"Comme Jordan, James ou Phelps..."

 - Amandine Reymond

A en croire les anciens champions, "Rafa" n'a pas fini d'étoffer son palmarès...

Roland-Garros 2018, Rafael Nadal, finale messieurs©Nicolas Gouhier / FFT

Impressionnant, hallucinant, extra-terrestre… Les mots ne suffisent plus pour décrire le phénomène Rafael Nadal à Roland-Garros. En gagnant son onzième titre sur la terre battue parisienne face à Dominic Thiem, le Majorquin a ajouté une ligne supplémentaire à son palmarès déjà légendaire. Mais où s’arrêtera-t-il ?

Quelques minutes après avoir vu Rafael Nadal soulever la coupe des Mousquetaires pour la onzième fois sur le court Philippe-Chatrier, tous les anciens joueurs qui déambulaient dans le players lounge étaient unanimes : seule une baisse de sa condition physique pourrait empêcher Rafael Nadal de poursuivre sa razzia de titres Porte d’Auteuil.

"S’il reste en bonne santé, je ne pense pas que quelqu’un puisse le battre au moins ces deux prochaines années, commentait James Blake, très admiratif du champion espagnol. Deux, trois ans, on ne sait pas. Je ne compte plus. Avec lui et Roger (Federer, ndlr) ça fait longtemps qu’on ne compte plus."

"Il pousse les autres à s'améliorer"

La supériorité dégagée par le Majorquin pendant cette quinzaine impressionne également Cédric Pioline. "Ça devient totalement incroyable. 9, 10, 11… La question maintenant c’est plutôt : 'Combien de temps va t-il pouvoir jouer et qui va pouvoir le challenger ?' Thiem, qui fait partie des deux, trois meilleurs joueurs sur terre battue, a fait un bon match et pourtant, il a 'pris' 4, 3 et 2 ! Mais c’est bien pour le tennis car si "Rafa" a déjà dit que Federer l’avait poussé à être un meilleur joueur, lui finalement pousse aussi les autres à s’améliorer et c’est ce qu’ils vont faire pour pouvoir le challenger un jour…"

Etre challengé… Rafael Nadal ne demande que ça tant il aime puiser au fond de lui-même pour trouver la solution. Mais lors de cette édition 2018, seul Diego Schwartzman a réussi à lui prendre un set. "C’est assez hallucinant de pouvoir gagner onze fois ici avec autant de facilité, faisait remarquer un Paul-Henri Mathieu impressionné. Aujourd’hui, il était encore bien au-dessus."

"Les gens aiment voir l'histoire l'écrire"

Ce n’est pas seulement la supériorité de son compatriote sur ses adversaires qui a le plus marqué Juan Carlos Ferrero (vainqueur à Paris en 2003), mais plutôt sa capacité à jouer tous les points à fond, du premier de la quinzaine à la balle de match. "Ça, c’est ce qu’il y a de plus difficile à faire. S’il continue à jouer comme ça, je crois qu’il aura d’autres occasions de gagner encore des Grands chelems, et pas seulement ici…"

"Et c’est une très bonne chose pour le tennis, poursuit James Blake. Les gens aiment voir l’histoire s’écrire, voir les meilleurs comme Michael Jordan, LeBron James, Michael Phelps… Je pense que c’est génial d’avoir quelqu’un qui écrive l’histoire de notre sport en ce moment. Nous en avons même deux avec 'Rafa' et Roger."

"'Rafa' écrit l’histoire de ce jeu et il écrit aussi l’histoire de Roland-Garros. Je trouve ça exceptionnel, ajoute Sébastien Grosjean. Le stade est toujours plein et aujourd’hui, il y a encore eu beaucoup d’émotions. Je crois que les gens se rendent compte de ce qu’il est en train de réaliser et c’est formidable. C’est bon pour le tournoi et c’est bon pour le tennis." Et ça risque de durer car comme le remarquait Cédric Pioline, "il n’y a aucun signe de lassitude" chez Rafael Nadal, qui savoure chaque titre tout en confiant "qu'on peut toujours s'améliorer car on ne sait jamais où se trouve la limite..."