La saga des Héritiers, 7: Frances Tiafoe

Éliminé au stade des poules lors du dernier Masters Next Gen de Milan, Frances Tiafoe progresse mais n'a pas encore franchi un vrai palier, à l'image de son incroyable ascension lors de ses débuts en pro.

En constante progression, l'Américain de 20 ans frappe néanmoins à la porte du Top 30 et espère performer contre des joueurs mieux classés en Masters 1000. Voire chez lui, à l'US Open ? Présentation. 

Environnement propice

Vivre dans le local d'une académie de tennis suscite forcément des vocations. Frances Tiafoe, né le 20 janvier 1998 dans le Maryland, remercie encore son père d'avoir obtenu le poste de responsable de la maintenance au sein du Junior Tennis Champions Center de College Park, quelques mois après son arrivée du Sierra Leone.

"Sans lui, je ne jouerais pas au tennis", confie l'intéressé, toujours reconnaissant et admiratif. Sur les terrains dès l'âge de quatre ans, Frances Tiafoe a très vite compris qu'il lui faudrait beaucoup de travail et de sacrifices pour parvenir à ses fins.

"Il s'asseyait sur un banc, il me regardait entraîner et essayait d'imiter les joueurs avec sa raquette, a ainsi confié Frank Salazar, directeur de l'académie, au site officiel de l'ATP. En commençant si jeune, il a développé une vraie habileté et un QI tennistique très élevé. Il jouait du lever au coucher du soleil, même quand l'entraînement était terminé, il allait expérimenter de nouvelles choses contre le mur". Une abnégation récompensée dès le circuit junior.

Petit as

Entraîné pendant plusieurs années au JTCC par Misha Kouznetsov, Frances s'est révélé en remportant Les Petits As en France à 14 ans. L'année suivante, il devient le plus jeune joueur à conquérir l'Orange Bowl dans la catégorie reine des moins de 18 ans.

Si sa meilleure performance en Grand Chelem junior reste une demi-finale à l'US Open, il a tout de même marqué les esprits en étant si performant et discipliné, jusqu'à atteindre le 2e rang mondial de la catégorie. De quoi attirer les sponsors et autres investisseurs.

Jay-Z a misé sur lui

Présent à un concert de Jay-Z à Baltimore en 2015, Frances a tapé dans l'œil du célèbre rappeur et investisseur. Sur le départ du Maryland pour rejoindre un centre d'entraînement de l'USTA (la Fédération américaine de tennis) à Boca Raton en Floride, il a séduit le public US en affirmant haut et fort vouloir devenir la prochaine icône du tennis américain.

Un discours qui a plu au célèbre propriétaire de Roc Nation Sports, entreprise qui représentait déjà des stars de la NBA ou encore de la NFL. En signant ce contrat au moment de son accession au circuit pro en avril 2015 -le premier de Jay Z avec un joueur de tennis-, Frances comptait franchir un cap en terme d'image. Mais finalement, le partenariat a pris fin en 2016.

Mais au vu de ses récentes performances, nul doute que les opportunités vont fleurir.  

Percée fulgurante

S'il a attendu février 2018 pour remporter le Delray Beach Open, son premier tournoi ATP, il l'a fait avec la manière. En plus de battre son idole Juan Martin del Potro, il s'est également débarrassé de Hyeon Chung et Denis Shapovalov, ses camarades de la Next Gen.

Il est ainsi devenu le premier joueur à remporter cette compétition en bénéficiant d'une wild card et l'Américain le plus jeune à soulever un trophée ATP depuis Andy Roddick en 2002.

Mais s'il n'a pas encore créé la sensation avec une grande performance dans un tournoi plus prestigieux, son talent est reconnu par tous sur le circuit depuis qu'il a gagné plus de 850 places au classement entre janvier et mai 2015, participant notamment à quatre finales en Challenger. Très jeune, il avait déjà un énorme mental.

À l'américaine

Bercé par des valeurs parentales fortes, "Big Foe" est également le joueur le plus "américain" du circuit. Entendez par là que son style de jeu et son attitude très détendue rappellent Sock, Blake ou encore Agassi.

Puissant dans ses frappes, il est capable de renvoyer un service de John Isner avec une décontraction presque insultante. "Il a un retour de classe mondiale. Il a renvoyé mon service mieux que quiconque, à part peut-être Novak Djokovic" ,avait déclaré l'intéressé après l'US Open 2016. 

En dehors des terrains, il est très friand de mode, de hip-hop mais aussi de basket, comme il l'affiche régulièrement sur son compte Instagram.

Fidèle

En plus d'avoir la tête sur les épaules, Frances n'oublie jamais d'où il vient. Dès qu'il a quelques jours de repos, il rentre dans le Maryland pour passer du temps avec ses proches.

Une famille qu'il invite régulièrement à des tournois ou des événements, à l'image de son frère jumeau Franklin.

Concernant sa situation personnelle, elle semble aussi bien ordonnée puisque Big Foe est en couple depuis plus de trois ans avec Ayan Broomfield, joueuse canadienne de l'université d'UCLA, en Californie.