Déjà titrés du côté de Malaga lors des deux précédentes éditions, les hommes de Filippo Volandri ont triplé la mise à domicile au terme d’une incroyable campagne au cours de laquelle ils n’ont pas perdu le moindre match. Première nation sacrée trois fois de suite depuis les Etats-Unis en 1972, l’Italie est également le troisième pays de l’histoire à conserver ses couronnes en Coupe Davis et en Billie Jean King Cup au cours de la même année.
Coupe Davis : l’Italie s’offre un sublime triplé
Portée par Matteo Berrettini et Flavio Cobolli, la Squadra a soulevé le Saladier d’argent pour la troisième année consécutive.

Une domination sans partage
"Sans Jannik Sinner, la Coupe Davis sera plus ouverte cette année" pensaient les observateurs en préambule du très prometteur Final 8 de Bologne. Si la compétition a bel et bien réservé son lot de surprises, cela n’a pour autant pas empêché les Transalpins de soulever à nouveau le trophée. Parfaitement lancés dans chaque rencontre par Matteo Berrettini – un lieutenant aux allures de leader qui n’a plus perdu le moindre match en simple lors de ses trois dernières participations (11 victoires consécutives depuis 2022) – puis libérés par le talent, la rage de vaincre et la maturité de Flavio Cobolli, ils ont éliminé l’Autriche, la Belgique et enfin l’Espagne sans jamais avoir à en passer par le fameux double décisif.
Il s’en est toutefois fallu de peu lorsque le n°1 – en l’absence de Sinner donc mais également de Lorenzo Musetti – a sauvé sept balles de match et remporté le tie-break décisif 17 points à 15 face à Zizou Bergs en demies ou encore lorsqu’il s’est retrouvé mené d’un set et d’un break par Jaume Munar en finale. "J’ai essayé de jouer mon jeu, de puiser de l’énergie de mes coéquipiers sur le banc et du public, a analysé Cobolli à l’issue de sa victoire décisive. Je suis vraiment heureux d’avoir réussi à produire mon meilleur tennis dans les moments cruciaux. Jouer pour cette équipe et pour ces gars, c’est un sentiment différent : je gagne pour eux et pas seulement pour moi. C’est ce qui a fait la différence."
Comme transcendés par le drapeau et leur groupe, les Italiens ont fait preuve d’une résilience et d’une réussite à toute épreuve pour se donner le droit de célébrer dignement ce troisième sacre d’affilée devant des spectateurs naturellement conquis. "C’est un sentiment incroyable, un accomplissement extraordinaire, a confié Filippo Volandri ce dimanche. Nous avons remporté ce tournoi trois fois de suite mais cette Coupe Davis devant notre public et dans notre pays est complètement différente. Je n’avais pas pleuré pour les deux premières mais je n’ai pas pu contenir mes larmes pour celle-ci, elle représente énormément pour moi. Je ne peux que remercier ces joueurs, ils sont incroyables et ont fait tellement d’efforts pour l’emporter. Je suis fier et nous devons tous être fiers d’eux !"
Berrettini – Cobolli, comme des frères
Privés de deux de ses meilleurs atouts, le capitaine est toutefois parvenu à créer une équipe invincible et solidaire, bien aidé il est vrai par les liens qui unissent ses deux joueurs de simple. Matteo Berrettini (29 ans) et Flavio Cobolli (23 ans) partagent les courts depuis l’enfance et avaient à cœur de gagner l’un pour l’autre. "Je fréquentais le club Aniane de Rome quand j’avais 14 ans, Flavio en avait 8, a expliqué l'ainé à l’issue des demi-finales. J’ai commencé à travailler avec Stefano, son père et Vincenzo qui est devenu mon entraîneur par la suite. C’est là que nous nous sommes rencontrés, je me souviens très bien de lui et de son petit frère […] Ces deux enfants étaient toujours là, ils jouaient, ils profitaient du club. Nous étions en quelque sorte des baby-sitters, on jouait avec eux. C’est fou que nous soyons dans la même équipe aujourd’hui, ça me donne des frissons de penser à l’évolution de cette relation au fil des années."
S’il a parfaitement rempli son contrat en remportant ses trois rencontres face à Jurij Rodionov, Raphaël Collignon et Pablo Carreno Busta sans perdre le moindre set, le finaliste de Wimbledon 2021 a également tenu un rôle crucial en encourageant son cadet tout au long de la compétition et en étant toujours le premier à venir le féliciter sur le court. "Je me répète, mais cette équipe est vraiment forte grâce aux liens qui nous unissent tous, a poursuivi Berrettini. Nous nous connaissons depuis longtemps et c’est vraiment incroyable de jouer ensemble."
Au-delà de ses qualités tennistiques et de son goût prononcé pour l’effort et la victoire, c’est bien ce supplément d’âme qui a permis à Flavio Cobolli de faire la différence, notamment lors de ses deux derniers matchs. "Tous les membres de cette équipe sont spéciaux pour moi, a expliqué le principal intéressé après son incroyable succès face à Zizou Bergs. Nous formons une équipe formidable et très soudée. Nous essayons de travailler les uns pour les autres au quotidien. Mais Matteo a une place particulière pour moi, il est comme un frère. Il m’a beaucoup aidé, comme le ferait un frère."
Tous les héros ne portent pas de capes et ces deux joueurs ont occupé cette place particulière l’un pour l’autre et dans le cœur des fans italiens durant une semaine maîtrisée de bout en bout. Au vu de son vivier inépuisable et de son irréprochable esprit d'équipe, tout porte à croire que l’Italie a toutes les qualités pour poursuivre sa domination dans les années à venir.