Swiatek intouchable, retour gagnant pour Alcaraz

 - Romain Vinot

Retour sur une semaine particulièrement réussie pour la Polonaise et le Murcien, qui ouvrent leur compteur en 2023.

Iga Swiatek / Open d'Australie 2023©Corinne Dubreuil / FFT

Précocement éliminée de l’Open d’Australie, Iga Swiatek a remis les pendules à l’heure en écrasant la concurrence du côté de Doha. Sur le circuit ATP, Daniil Medvedev et Taylor Fritz ont impressionné à Rotterdam et Delray Beach. Absent depuis sa blessure contractée au Rolex Paris Masters, Carlos Alcaraz a quant à lui parfaitement lancé sa saison en s’imposant à Buenos Aires.

Nouvelle démonstration pour 1ga

Trois matchs disputés, trois bagels distribués et seulement cinq jeux perdus (record de Suzanne Lenglen à Wimbledon 1925 égalé !) : difficile de trouver à redire à propos des prestations livrées par Iga Swiatek à Doha. Point de départ de son incroyable série de 37 victoires consécutives l’an dernier, ce tournoi WTA 500 est logiquement retombé dans son escarcelle après seulement 2h58 passées sur le court. "J’ai réussi à être concentrée à chaque match et c’est la chose dont je suis la plus heureuse parce qu’au début de la saison, j’avais parfois l’impression que mon esprit était ailleurs, a-t-elle analysé après sa victoire. Mais ici, le travail que nous avons fait avec mon entraîneur et Daria a porté ses fruits, j’ai senti que tout se mettait parfaitement en place".

Privée d’un choc au sommet suite au forfait de la joueuse en forme Belinda Bencic avant leur quart de finale, la numéro un mondiale n’a fait qu’une bouchée de Danielle Collins (6/1, 6/0) en huitièmes et de Veronika Kudermetova (6/0, 6/1) en demies avant de se présenter face à Jessica Pegula en finale. Et si l’Américaine a pu mettre en lumière ses qualités défensives durant une première manche émaillée de cinq breaks, elle a logiquement plié face au rouleau-compresseur adverse en 1h09 (6/3, 6/0).

Qu’il s’agisse du froid, du vent ou de la 4e joueuse mondiale, rien ni personne n’a pu empêcher 1ga de réussir un étincelant back-to-back au Qatar. "En demi-finale, j’ai compris que je pouvais utiliser le vent soit pour jouer plus court ou au contraire pour qu’il emmène la balle encore plus loin, a-t-elle poursuivi. Contre Jessica j’ai continué dans cette voie mais je ne voulais pas trop analyser les choses et j’ai simplement suivi mon intuition. D’habitude, je base tout sur ma tactique et ma technique mais ici, j’ai senti que je pouvais tout remettre à zéro et jouer plus librement, sans réfléchir".

Un douzième trophée en carrière synonyme de libération pour la reine du circuit, en proie aux doutes et aux remises en question depuis son élimination en huitièmes de finale de l’Open d’Australie par Elena Rybakina. "Je suis vraiment satisfaite d'avoir pu trouver un meilleur équilibre, par rapport à ce que je ressentais en début de saison. Je pense que ce tournoi va me donner beaucoup de confiance, mais je veux quand même prendre les choses étape par étape. Je suis juste très heureuse d'avoir pu gagner" a-t-elle conclu.

Moins exigeante envers elle-même, peut-être moins ambitieuse mais toujours aussi offensive et clinique, Iga Swiatek a joué une symphonie sans fausse note à Doha. De bon augure avant de s’engager au WTA 1000 de Dubaï puis à Indian Wells et Miami, où elle avait réussi le fameux Sunshine Double en 2022.

Alcaraz de retour aux affaires

Accueilli comme un roi sur la terre battue de Buenos Aires par les fans de tennis, Carlos Alcaraz a répondu aux immenses attentes en remportant son septième titre sur le circuit, le premier depuis son incroyable sacre à l’US Open. Blessé aux abdominaux durant le Rolex Paris Masters puis aux ischio-jambiers en janvier, le Murcien a été privé du Masters de Turin, de l’Open d’Australie et a été dépossédé de sa place de n°1 mondial par Novak Djokovic, qui égale par ailleurs ce lundi le record de Steffi Graf avec une 377e semaine passée au sommet de la hiérarchie mondiale.

Sans grands repères mais avec la force et la hargne qui lui ont permis de remporter un Grand Chelem et de s’asseoir sur le trône en 2022, il a écarté de son chemin Laslo Djere, Dusan Lajovic, Bernabe Zapata Miralles et enfin Cameron Norrie en finale, le tout en ne perdant qu’un set lors de son entrée en lice. Mais plus que ses succès, c’est son niveau de jeu et son envie après plus de trois mois sans jouer qui ont laissé les observateurs pantois. "Depuis les quarts de finale, j'ai eu le sentiment de n'avoir jamais arrêté la compétition. Je me suis senti bien physiquement, mentalement et je suis content de mon niveau de tennis, a-t-il détaillé en conférence de presse. J’ai engrangé beaucoup de positif pendant ce tournoi".

Du positif, il y en a notamment eu face au 12e joueur mondial en finale. Après une entame de match équilibrée, le protégé de Juan Carlos Ferrero a su accélérer pour prendre les devants puis se détacher en début de deuxième set en inscrivant six jeux consécutifs (6/3, 3-0). Des frappes chirurgicales en coup droit en passant par des balles longues ou encore des amorties, Carlitos a étouffé Norrie durant les deux tiers de la rencontre.

Nerveux au moment de servir pour le gain du tournoi à 5-3, il est parvenu à remettre un coup d’accélérateur en toute fin de partie pour annihiler les dernières velléités adverses (6/3, 7/5 en 1h33). "Je savais que ça allait être très difficile. J'ai commencé en me concentrant sur ce que je devais faire, sur mon jeu et sur mon niveau. C’est comme ça que je dois jouer en finale" s’est-il réjoui. Plus jeune joueur et premier Espagnol depuis Rafael Nadal (en 2015) à inscrire son nom au palmarès de cet Open 250 d’Argentine, Alcaraz a frappé fort pour son retour à la compétition. La marque des grands et un avertissement pour ses futurs adversaires à Rio cette semaine.

Medvedev à la relance

S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un retour, on a peut-être toutefois aussi retrouvé Daniil Medvedev ce week-end à l’ATP 500 de Rotterdam. Eliminé dès le troisième tour de l’Open d’Australie par Sebastian Korda et globalement moins incisif depuis sa finale perdue en 2022 contre Rafael Nadal, le joueur coaché par Gilles Cervara a impressionné aux Pays-Bas pour s’adjuger le 16e titre de sa carrière, le 15e sur dur.

Autoritaire et expéditif face à Botic van de Zandschulp (6/2, 6/2), Félix Auger-Aliassime (6/2, 6/4) et Grigor Dimitrov (6/1, 6/2) après avoir concédé un set lors de son entrée en lice, il est parvenu à renverser Jannik Sinner en finale dimanche (5/7, 6/2, 6/2). Sur la lancée de son titre à Montpellier, l’Italien a glané le premier acte mais a semblé impuissant face à la montée en régime de son adversaire, plus entreprenant, plus agressif et surtout capable de tenir la distance dans les longs rallyes.

"Mentalement, c’était un match difficile pour nous deux, a expliqué le champion. Il était un cran au-dessus dans le premier set même si j’ai réussi à revenir. Ça m’a donné un peu de temps pour trouver mon rythme et j’ai commencé à jouer de manière plus offensive sur quelques coups. J’ai continué à le bousculer jusqu’à la fin du match".

Un trophée obtenu avec la manière qui permet à Medvedev de retrouver le Top 10 et de pleinement lancer son exercice 2023. "C’est encore le début de l’année, ce n’est que mon troisième tournoi et j’ai déjà un titre, a-t-il poursuivi. L’année dernière, il m’en a fallu 12 ou quelque chose comme ça ! […] C'est compliqué de revenir après avoir quitté le top 10. Je suis simplement heureux de retrouver ma forme et j'attends avec impatience le prochain tournoi. J'espère que je pourrai continuer sur cette voie". Réponse à Doha cette semaine.

Fritz se distingue à domicile

Enfin, du côté de Delray Beach, Taylor Fritz a remporté le cinquième titre de sa carrière en prenant le meilleur sur Miomir Kecmanovic en finale (6/0, 5/7, 6/2). La tête de série n°1 a notamment pu compter sur la qualité de son service (10 aces, 95% de points gagnés derrière sa première) pour dompter le Serbe et soulever un nouveau trophée sur le sol américain après Indian Wells l’an passé. "C’est la première fois que je reviens ici depuis un certain temps et le tournoi a été incroyable, a déclaré celui qui n’avait plus participé depuis 2020. Cette édition a été parfaite : revenir ici, être soutenu par les fans et obtenir ce résultat… Je ne pourrais pas être plus heureux !"