AO 2024 – J9 : une occasion en or

 - Romain Vinot

Ambitieuses et déterminées, les joueuses encore en lice dans la partie haute du tableau veulent saisir la plus belle opportunité de leur jeune carrière.

Qinwen Zheng / Huitièmes de finale Open d'Australie 2024©Corinne Dubreuil / FFT

Qinwen Zheng (21 ans, 15e mondiale), Linda Noskova (19 ans, 50e mondiale), Anna Kalinskaya (25 ans, 75e mondiale), Dayana Yastremska (23 ans, 93e mondiale) : l’une de ses quatre joueuses disputera la finale de l’Open d’Australie 2024 ! Dans le tableau masculin, les favoris ont tenu leur rang pour rallier des quarts de finale alléchants.

La surprise party se poursuit

Les éliminations successives d’Iga Swiatek, d’Elena Rybakina ou encore de Jessica Pegula l’ont propulsée au rang de favorite de la moitié haute du tableau. Dernière tête de série en lice et seule joueuse à avoir déjà disputé un quart de finale en Grand Chelem (à l’US Open 2023), Qinwen Zheng a parfaitement assumé son nouveau statut en disposant aisément de la Française Océane Dodin (6/0, 6/3 en 59 minutes). Malgré un débreak concédé dans la deuxième manche, la joueuse auréolée de la distinction honorifique de "révélation de l’année 2023" attribuée par la WTA, n’a jamais été inquiétée. Un scénario bien différent de son troisième tour très disputé et bouclé au super tie-break face à sa compatriote Yafan Wang.

Titrée à Palerme et Zhengzhou l’an passé, celle qui a également atteint la finale du WTA Elite Trophy de Zhuhai confirme sa progression et son ascension au plus haut niveau. Jusqu’ici très à l’aise dans la position de l’outsider, elle espère continuer à briller sous le feu des projecteurs. "En arrivant sur le circuit, toutes les joueuses que j’affrontais étaient mieux classées que moi et quand vous entrez sur le court face à une championne de Grand Chelem, vous ressentez la pression et vous êtes surexcitée, a-t-elle expliqué en conférence de presse. Maintenant, j’ai deux ans d’expérience et je commence à affronter des joueuses moins bien classées. Quand j’entre sur le terrain, j’ai l’impression d’avoir confiance en moi […] Je me souviens que par le passé, j’avais beaucoup de hauts et de bas alors que maintenant, je suis plus stable."

Une stabilité qui sera de nouveau mise à l’épreuve par sa prochaine adversaire, Anna Kalinskaya. La joueuse de 25 ans, qui n’avait jamais connu le succès à Melbourne avant cette édition 2024 et dont le meilleur parcours en Majeur restait un deuxième tour à l’US Open (quatre fois entre 2019 et 2023), a totalement maitrisé Jasmine Paolini (6/4, 6/2 en 1h17). "C’est déjà incroyable de passer deux tours en Grand Chelem mais gagner autant de matchs, c’est vraiment spécial, a-t-elle confirmé. J’ai eu trois premiers tours difficiles donc je ne peux plus être nerveuse !" A noter que lors de leur unique duel, Kalinskaya avait battu Zheng en trois sets sur le dur de Guadalajara en 2022. Une autre époque.

Un peu plus tôt sur la Rod Laver Arena, c’est Dayana Yastremska qui a créé une nouvelle petite sensation. Tête de série n°1 des qualifications, elle a enregistré une septième victoire dans cet Open d’Australie, en dominant Victoria Azarenka (titrée en 2012 et 2013), 7/6(6), 6/4 en 2h07. Malgré deux balles de set écartées dans la première manche et un break de retard dans la deuxième – elle a même eu une balle de 0-4 à sauver –, l’Ukrainienne ne s’est jamais éloignée de son plan de jeu, ses nombreuses prises d’initiatives ayant été récompensées par 38 coups gagnants. "J’ai joué de manière assez agressive, a-t-elle admis à l’issue du match. Par moments, j’ai eu l’impression d’être trop nerveuse ou trop émotive mais j’ai réussi à me détendre en me disant que ça se passerait comme ça devait se passer. J’ai juste essayé de jouer au mieux chaque balle."

Déjà tombeuse de Marketa Vondrousova au premier tour, la 93e joueuse mondiale s’est donc offert une nouvelle tête couronnée pour devenir la première joueuse issue des qualifications à atteindre les quarts de finale d’un Grand Chelem depuis Emma Raducanu à l’US Open 2021. On ne peut que lui souhaiter le même conte de fées, même si Linda Noskova ne sera sans doute pas de cet avis. Après avoir provoqué un véritable séisme en éliminant la n°1 mondiale, la joueuse de 19 ans n’a pas eu à batailler pour rallier le Top 8. En effet, après seulement trois jeux, son adversaire Elina Svitolina a été contrainte à l’abandon en raison de vives douleurs au dos.

Désormais, la Tchèque a donc rendez-vous avec une autre native d’Odessa, qu’elle affrontera pour la première fois de sa jeune carrière. "Je trouve qu’elle joue très bien, elle a passé les qualifs’ et a fait de très bons matchs ici, a admis la championne de Roland-Garros juniors 2021. Nous n’avons jamais joué ensemble, je ne sais pas exactement comment elle joue mais c’est plutôt une joueuse agressive. Je pense qu’il n’y aura pas beaucoup de longs rallyes mais je vais me préparer à tout et on verra ce qui se passera."

Les ténors sans fausse note

Beaucoup moins surprenants, les résultats du jour dans le tableau masculin ont eu le mérite de confirmer plusieurs tendances. En recherche constante de perfection, Carlos Alcaraz s’en est grandement approché durant son troisième set face à Miomir Kecmanovic (6/4, 6/4, 6/0 en 1h49). Imprenable sur sa mise en jeu (83% de points gagnés derrière sa première, aucune balle de break concédée), toujours aussi puissant (43 coups gagnants) et véloce, le Murcien a offert une visite guidée de la Rod Laver Arena à son vis-à-vis, pourtant loin de baisser pavillon. "Je me sens de mieux en mieux chaque jour, a-t-il confirmé au micro de Jim Courier. J’aime jouer ici et montrer mon meilleur niveau. Je me sens comme à la maison !"

Une vitesse de croisière très élevée et une économie d’énergie qui devraient lui permettre de préparer son futur duel face à Alexander Zverev avec sérénité. "J'adore jouer contre Sascha, nous jouons tous les deux avec beaucoup d'intensité et à un très bon niveau. Je pense que pour le public, ce sera un grand match. Je vais essayer d'être à 100% et de jouer mon meilleur tennis" a-t-il conclu.

De son côté, l’Allemand semble prendre goût au super tie-break. Déjà tombeur de Lukas Klein au bout du suspense lors de son deuxième tour, il a récidivé ce lundi face au Britannique Cameron Norrie (7/5, 3/6, 6/3, 4/6, 7/6(3)). Un nouveau marathon de 4h02 qui pourrait peser lourd dans les jambes de celui qui tentera de prendre sa revanche du quart de finale new-yorkais de l’automne dernier.

Daniil Medvedev aurait quant à lui pu s’éviter 45 minutes de jeu supplémentaires face à Nuno Borges. Lancé vers un succès sans conteste, le protégé de Gilles Cervara n’est toutefois pas parvenu à conclure en trois manches, alors même qu’il a servi pour le gain du match à 5-3. Une légère perte d’influx finalement sans conséquence pour le n°3 mondial, vainqueur en quatre sets et 3h07 de jeu (6/3, 7/6(4), 6/7, 6/1). Au prochain tour, il affrontera le très solide Hubert Hurkacz. "Hubi est un adversaire difficile pour moi, c'est sûr, a confié celui qui est actuellement mené 2-3 dans leur duel. C'est compliqué de retourner son service, il était numéro un dans ce domaine l'an passé. Ce sera la clé et je vais devoir rester fort sur mon engagement. Je vais bien me préparer mentalement."

Le Polonais a mis fin à la très belle aventure d’Arthur Cazaux (7/6(6), 7/6(3), 6/4). Diminué par une gastro-entérite, le Français n’a pas démérité mais a logiquement cédé face au 9e joueur mondial, comme souvent impérial sur sa mise en jeu (49/54 derrière sa première balle). Ce dernier disputera mercredi son premier quart de finale à l’Open d’Australie, le deuxième en Grand Chelem (après Wimbledon en 2021).