La saga des Héritiers, 10 : Denis Shapovalov

 - Romain Vinot

Ils ont brillé en 2018 et sont l'avenir. Tennis, personnalité, hobbies : on vous dit tout. Dernier volet : Denis Shapovalov.

Denis Shapovalov smiling at practice during Roland-Garros 2018©Cédric Lecocq/FFT

Denis Shapovalov est un joueur pressé. À 19 ans seulement, il a déjà un huitième de finale en Grand Chelem (US Open 2017), deux demi-finales de Masters 1000 et deux phases finales de Masters Next Gen à son actif.

Numéro un canadien durant quelques mois cette année, il espère marquer l'histoire de son pays et pourrait y parvenir en cas de performance notable en 2019.

Puissant, imprévisible et spectaculaire, il représente à merveille la fameuse nouvelle génération capable de faire trembler et tomber les dinosaures du circuit. Portrait.

La passion de mère en fils


Né à Tel-Aviv en 1999 avant de s'envoler quelques mois plus tard pour le Canada, Denis Shapovalov est tombé tout petit dans le tennis, bien aidé par sa mère Tessa, ancienne championne russe et propriétaire de son académie en banlieue de Toronto.

"À cinq ans, je voulais être comme mon frère alors j'ai supplié ma mère de me laisser jouer" a-t-il expliqué à l'ATP. Motivé et prometteur, "Shapo" s'est rapidement distingué en claquant ses revers à une main comme son modèle, Roger Federer.

"En grandissant, plusieurs coachs ont dit à ma mère que j'étais trop jeune pour frapper mes revers à une main mais comme ça a toujours été naturel pour moi, elle n'a jamais essayé de me faire changer". Il la remercie encore aujourd'hui.



Du circuit junior au scalp de Nadal

Formé par sa mère, Denis peut également remercier Andrzej Kepinski, un businessman polonais qui a misé sur lui alors qu'il n'avait que 13 ans. Dès 2015, le joueur a justifié cet investissement sur le circuit junior. Il a notamment remporté l'US Open en double avec une autre étoile montante du tennis canadien : Félix Auger-Aliassime. L'année suivante, toiujours chez les juniors, il remporte Wimbledon en simple et joue la finale en double, ce qui lui ouvre les portes de la Coupe Rogers de Toronto, son premier Masters 1000.




Un tournoi porte-bonheur puisqu'il y explosera aux yeux du monde en 2017. Cette année-là, il élimine Dutra Silva, Del Potro, Mannarino, Raonic et surtout, Rafael Nadal. Il devient alors le plus jeune joueur de l'histoire à atteindre les demi-finales d'un Masters 1000 ainsi que le plus jeune joueur à battre un membre du Top 3 mondial depuis... Nadal en 2004.

"Après la balle de match, tout était irréel. Je n'arrivais pas à croire que c'était en train d'arriver. C'est dur d'expliquer les émotions que j'avais en tête à ce moment-là. Mais c'était de la joie pure" avait-il commenté après la rencontre. Quelques semaines plus tard, après s'être extirpé des qualifications, il se hisse en huitième de finale de l'US Open en écartant Medvedev, Tsonga et Edmund.

Denis Shapovalov biting his racket during the 2018 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT
Le sang show

Celui qui a reçu le titre ATP du joueur ayant le plus progressé en 2017 a séduit le public par ses victoires éclatantes mais aussi par son style et son attitude sur le terrain. Si certains louent son côté old school, d'autres admirent son agressivité et la précision de ses coups, toujours à une main.




Mais tout le monde s'accorde lorsqu'il s'agit d'évoquer son côté showman. "S'il fallait trouver un point positif à notre défaite, je dirais qu'un mec qui fait lever les tribunes au bout de trois points, ça fait vingt ans que je n'ai pas vu ça", avait déclaré admiratif Thierry Ascione après la victoire de Shapo à l'US Open 2017 face à Jo-Wilfried Tsonga. Mais le problème avec le caractère, c'est qu'il faut savoir le gérer.

Et le prodige canadien en avait fait les frais quelques mois plus tôt, en février 2017, lors d'une rencontre de Coupe Davis face à Kyle Edmund. Lors du match décisif contre la Grande-Bretagne, il s'était énervé et avaiy frappé dans la balle pour l'envoyer en tribune. Le souci, c'est qu'elle a atterri dans l'œil gauche de l'arbitre, qui a disqualifié Shapovalov. "Cela m’a forcé à devenir mature plus rapidement que les autres. Dans un certain sens, cela m’a aidé", a-t-il concédé avec du recul.

Felix Auger-Aliassime and Denis Shapovalov in the players lounge during the 2018 Rolex Paris Masters©Corinne Dubreuil/FFT
Un brin superstitieux

S'il n'est pas encore au niveau de Rafael Nadal ou de Richard Gasquet, “Shapo“ a des petites manies bien à lui. Une légende raconte par exemple qu'il a décroché un poster de Rafa de la chambre de son ami Félix Auger-Aliassime, chez qui il résidait au moment de la Coupe Rogers en 2017. Qui sait, il n'aurait peut-être pas battu le Majorquin sans ce geste...

Quant à la peluche-mascotte qui l'accompagne lors de tous ses matchs, il s'agit d'un loup, animal qu'il apprécie particulièrement selon ses dires. "Je me vois comme un loup, dit-il. J’aime traquer mes proies et je peux être assez vicieux sur le court quand je veux".



Fan de hockey et de basket


Pour Denis Shapovalov, l'amour du sport ne se limite pas au tennis. Sur les réseaux sociaux, il affiche ainsi régulièrement son soutien aux différentes équipes de Toronto, comme les Raptors en NBA ou les Maple Leafs en NHL.

Il n'hésite pas également à prendre comme modèles des illustres sportifs canadiens ayant laissé une trace impérissable dans leur sport comme Wayne Gretzky en hockey sur glace ou Steve Nash en basket-ball. Qui sait, dans quelques années, les jeunes pousses d'Amérique du Nord le prendront peut-être comme modèle?