Le comeback d'Andy Murray

 - Amandine Reymond

Au bord de la défaite contre Yoshihito Nishioka, Andy Murray a signé en cinq sets son premier succès en Grand Chelem depuis deux ans.

Andy Murray fist pumping after a victory.©Corinne Dubreuil/FFT

"Never. Ever. Give. Up." "Ne jamais abandonner".

C’est avec ces mots qu’Andy Murray a sobrement commenté sa victoire en cinq sets contre Yoshihito Nishioka, 49e mondial, au premier tour de l’US Open 2020.

Revenu de l’enfer pour s'imposer 4/6, 4/6, 7/6(5), 7/6(4), 6/4 en 4h40 après avoir été mené deux sets à un, break et avoir sauvé une balle de match, Andy Murray sait mieux que personne ce que persévérance et abnégation signifient. 

En janvier 2019, c’est en larmes qu’on l’avait vu quitter la Rod Laver Arena de Melbourne après sa défaite en cinq sets contre Roberto Bautista Agut. A ce moment-là, la fin de carrière de l’Ecossais, dont la hanche droite donnait de plus en plus de signes de faiblesse, semblait inéluctable pour beaucoup. Mais, deux opérations et une toute nouvelle hanche en métal plus tard, l’ex-numéro un mondial est toujours là et bien là ! 

Après deux années très perturbées en 2018 et 2019, le triple vainqueur en Grand Chelem, retombé à la 837e place en juillet 2018 n’a jamais abandonné. 

"Beaucoup de gens m’ont dit que je devrais arrêter, et c’est probablement ce qui m’a motivé à me battre encore plus. Quelques chirurgiens et événements m’ont laissé penser que c’était fini et ça m’a vraiment agacé. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles je voulais revenir mais si je n’avais pas réussi à être compétitif je n’aurais pas continué."

Persévérant et combatif sur le court comme en dehors, l’Ecossais n’a jamais baissé les bras, même si le doute s’est parfois insinué dans son esprit. 

Vainqueur à Anvers en octobre 2019 de son 46e titre, le premier depuis ses deux interventions, l’Ecossais a connu un nouveau coup d’arrêt en fin de saison dernière alors qu’il commençait peu à peu à retrouver son niveau. "Quand j’ai fait une rechute en novembre dernier alors que je redevenais compétitif, ça a été assez difficile car je ne savais pas si ça allait s’améliorer ou pas…"

Absent du circuit depuis les finales de la Coupe Davis en novembre dernier, Andy Murray a persévéré à l’entraînement et renoué avec la compétition lors du Masters 1000 de Cincinnati disputé à New-York la semaine dernière (défaite au troisième tour contre Milos Raonic après deux belles victoires contre Frances Tiafoe et Alexander Zverev). 

Un comeback spécial pour le guerrier écossais

Mardi sur le court Arthur Ashe, même s’il a longtemps semblé dépassé physiquement lors de ses deux premiers sets face à Yoshihito Nishioka, l’Ecossais, fidèle à sa réputation de guerrier a continué à se battre. "Les deux premiers sets étaient compliqués, il dictait le jeu. Moi j’essayais d’être agressif mais je faisais beaucoup trop de fautes."

"C’est vraiment spécial de m’en sortir parce que je n’ai vraiment pas joué à mon meilleur niveau. Il n’y avait pas de spectateurs, c’était un match long, en cinq sets, mon premier depuis longtemps. C’est bien de m’en être sorti !"

"J’ai déjà été plus usé physiquement après des matches, j’ai déjà réussi de plus grands comebacks mais sachant tous les efforts et le travail qu’il a fallu pour arriver à ce point, tout le voyage… C’est sûr que c’est peut-être le plus dur, a confié l’ex-numéro un mondial aux journalistes après la rencontre. J’étais près de la sortie et j’ai continué à me battre, je suis fier de ça.

J’étais très ému tout de suite à la fin du match, a-t-il reconnu. Et quand je suis revenu au vestiaire, j’ai vu tous les messages de ma famille, de mes amis et de mon équipe. Ce sont ceux qui m’ont vu tout traverser, qui étaient là, qui ont partagé les moments durs… Je ne sais pas combien d’entre nous ont réellement cru que je gagnerais de nouveau ce genre de matches…"

Opposé au deuxième tour au Canadien Felix Auger-Aliassime, Andy Murray devra de nouveau puiser dans ses ressources s’il veut voir plus loin mais au soir de cette première victoire en Grand Chelem depuis deux ans, l’heure était au soulagement : "Cette victoire représente tellement, il a fallu tellement de choses pour y arriver. "