"Roland-Garros a bercé toute ma vie"

 - Alexandre Coiquil

Gauthier Dewas est le leader de la Patrouille de France, qui survolera le stade avant la finale.

Le lieutenant colonel Gauthier Dewas M. JOUARY / (Armée de l'air)

Le lieutenant-colonel Gauthier Dewas va survoler le stade Roland-Garros avec la Patrouille de France à l’occasion de la finale du simple messieurs. Le leader de la Patrouille de France évoque les préparatifs du survol et son rapport avec le tournoi de Roland-Garros. Entretien.

Vous allez survoler le stade Roland-Garros à l’occasion de la grande finale du simple messieurs. Depuis quand préparez-vous cet événement ?

Nous le préparons depuis quelques semaines. C'est quelque chose que nous connaissons car nous l’avons déjà fait. J’ai déjà été leader de la Patrouille de France en 2012. Un pilote de la Patrouille de France est également un pilote de chasse de l’Armée de l’air. Donc survoler un stade, on a appris à le faire.



Pouvez-vous nous détailler les préparatifs d’un tel survol ?

La Patrouille a débuté sa nouvelle saison, donc nous ferons un meeting avant. On va décoller de Biscarrosse la veille (samedi, ndlr) pour s’installer à la base aérienne de Villacoublay avec nos mécaniciens. Nous serons accompagnés d’un avion de transport technique qui prendra en charge notre matériel et nos mécaniciens.

Voir le calendrier 2018 de la Patrouille de France

Devez-vous respecter une trajectoire précise ?

On a déjà regardé quelle sera notre trajectoire. On nous demande de passer au-dessus d’un stade à un horaire précis. Nous serons positionnés dans le sud-ouest de Paris tout près de la forêt de Rambouillet, près de Villacoublay, afin de s’axer avec le stade Roland-Garros en attente du top qui sera donné neuf minutes avant. La trajectoire est calculée pour éviter les trafics aériens, notamment ceux des aéroports d'Orly et Roissy.



Combien de temps va durer la mission et le survol en lui-même ?

On va décoller 25 minutes avant, car il faut prévenir de tout incident. On ne peut pas décoller au dernier moment. On peut tout vérifier une fois en vol. Le but, c’est d’être installé dans notre circuit quinze minutes avant. L’aéronautique c’est de la précision, de la rigueur et de l’entraînement.

Vu la vitesse, a-t-on réellement le temps d’observer quelque chose ou de décrypter l’endroit que l’on survole depuis le cockpit ?

Oui on peut voir, mais à 600 Km/h nous n’avons pas le temps de bien voir. Pour se repérer, on a des systèmes GPS, des radars. En aéronautique, il y a les petits repères et les gros repères. Le petit repère c’est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. Roland-Garros est un endroit auquel il est difficile d’échapper à Paris, mais ce n’est pas un endroit qu’on voit au mieux depuis un avion. On voit mieux la Tour Eiffel, par exemple.

De quoi se compose la Patrouille de France ?

De huit avions et d’un remplaçant. Il y a la position de leader, c'est lui qui va diriger la patrouille (c'est le poste qu'il occupe, ndlr). Il y a les intérieurs gauche et droit : ce sont les pilotes qui viennent d’arriver. Ils ne sont là que depuis six mois. Ils sont proches du leader. Les extérieurs gauche et droit sont ceux qui volent dans la position la plus écartée. A l'arrière, on retrouve le premier et second solo et le charognard, qui est le futur leader de la Patrouille. La Patrouille de France, ce n'est pas un seul homme, c'est une équipe : les huit pilotes, le remplaçant et les mécaniciens. On parle de sportifs comme des héros, les pilotes sont aussi des héros.

Les pilotes 2018 de la Patrouille de France



Le tournoi célèbre les 100 ans de la disparition de Roland Garros. Est-ce un personnage dont le parcours vous a intéressé au fil du temps ?

Roland Garros est un des premiers aviateurs qui m’a éclairé sur mon métier. Pour moi, il était un pionnier, capable de réaliser de grands exploits. Les hommes sont des pionniers et lui en était un.

Avez-vous pu suivre le tournoi cette année ?

Avec mon emploi du temps, je n’ai pas eu le temps de tout voir. Mais ce qui m’a marqué lors de cette édition, ce sont les nombreux combats en cinq sets chez les messieurs.

Qui est votre joueur préféré, qu'il soit en activité ou non ?

J'aime les joueurs français en général. J’ai placé beaucoup d’espoirs en Lucas Pouille. J’ai aimé la manière dont il a abordé la finale de la Coupe Davis face à la Belgique l’année dernière (succès de la France 3-2 à Lille, ndlr). J'appréciais beaucoup Sébastien Grosjean il y a quelques années aussi. J'ai également suivi l’hégémonie de Rafael Nadal à Roland-Garros. Sinon, Roger Federer m'a marqué. Il me semble être assez altruiste.

Quel est votre meilleur souvenir du tournoi ?

Il y en a plusieurs. Il y a évidemment la finale entre Noah et Wilander de 1983. J’attends toujours de voir qui sera le successeur de Noah en simple messieurs. L’autre moment marquant a été la finale d’Henri Leconte en 1988 (défaite face à Mats Wilander, ndlr).

Quel lien entretenez-vous avec le tournoi de Roland-Garros ?

Roland-Garros est un tournoi qui a bercé toute ma vie. C’est aussi le moment qui accompagne les révisions quand on est étudiant. Un rendez-vous qu’on est content de retrouver.