Top : doublés juniors/seniors

 - Julien Pichené et Guillaume Willecoq

Ils sont 12. Douze à avoir remporté Roland-Garros chez les grands après avoir gagné en juniors.

Stan Wawrinka vainqueur junior Roland-Garros 2003 boy's junior champ.© FFT

A Roland-Garros, les tableaux juniors existent depuis la moitié du XXe siècle (1947 pour les garçons, 1953 pour les filles). Révélateurs de talents, ils ont notamment vu 12 de ces vainqueurs juniors réussir à triompher par la suite "chez les grands". Focus, de Ken Rosewall à Simona Halep.

Ken Rosewall : à lui le premier "doublé" parisien

(juniors : 1952 - seniors : 1953, 1968)

Pionnier… et pressé ! Vainqueur en 1952 chez les juniors, l’Australien étonne son monde en s’imposant dès l'année suivante en simple messieurs, à seulement 18 ans. L’homme aux 5 000 matchs (tournées professionnelles comprises) gardera le monopole de ce "doublé" sur douze mois jusqu'à l'arrivée de Mats Wilander, qui le fera même encore plus jeune que lui, à 17 ans et 6 mois.  

Roy Emerson : en pratiquant le service volée !

(juniors : 1954- seniors : 1963, 1967)

Longtemps détenteur du plus lourd palmarès en Grand chelem (12 titres) avant d'être rejoint ou dépassé successivement par Pete Sampras, Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, cet Australien né dans une ferme du Queensland a tout gagné au moins deux fois. Sur la terre de Roland-Garros, où il se ruait au filet à chaque point et avec la même énergie que sur gazon, il s’est imposé chez les juniors en 1954 et chez les adultes en 1963 et 1967.

Il y a 50 ans, l'ère Open...

Andres Gimeno : tout vient à point…

(juniors : 1955 - seniors : 1972)

... à qui sait être patient comme Andres Gimeno. Loin derrière les performances de Ken Rosewall et de Mats Wilander, qui n’ont mis qu’un an à réaliser ce doublé, il y a cet Espagnol, vainqueur du simple juniors et du simple messieurs à 17 ans d’intervalle. Agé de 34 ans l’année de son triomphe en 1972, Gimeno s'estime même alors trop vieux pour jouer sur terre battue et envisage sérieusement de faire l'impasse sur le tournoi parisien. Mais au moment de recevoir son trophée, l’Espagnol se dit "fou de joie comme un junior".

Françoise Dürr : elle a tout gagné à "Roland" !

(juniors : 1960 - seniors 1967)

Simple juniors et simple dames, mais aussi le double, sur un quinquennat (1967, 1968, 1969, 1970, 1971), et le mixte, trois fois (1968, 1971, 1973) : Françoise Dürr a gagné toutes les épreuves possibles (le double juniors n'existait pas à son époque) à Roland-Garros, soit 10 titres. De loin le meilleur bilan d'un Français à domicile depuis l'après-guerre.

Françoise Dürr, National 1961 / Françoise Dürr French national Championship, 1961.©Adolphe Morin/FFT.
Mima Jausovec : cinq finales au total

(juniors : 1973 - seniors 1977)

C'est à Roland-Garros que cette enfant de l'ex-Yougoslavie a vécu ses plus belles heures. Victorieuse du tournoi juniors en 1973, elle remporte le simple dames en 1977, l’année de ses 20 ans. Ce fut d’ailleurs sa seule victoire majeure, malgré deux autres finales à Paris en 1978 et 1983. Le sport a ses logiques qui parfois nous échappent : sa contemporaine Martina Navratilova n’avait elle rien gagné chez les juniors, avant de faire la razzia que l’on sait chez les adultes.

Hana Mandlikova : en battant Chris Evert au passage

(juniors : 1978 - seniors 1981)

Plus à l'aise sur surfaces rapides (elle a remporté l'Open d'Australie en 1980 et 1987, et l'US Open en 1985), la Tchèque (devenue depuis australienne) a tout de même laissé une trace plus que notable à Roland-Garros. Elle y a en effet réalisé ce fameux "doublé" en l'espace de trois ans, 1978-1981. En 1981, coiffée de ce bandeau rouge qui était sa signature, elle ne perd qu’un seul set en route et domine Chris Evert en demi-finale, créant au passage l’une des plus grosses surprises de l’époque.

Ivan Lendl : avec une wild-card dans le grand tableau comme récompense

(juniors : 1978 - seniors 1984, 1986 et 1987)

L’épreuve juniors peut être considérée comme une avant-première, une bande-annonce de demain ou un tremplin. C’est dans cette optique que la direction du tournoi avait décidé en 1978 d’attribuer une wild-card dans le grand tableau au vainqueur de l’épreuve juniors, disputée alors en amont du tournoi. C’est ainsi qu’Ivan Lendl a disputé (et perdu, contre Jose Luis Clerc) son tout premier match sur le grand circuit, six ans pile avant cette monumentale finale remportée contre John McEnroe.

Mats Wilander : Mieux que Rosewall

(juniors 1981 - seniors 1982, 1985 et 1987)

Le Suédois remporte le titre juniors en 1981 sur le court 1 et dans l'ombre du sixième et dernier sacre de Björn Borg, qui a lieu au même moment sur le Central. Cette même année, Mats Wilander échoue aux portes du grand tableau, battu au dernier tour des qualifications par un inconnu colombien, Javier Restrepo. En ce printemps 1981, personne ne peut se douter que Mats Wilander prendra le relais de son illustre compatriote dès l'année suivante. En 1982, classé 30e mondial, inconnu du grand public et âgé seulement de 17 ans et 6 mois, Mats va au bout et parvient à épuiser le colosse Guillermo Vilas en finale. Deux autres victoires ont suivi, faisant de lui l’un des propriétaires des lieux dans les 1980 avec Ivan Lendl.

Jennifer Capriati : affaire bouclée lors de sa "deuxième carrière"

(juniors : 1989 - seniors : 2001)

Bébé championne, l'Américaine a écrasé tous les records de précocité en début de carrière. En 1989, Jennifer Capriati n'a que 13 ans quand elle remporte l'épreuve juniors (seule Martina Hingis a ensuite fait mieux), et 14 ans un an plus tard quand elle devient la plus jeune demi-finaliste de l'histoire du tournoi. La machine s'enraye cependant très vite : perdue, écrasée par sa gloire soudaine, l'adolescente finit par faire la "Une" des faits divers et quitte le circuit. Difficile alors d'imaginer Capriati remporter Roland-Garros ! C'est pourtant ce qui arrivera lors de sa "deuxième vie", en 2001, au terme d'une finale pleine de suspens, où elle passera à deux points de la défaite, contre Kim Clijsters (1/6 6/4 12/10).

Justine Henin : l'évidence

(juniors : 1997 - seniors : 2003, 2005, 2006 et 2007)

Lauréate un an après Amélie Mauresmo, Justine Henin fait déjà montre d'un sacré caractère lorsqu'elle s'impose chez les juniors, en 1997. On remarque aussi son goût pour la terre battue et son magnifique revers à une main d'une efficacité et d'une rapidité redoutables. Il ne lui a fallu que deux ans pour confirmer dans le grand tableau (avec une victoire sur l'Américaine Lindsay Davenport) et six ans pour remporter le premier de ses quatre Roland-Garros.

Justine Henin Roland-Garros girl's singles champ 1997 championne Roland-Garros junior.©FFT
Stan Wawrinka : "Jusqu'à 18 ans, je ne jouais que sur terre"

(juniors : 2003 - seniors : 2015)

"Je me souviens de tout, depuis mon premier match sur le court 7 contre un Français, Josselin Ouanna. J’étais l’un des favoris du tournoi et j’avais perdu le premier set. Mais ensuite je n’en ai plus perdu un seul jusqu’à la finale. Je bats Nicolas Almagro en demies et Brian Baker en finale. Une finale étrange, en trois sets. Ce titre était un grand moment pour moi. C’est le seul tournoi junior que j’ai joué cette année-là… et mon dernier tournoi junior tout court. Jusqu'à 18 ans, je ne jouais que sur terre et, à cette époque, je me disais que ce serait super si un jour je pouvais revenir jouer ici dans le tableau senior. C’était ça, mon rêve à l’époque : jouer à Roland-Garros. Et maintenant je suis un champion de Roland-Garros. C’est toujours difficile à croire."

Stan Wawrinka vainqueur junior Roland-Garros 2003 boy's junior champ.© FFT
Simona Halep : au mérite

(juniors : 2008 - seniors : 2018)

Lauréate du tournoi junior en 2008 face à sa compatriote Elena Bogdan, la Roumaine a dû attendre sa troisième tentative en finale du simple dames pour l'emporter : après une défaite encourageante face à Maria Sharapova en 2014, elle se fait surprendre en 2017 par Jelena Ostapenko, avant de conquérir son Graal en 2018, devant Sloane Stephens.

Simona Halep championne Roland-Garros juniors 2008 / girl's singles champion.© Corinne Dubreuil / FFT