Un gagnant, mais deux revenants

 - Myrtille rambion

Novak Djokovic a remporté son 14e titre majeur à l’US Open. Mais Juan Martin del Potro est aussi de retour au sommet.

Novak Djokovic smiling while holding the trophy US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT

Des larmes, encore. Autant de tristesse dans un si grand corps : sur sa chaise, une fois la main de Novak Djokovic serrée et l’étreinte du vainqueur relâchée, Juan Martin del Potro a laisser les vannes céder, ce dimanche soir sur le court Arthur Ashe de Flushing Meadows. Longuement.

Dans sa serviette, puis dans ses mains. Sur le podium pendant la cérémonie de remise des prix. Dans le couloir qui l’a mené, sans plus attendre, du court à la salle d’interview principale.




“Pour être honnête, je n’ai pas arrêté de pleurer jusqu’à maintenant, a confié les yeux bien rouges “Delpo“ aux journalistes. Je suis très triste parce qu’aujourd’hui, je suis le perdant. Mais Novak a mérité de repartir avec le trophée. Il a fait un grand match, son jeu a été très intelligent.“

Un bon résumé d’une finale messieurs qui a, certes, duré plus de trois heures (3h16), mais a vu la victoire en trois sets d’un homme qui n’a jamais vraiment semblé en mesure d’être inquiété : Novak Djokovic, qui par la force de ce succès final 6/3, 7/6, 6/3 repart de New York avec dans son escarcelle un troisième titre majeur américain. Et “accessoirement“ d’un quatorzième titre du Grand Chelem, égalant ainsi Pete Sampras.

Que signifie cette victoire en finale ?

Novak Djokovic hands up after wiing the 2018 US Open©Corinne Dubreuil/FFT
… que Djoko is back, pour de bon


Son titre à Wimbledon, après notamment une victoire épique sur Rafael Nadal en demi-finale, avait mis tout le monde d’accord : même s’il avait montré quelques signes de fébrilité, le Serbe avait marqué les esprits en envoyant clairement les signaux d’une montée en puissance vers un retour au sommet.

Son sacre, quelques semaines après, dans l’ultime tournoi du Grand Chelem de la saison, après avoir réussi le “Golden Masters“ juste avant en remportant à Cincinnati le seul Masters 1000 qui lui manquait encore, a le mérite de poser encore plus clairement les choses : à 31 ans, et après un long passage à vide et des blessures, Novak Djokovic est de nouveau l’un des hommes à battre.

“Si l’on m’avait dit en février de cette année, a reconnu Novak Djokovic après sa victoire, lorsque je me suis fait opérer (du coude, ndlr) qu’ensuite, je gagnerais Wimbledon et l’US Open, avec au passage un titre à Cincinnati, j’aurais eu du mal à y croire. Mais en même temps, il y avait toujours une partie de moi qui imaginait, croyait et espérait que je serais en mesure de retrouver le niveau de tennis que je voulais très vite.“

Et d’ajouter : “pour être honnête, je m’attendais à revenir assez vite à très haut niveau après mon opération.“ Ce qui est donc fait.

Situation during novak Djokovic and Juan Martin del Potro US Open 2018 final©Corinne Dubreuil/FFT
Nole, number one ?


Désormais 2e à la Race et 3e au classement ATP de ce lundi, Novak Djokovic a le numéro un dans le viseur. L’actuel meilleur joueur du monde Rafael Nadal, qui était tenant du titre à New York, perd de précieux points dans le décompte final après sa chute en demies, mais surtout, la blessure au genou chronique qui l’a contraint à l’abandon va l’empêcher d’être performant ces prochaines semaines. Si elle ne l'oblige pas à s’arrêter un bon moment…

Nole va donc pouvoir en profiter. En grande forme, il va aborder une tournée asiatique qu’il adore sous les meilleurs augures. “Remporter un Grand Chelem, a prévenu le Serbe, vous donne une immense confiance qui vous suit un certain temps.“ Jusqu’à la fin de la saison très probablement. Et aussi après.

Novak Djokovic climbing in his box after the 2018 US Open final©Corinne Dubreuil/FFT
Djoko peut-il rejoindre Nadal et Federer ?

 
Avec 14 titres du Grand Chelem, Novak Djokovic entre maintenant dans la cour des extraterrestres du jeu, ceux qui sont parvenus aux fameux “14“ établis par Pete Sampras et qui semblaient alors difficilement égalables, voire totalement impossibles à atteindre de nouveau un jour. Peut-il aller encore plus loin ?

“Bien sûr, tranche Juan Martin del Potro. Il en a déjà 14 et il a gagné deux Grands Chelems cette saison. Il est en forme et en bonne santé, il travaille avec une super équipe. Et j’espère bien que lui, Rafa et Roger vont continuer à se battre pour les titres majeurs, parce que c’est tellement génial de les voir se challenger pour écrire l’histoire. Novak a tout pour lui aussi établir des records dans notre sport.“

Interrogé sur le sujet, Novak Djokovic, lui, se contente de souligner que “Pete Sampras est l’une des plus grandes légendes de l’histoire du tennis. C’était même mon idole quand j’étais petit et cela signifie énormément pour moi d’être à égalité avec lui en termes de titres du Grand Chelem. C’est incroyable quand on y pense… Un rêve devenu réalité.“

 

Novak Djokovic and Juan Martin del potro smiling on the podium during trophy presentation US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT
Del Potro, lui aussi un comeback

 
Et le finaliste malheureux de cet US Open, alors ? Il ne faudrait pas non plus l’oublier. Car Juan Martin del Potro, vainqueur à New York en 2009, a lui aussi réussi un comeback remarquable. Après avoir subi quatre opérations du poignet et être passé à deux doigts de la retraite (en 2015), la Tour de Tandil se révèle de nouveau redoutable au plus haut niveau.

Vainqueur à Acapulco et Indian Wells, il réussit jusque-là une excellente saison, qui l'a vu atteindre le meilleur classement de sa carrière juste avant cet US Open : 3e mondial. Respect. Et craintes à avoir pour ses adversaires.

“Je me sens bien, conclu “Delpo“. Mon poignet répond bien à toutes les sollicitations de ces deux semaines, où j’ai beaucoup joué. Je sens bien mon revers à deux mains aussi (alors que pendant longtemps, il ne pouvait plus le frapper et devait le slicer, ndlr) et je vais continuer à jouer au tennis encore quelques années. Je suis très enthousiaste à l’idée de continuer à me surprendre moi-même en réussissant ce type de parcours.“