corinne Dubreuil / FFT

Kyrgios, meilleur dans l’adversité

Novak Djokovic, Roger Federer, Rafael Nadal… Il les a tous déjà battus. Capable du meilleur comme du pire, Nick Kyrgios n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il affronte les plus grands joueurs. Comme s’il avait besoin d’être au pied d’une montagne pour se transcender, l’actuel 40e joueur mondial, montre son meilleur visage dans les grands rendez-vous. Dimanche, il aura l’occasion de confirmer cette tendance face au plus gros défi qui lui ait jamais été proposé : une finale de Grand Chelem, sa première, contre Novak Djokovic qui disputera lui sa 32e, sa 8e à Wimbledon.

"Je pense que je suis l’un des plus grands compétiteurs que je connaisse. Et j’ai rencontré beaucoup de gens ! J’aime le tennis mais j’aime encore plus la compétition, a commenté l’Australien en conférence de presse vendredi. J’adore me confronter à quelqu’un d’autre. J’aime le fait qu’il y ait un gagnant et un perdant. Et une chose dont je suis sûr, c’est que, que je gagne ou que je perde, dimanche je serai heureux. C’est un tel accomplissement, quelque chose que je ne pensais pas atteindre, surtout à 27 ans."

Prise de conscience

Il n’en revient déjà pas d’être en finale pour la première fois mais Nick Kyrgios rêve forcément de gravir cette dernière marche qui le sépare d’un premier titre du Grand Chelem. 

Souvent critiqué pour son inconstance et son manque de professionnalisme, Nick Kyrgios a l’occasion de confirmer de la plus belle des manières ses récents progrès en la matière. Une amélioration qu’il attribue à une prise de conscience sur la meilleure façon de gérer ses efforts en Grand Chelem survenue à Melbourne lors de son épopée en double avec Thanasi Kokkinakis en début d’année. "Même si le double n’est pas aussi exigeant physiquement que le simple j’ai réalisé que deux semaines c’était vraiment long. On ne peut pas profiter des jours off comme on voudrait. Il faut rester à la maison, être calme, se reposer. Faire ce qu’il faut les jours de match et s’entraîner et se reposer les jours off et prendre les choses comme elles viennent. On peut être à 4 points de la défaite au premier tour (victoire 7/5 au cinquième set contre Paul Jubb) et 11 jours plus tard être qualifié pour la finale de Wimbledon…"

Dimanche, lui qui se disait déjà très nerveux vendredi, devra arriver à maitriser ses nerfs pour défier Novak Djokovic dans un match qui pourrait bien faire des étincelles. Même si, depuis leurs premiers affrontements, de l’eau s’est écoulée sous les ponts et les relations entre les deux joueurs se sont apaisées. Nick Kyrgios parle même de "bromance" naissante entre lui et le Serbe 

"C’est bizarre. Je pense que tout le monde sait qu’il n’y avait pas forcément beaucoup d’affection entre nous pendant un moment. Je pense que c’était bien pour notre sport. A chaque fois qu’on s’affrontait il y avait un peu d’électricité autour de nos matchs."

Si l’amitié évoquée par Nick Kyrgios a été quelque peu nuancée par Novak Djokovic, ce dernier a confirmé que leurs relations avaient évoluées récemment. "Quand c’était vraiment difficile pour moi en Australie en début d’année, il a été l’un des rares joueurs a me soutenir publiquement. C’est quelque chose que j’apprécie vraiment et je le respecte beaucoup pour ça."

Djokovic entre expérience et pression

Le Serbe, déjà six fois titré à Wimbledon où il disputera dimanche sa 8e finale, sa 32e en Grand Chelem, aura l’avantage de l’expérience mais aussi le poids de l’histoire sur ses épaules lui qui vise un 21e titre du Grand Chelem pour dépasser Roger Federer (20) et se rapprocher de Rafael Nadal (22)

"J’ai évidemment conscience des enjeux. Il y a forcément beaucoup en jeu lors de chaque match, chaque Grand Chelem que je dispute à ce stade de ma carrière.Je ne sais pas combien d’opportunités j’aurai encore de gagner un titre du Grand Chelem. Donc évidemment j’aborde ce match avec un état d’esprit positif, confiance en moi et volonté de gagner. Ça ne fait aucun doute.

Je ne veux pas expliquer en détail quelles sont mes routines mais il y a des choses que je fais pour me mettre dans les meilleures conditions mentales, émotionnelles et physiques. Ce ne m’assure évidemment pas de gagner car beaucoup de choses peuvent se passer sur le court avec la pression et les attentes. Parfois vous le gérez mieux que votre adversaire, parfois non. Mais l’expérience que j’ai à ce niveau, le fait de jouer une finale contre quelqu’un qui n’en a jamais disputée, pourrait jouer légèrement en ma faveur. Mais en même temps sachant qu’il il est et connaissant son jeu et son attitude sur le court, il ne paraît pas subir vraiment la pression. Il joue sans complexes à chaque fois qu’il entre sur le court. Il est tellement puissant au service et dans le jeu. Je suis sûr qu’il va tout donner pour aller chercher la victoire. Je m’attends à ça et je vais faire en sorte d’être prêt pour ce match et que le meilleur gagne !"