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Nicola Pietrangeli : le tennis italien pleure sa légende

Double vainqueur de Roland-Garros en simple (1959-1960), Nicola Pietrangeli est décédé ce lundi, à l’âge de 92 ans.

Nicola Pietrangeli - Roland-Garros 1959
 - Marion Theissen & Romain Vinot

Il était un emblème, une icône, un spécialiste de la terre battue et un personnage haut en couleur dont les anecdotes sur le circuit et en dehors étaient aussi riches que son palmarès. Nicola Pietrangeli s’est éteint ce lundi à Rome, la Ville Éternelle, dans laquelle le court Central du Foro Italico porte son nom.

Pietrangeli et Roland-Garros, un coup de foudre mutuel

Alors qu’il se prédestinait au football, Nicola Pietrangeli a finalement suivi les traces de son père et s’est (doucement) dirigé vers le tennis. Ce n’est qu’à l’âge de 19 ans, qu’il a (définitivement !) raccroché les crampons. Premier joueur italien sacré en Grand Chelem, il a fait partie de cette génération de joueurs qui a marqué la discipline quelques années seulement avant l’ère Open (1968).

Titré à deux reprises en simple Porte d’Auteuil (en 1959, face à Ian Vermaak puis en 1960 contre Luis Ayala), il a également rallié la dernière marche à deux reprises (en 1961 et 1964, battu à chaque fois par Manolo Santana) dans un tournoi qu’il affectionnait tout particulièrement. Né à Tunis de parents italiens, le français était sa langue maternelle et il entretenait une relation spéciale avec la France. "Je pense très franchement que le plus beau tournoi du monde, c’est Roland-Garros, avait-il déclaré. Et je ne dis pas ça parce que je n’ai pas gagné d’autres tournois du Grand Chelem ! Mais la façon dont on est accueillis ici, la façon dont on revoit les vieux amis… Je ne sais pas comment expliquer ça. C’est peut-être parce que dans le fond, j’aurais pu choisir de jouer pour la France."

Son histoire avec le Majeur parisien a été ponctuée de succès et de trophées : en plus de ses deux Coupes des Mousquetaires, il a également remporté le trophée en double, avec Orlando Sirola en 1959 et en double mixte, aux côtés de Shirley Bloomer en 1958. Passé maître de l’ocre, il a également disputé une demi-finale à Wimbledon, en 1960. Très apprécié du public, le plus français des Italiens s’était prêté pour nous à l’exercice des "Souvenirs de champion", se remémorant cette époque révolue où cohabitaient exploits sportifs et soirées mondaines chez Régine ou au Crazy Horse. Surnommé "le capitaine" par les autres joueurs du circuit, il revendiquait s’être amusé tout au long de son fabuleux parcours.

Le cœur Vert-Blanc-Rouge

Durant la carrière de Nicola Pietrangeli, les rencontres sous la bannière italienne ont tenu une place bien particulière. Par son aura, son charisme et son talent, il a porté haut les couleurs de son pays, emmenant tout un peuple avec lui.

En 1960 et 1961, c’est en tant que joueur qu’il s’est hissé jusqu’en finale de la Coupe Davis (deux défaites contre l’Australie). Simple et double confondus, il détient d’ailleurs le record du nombre de victoires (120) et de matchs disputés (164) dans une compétition qui lui collait à la peau. Le Saladier d’Argent, c’est avec la casquette de capitaine qu’il l’a finalement soulevé, en 1976 – le premier titre de l’équipe nationale. Après avoir rangé la raquette, il est apparu au cinéma et à la télévision, animant notamment "La Domenica Sportiva", une émission sportive diffusée le dimanche sur la Raï depuis 1953.

Ce lundi, l’Italie a perdu l’une de ses légendes, et Roland-Garros aussi.