"Marco m’a donné envie de pleurer"

 - Iris Chartreau et Alexandre Coiquil

Le phénomène Marco Cecchinato, ce sont encore ses compatriotes qui en parlent le mieux.

Roland-Garros 2018, 8e de finale, Marco Cecchinato, ©Julien Crosnier / FFT

Révélation de ce Roland-Garros 2018, Marco Cecchinato détonne et questionne. Voici un portrait du Sicilien à travers un prisme 100 % italien. Des proches, des journalistes, des fans... Ils nous dépeignent "leur" phénomène Cecchinato.

L’œil technique

Simone Vagnozzi, son entraîneur : "Il a la gagne en lui"

"Marco n’a pas un jeu très puissant, mais j'ai regardé les statistiques et c'est celui qui frappe le coup droit le plus fort après Rafael Nadal. Donc j’étais content de cette statistique. Il doit utiliser toutes les armes qu’il a et continuer ce qu’il est en train de faire. Il ne doit pas se dénaturer.

Pendant le tie-break face à Novak Djokovic, j’y croyais. Quand j’ai vu à 3-1 que ses deux balles suivantes (pour 3-3, ndlr) sortaient d’un centimètre, je me suis dit : 'On va y arriver'. Après, ce sont les nerfs qui font la différence. Je pense qu’il a bien géré. Et ç'a été le secret de sa victoire. Lui, il a ce don de savoir comment gagner des matchs. Ce n’est pas quelque chose que tu peux apprendre, c’est un don que tu as par nature. Et j’ai la chance, moi, d’avoir un athlète qui a cette capacité."

Umberto Ferrara, son préparateur physique : "Il lui manquait le sens du travail"

"Marco a beaucoup de capacités au point de vue physique. C’est un athlète complet. Ce qui lui manquait, c’était d’avoir le sens du travail. C’est le domaine où il a fait le plus de progrès. Il a une approche différente désormais."

L’œil historique

Ubaldo Scanagatta, journaliste : "Il a un caractère et une personnalité"

"Quand Adriano Panatta a gagné en 1976, j’ai pleuré, et après la victoire de Marco face à Novak Djokovic, j’étais très proche de pleurer. Même maintenant que j’y repense, je dois dire que j’ai envie de verser quelques larmes. Cela faisait 40 ans de frustration, où aucun Italien n’est allé en demi-finales, pas seulement à Roland Garros, mais dans aucun des autres tournois du Grand chelem. Qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai couvert 150 Grands chelems. Je ne suis jamais arrivé en demi-finales avec un joueur italien donc l’émotion a été très très forte. J’ai embrassé tous ceux qui étaient à côté de moi quand il a gagné contre Djokovic. Nous nous sommes d'ailleurs tous embrassés entre journalistes."

"Cecchinato, personne ne le connaissait bien avant. Je n’ai jamais entendu un entraîneur italien, ni même les autres dire : 'Ah nous avons Cecchinato, qui a un grand potentiel'. Même Corrado Barazzutti, le capitaine de l'équipe d'Italie de Coupe Davis. Donc soit personne ne comprend rien, soit il a vraiment surpris tout le monde ! Ce qui est sûr, c'est que voir un Sicilien, à 16 ans, décider d’aller s’entraîner dans le Sud-Tyrol, c'est une marque forte de caractère. Cela démontre une personnalité et une énorme détermination. Ces résultats n’arrivent pas par hasard."

L’œil des supporters palermitains

Fabrizio, Dario et Enrico : "Une véritable fierté"

"Cela fait quinze ans que l’on vient assister à chaque édition du tournoi. Voir un joueur de Palerme en demies, c'est une véritable fierté ! Son parcours a été une belle surprise. A Palerme, on savait que c'était un bon joueur, mais il n'est pas spécialement 'reconnu'. Avec cet exploit, il démontre que tout est possible.

Pour la demi-finale, ils vont mettre un écran géant dans le club de tennis d’où est sorti Marco (le Tennis club Palermo due, ndlr). Ce sera dur face à Dominic Thiem, mais pourquoi pas créer un exploit de plus ? Nous nous n'avons pas de billets pour vendredi, mais on regardera le match dans un bar et on l'encouragera !