Rafael Nadal retouche terre

 - Guillaume Willecoq

Sa quête d’un 11e Roland-Garros est lancée.

Rafael Nadal Roland-Garros vamos Rafa / French Open© Corinne Dubreuil/FFT

On l’avait quitté sur un abandon en quarts de finale de l’Open d’Australie, il y a deux mois. Rafael Nadal n’était plus apparu en compétition depuis, suscitant une inquiétude croissante au fil des reports de son retour. Celui-ci a enfin été effectif ce week-end en coupe Davis, face à l’Allemagne, "Rafa" y lançant sa campagne de terre battue quinze jours plus tôt qu'à l'habitude. Et, comme toujours, sa surface chérie a balayé les doutes : le "king of clay" a surclassé ses adversaires du week-end. Le message est clair : la quête d’un 11e titre à Roland-Garros vient de débuter.

Le contexte

Celui d’une reprise. Rafael Nadal n’avait plus joué en compétition depuis son abandon, blessé au psoas, face à Marin Cilic en quarts de finale de l’Open d’Australie. Forfait dans la foulée pour les tournois d’Acapulco, Indian Wells et Miami, il y avait de quoi se faire du souci pour le Majorquin, qui avait déjà fini 2017 sur une jambe (forfait en milieu de tournoi au Rolex Paris Masters et au Masters de Londres). Cette reprise sur la terre battue des arènes de Valence dans le cadre de la coupe Davis apparaissait comme un véritable test, à deux semaines d’aborder ce qui est toujours à ses yeux "la partie la plus importante de l'année".

Les faits

En manque de repères ? Quel manque de repères ? Pour Nadal, la terre est tellement naturelle que même sans avoir joué en compétition depuis deux mois, il a surclassé la valeur sûre Philipp Kohlschreiber le vendredi (6/2 6/2 6/3) et le n°4 mondial Alexander Zverev le dimanche (6/1 6/4 6/4). Comme si de rien n’était. Le repos forcé a visiblement été salvateur. La reprise en douceur sur terre, chroniquée sur ses comptes réseaux sociaux depuis déjà deux semaines, aussi.



La déclaration

"Je suis ravi de retrouver la terre battue." S’il y a bien un joueur actuel qui entretient un rapport charnel à la surface ocre, c’est "Rafa". Si la terre est communément considérée comme la surface la moins traumatisante pour le corps, chez l’Espagnol elle semble même avoir des vertus régénératrices, loin des autres revêtements qui le malmènent tout au long de l’année et sur lesquels il est régulièrement contraint à des impasses. Rien de tout cela (ou presque) à Roland-Garros, pourtant le plus exigeant de tous les tournois. Paradoxe ? Ou conséquence d'un sens aigu des priorités et d'un objectif absolu - Roland-Garros ?

C’est cette exactitude au rendez-vous sans cesse renouvelée que le Suisse Marc Rosset avait choisi de souligner à l’heure d'évoquer la "Decima" de Nadal à Roland-Garros l’année passée : "Il n'y a pas de mots, car il faut être bon, au bon moment, ne pas avoir de blessure ou de coup de "moins bien" au mauvais moment. Des matchs durs et compliqués il y en aura, des balles de set à sauver il y en aura... Et ça dure dans le temps, année après année. Personne n'aurait pu penser qu'un jour quelqu'un allait remporter 10 Roland-Garros dans sa vie. C'est tellement aléatoire, le tennis... Ça veut dire que sur 10-15 ans, tu fais le carton plein à Roland-Garros, que tout se goupille toujours parfaitement pour toi. C'est monstrueux, oui." Contrairement à ses contemporains, "Rafa" se soigne à l’ocre.

Nadal - Wawrinka, finale de Roland-Garros 2017 : les temps forts

Le chiffre

26. Rafael Nadal a remporté 26 de ses 27 derniers matchs sur terre battue. Sa seule défaite depuis un an sur la surface est survenue contre Dominic Thiem en quarts de finale du Masters 1000 de Rome. Depuis ce match, "Rafa" reste même sur une série de 26 sets remportés consécutivement sur "sa" surface, les 6 de ce week-end de coupe Davis venant s’ajouter à son sans-faute à Roland-Garros 2017 ! 



La question : Rafael Nadal vient-il de taper du poing à l’heure d’aborder la saison de terre ?

Clairement, oui. Qu’importe les blessures et la courbe de performances en pointillés depuis l’automne dernier. Qu’importe son 40e rang à l’instant T du classement Race de la semaine. Sur terre battue, il n’y a qu’un seul et unique patron : Rafael Nadal. Et l’Espagnol vient de le rappeler à tous.

En corrigeant ainsi Philipp Kohlschreiber et Alexander Zverev alors même qu’il était en manque de matchs, il martèle à quel point il est encore et toujours le grand favori de la saison de terre en général, et de Roland-Garros en particulier. La débâcle de Zverev, pourtant 4e joueur mondial et vainqueur à Rome l’an passé, souligne même en creux à quel point la concurrence a toutes ses preuves à faire sur la route de "Roland".