Qualifs J3 : des Bleus de chauffe !

 - Rémi Bourrieres (avec Amandine Reymond)

Six Français joueront le tour qualificatif de Roland-Garros.

Mathias Bourgue - Roland-Garros 2019 - qualifications©Julien Crosnier / FFT

Au bout d'une journée assez folle, six joueurs français ont obtenu de haute lutte leur billet pour le troisième et dernier tour des qualifications de Roland-Garros. Tour d'horizon.

Couacaud-Benchetrit, il n'en restera qu'un

La bonne nouvelle du jour : le tennis français verra l'un des siens se qualifier pour le tableau final de Roland-Garros. La mauvaise : un autre, évidemment, restera sur le carreau. Vous l'avez compris, il y aura une confrontation franco-française, qui opposera vendredi Enzo Couacaud à Elliot Benchetrit, vainqueurs respectifs du Belge Arthur de Greef (6/0, 6/3), 185e mondial, et de l'Américain Bjorn Fratangelo (6/3, 6/4), 137e mondial et vainqueur en 2011 du tournoi juniors face à Dominic Thiem.

Une belle opposition de styles à venir entre Enzo le puncheur-contreur au gabarit plutôt léger, et Elliot le grand cogneur puissant capable de servir à plus de 220 km/h. Couacaud, âgé de 24 ans (contre 20 à son futur adversaire), a plus d'expérience mais n'a pas celle d'avoir disputé un match dans le grand tableau comme Benchetrit, qui avait pris un set à Gaël Monfils sur le court Suzanne-Lenglen l'an passé.



"Cette année, j'ai une wild-card pour les qualifs et c'est une autre forme de plaisir. Je joue contre des adversaires plus à ma portée, même si je ne partirai pas favori vendredi", estimait Elliot, qui s'entraîne avec Jean-Michel Péquery et Aurélien Richard, chez lui à Nice, où il a été formé sur terre battue.

 Pour Enzo, qui n'avait plus joué les qualifications d'un Grand Chelem depuis 2015, les années précédentes ont été beaucoup plus compliquées, marquées notamment par une opération au coude en 2017. Certains médecins le voyaient même perdus pour le tennis – "pas les miens heureusement !" – mais Enzo s'est accroché, comme il le fait sur le court.



Après avoir réintégré à la fin de l'hiver l'académie Mouratoglou, où il a été formé et où il s'entraîne avec l'Australien Rohan Williams, le natif de l'Île Maurice peut désormais jouer "sans crainte et sans douleur". "Je ne sais toujours pas si ça tiendra sur le long terme. Mais il est clair qu'aujourd'hui, je vois les choses différemment et je savoure davantage."

Guinard, la folie bretonne

Après une belle victoire contre Lukas Lacko, ex-44e mondial en 2013, au premier tour, Manuel Guinard (420e) a continué sur sa lancée pour s’offrir l’Italien Gianluigi Quinzi (200e), 6/3, 7/6(4), devant un public du court 13 tout acquis à sa cause.

"C’est ça Roland, c’est magnifique, souriait le Malouin à sa sortie du court. C’était plein et j’avais mon kop de supporters bretons qui étaient de nouveau là. D’ailleurs, je les remercie d’avoir encore une fois fait le déplacement, je sais que ce n’est pas forcément facile. Je joue au tennis pour disputer ces tournois exceptionnels. Roland-Garros, c’est un rêve d’enfant. Et il se réalise en ce moment…"

Et pour que le rêve soit total, Manuel Guinard tentera dès ce jeudi de se qualifier pour le tableau final, où figure déjà son idole, Juan Martin Del Potro. "Je l’ai croisé juste avant mon premier match dans le tunnel sous le Lenglen, mon coach m’a dit que c’était un signe…" Mais avant d’espérer le rejoindre dans la cour des grands, il faudra battre le Belge Kimmer Coppejeans (181e), tombeur d'un autre Français, Matteo Martineau, 6/0, 1/6, 6/2.

Muller, le miracle "bis"

Après avoir sauvé une balle de match au premier tour face à l'Italien Alessandro Giannessi, le Provençal Alexandre Muller (303e mondial) a remis ça face à Peter Polansky (124e), qu'il a battu 6/2, 4/6, 7/6(2) en passant donc à un point de la sortie à 5-4 au troisième set, sur le service de son adversaire. S'il faut bien sûr un brin de réussite, on ne gagne pas deux combats de suite par hasard.

"En ce moment, je joue bien, je m'entraîne bien donc j'ai confiance", souriait celui qui est coaché au CNE par le duo Augustin Gensse/Jérôme Potier. Tous les voyants sont au vert et il le faudra, au prochain tour, face à l'un des gros morceaux de ces qualifications, le Serbe Viktor Troicki (ancien 12e mondial).

Blancaneaux et Bourgue, une "fight" en "night"

Cette journée assez folle s'est terminée en soirée par deux succès au forceps de nos représentants tricolores. Geoffrey Blancaneaux (424e), vainqueur du tournoi juniors en 2016, est venu à bout du Tchèque Adam Pavlasek (248e), qui a pourtant mené 4-0 dans la dernière manche, avant de finalement céder 6/4, 1/6, 7/5.



"C'était un match très important pour moi, ça va me donner beaucoup de confiance pour la suite. J'espère désormais me qualifier, ce serait un très grand moment pour moi", disait celui qui affrontera à dessein l'Espagnol Pedro Martinez (134e). Un match qu'il préparera avec tout le soin nécessaire auprès de ses entraîneurs Salame Bakfalouni et Yoann Le Mée.

Quelques minutes plus tard, Mathias Bourgue est sorti vainqueur d'un combat tout aussi titanesque contre le Serbe Nikola Milojevic (152e), 2/6, 6/4, 7/5. Malgré des crampes de stress à la fin, le Provençal a su conclure à sa quatrième balle de match et a gagné le droit d'affronter la tête de série n°1 de ces qualifications, l'Américain Tennys Sandgren (87e). Un match lors duquel "j'espère déjà être à 100%", déclarait celui qui remerciait "ses potes" de l'avoir aidé à "dédramatiser la situation sur la fin".

Mathias Bourgue - Roland-Garros 2019 - qualifications©Julien Crosnier / FFT

Des regrets pour Andrianjafitrimo et Tatlot

La journée avait commencé de manière tout aussi dramatique mais avec une issue moins heureuse pour Tessah Andrianjafitrimo (327è), qui a frôlé l'exploit face à la Canadienne Rebecca Marino, ex-38e mondiale. La Française, touchée au mollet en fin de match, avait mené 5-1 et obtenu deux balles de match au troisième set avant de s'incliner 6/7(5), 6/4, 7/5. Elsa Jacquemot demeure la dernière Française en lice.

Johan-Sebastien Tatlot (260e) a lui obtenu six balles de match dans le deuxième set face au Suédois Mikael Ymer, avant de céder 3/6, 7/6(2), 6/1. Dur et prometteur à la fois. Tout comme pour Corentin Denolly (429e), également battu par un ancien 38e mondial, le Belge Steve Darcis, non sans avoir pris le premier set et obtenu une balle de 5-5 au troisième set (3/6, 6/1, 6/4). Défaite plus sèche enfin pour Hugo Gaston (516e) face au Russe Alexey Vatutin (216e), 6/1, 6/3.