Mercredi : les matchs du jour

 - Rémi Bourrieres

Voici quatre matchs à suivre pour cette entame du deuxième tour. Et voici pourquoi...

Belinda Bencic (n°10) – Daria Kasatkina (37e) : les pépites amies 

Court Simonne-Mathieu, première rotation

Elles ont le même âge (24 ans), sont amies de longue date, ont longtemps porté en elles les plus grands espoirs avant de connaître pas mal de difficultés : Belinda Bencic et Daria Kasatkina, deux anciennes gagnantes du tournoi juniors (respectivement en 2013 et 2014), nous promettent un duel bourré de talent dont la gagnante deviendra l'une des favorites d'un dernier quart de tableau déserté de ses deux plus grosses têtes de série (Naomi Osaka et Bianca Andreescu).

La Russe au toucher de balle de velours n'a plus atteint le troisième tour d'un Grand Chelem depuis son quart de finale à Wimbledon en 2018, année où elle avait réussi la même performance ici à Paris. Depuis, elle a vécu le doute au point de s'interroger sur la suite à donner à sa carrière. Elle a repris, finalement, et elle a bien fait puisqu'elle a déjà remporté deux tournois cette année.

Bencic, elle aussi, a connu son lot de déboires avec notamment une sérieuse blessure au poignet (gauche) qui a nécessité une opération en 2017. Elle s'est depuis réinstallée parmi les meilleures, atteignant notamment les demi-finales à l'US Open en 2019.

Dans un registre plus puissant que Kasatkina, elle a battu une fois sa rivale et néanmoins copine, l'an dernier, à Brisbane. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts...

Madison Keys (n°23) – Leylah Fernandez (69e) : le choc des mondes

Court n°6, troisième rotation

Un choc "outre-Atlantique" qui fleure bon, aussi, le choc des cultures. La grande espoir du tennis canadien (une de plus...), Leylah Fernandez, 18 ans, porte en elle ce multi-culturalisme propre à son pays, elle qui est née d'un père Equatorien et d'une mère aux origines philippines, et qui parle trois langues couramment (français, anglais et espagnol). Madison Keys, l'Américaine, est elle-même métisse.

Au-delà de ce petit topo géopolitique, voilà un match qui sent la poudre entre deux joueuses qui, chacune dans son style, n'ont pas beaucoup d'état d'âmes à la frappe. Avec son énorme service et son gros coup droit, Keys est beaucoup plus à l'aise sur terre battue qu'on pourrait le croire : elle fut demi-finaliste ici en 2018 face à Sloane Stephens (qui l'avait également battue en finale de l'US Open 2017), et également quart de finaliste l'année suivante. Touchée par le Covid en début d'année, elle a eu du mal à revenir mais semble encline à relancer la machine.

Une machine que Fernandez, gauchère, bonne terrienne (elle aussi a gagné les juniors ici en 2019), excellente manieuse de balle, a des armes pour dérégler. Elle qui avait atteint le 3e tour en 2020 face à Petra Kvitova, avant de remporter son premier tournoi cette année à Monterrey, frappe désormais aux portes des meilleures.

Leylah Fernandez Roland Garros 2019©Cedric Lecocq / FFT

Karen Khachanov (n°23) - Kei Nishikori (49e) : à la recherche du temps perdu

Court Philippe-Chatrier, deuxième rotation

Un duel entre deux joueurs que beaucoup de choses opposent mais qui ont au moins deux points communs : celui d'avoir tous deux atteint les quarts de finale à Roland-Garros (ils y étaient d'ailleurs la même année, en 2019) et celui d'être tous deux, aujourd'hui, à la recherche de leur meilleur niveau.

On ne présente plus Kei Nishikori, qui atteint deux autres fois les quarts à Paris en 2015 et 2017 (méfiance, donc, c'est tous les deux ans...), qui a aussi été finaliste à l'US Open en 2014 et atteint la 4e place mondiale en 2015. Opéré du coude fin 2019, le Japonais, désormais âgé de 31 ans, met du temps à recouvrer la plénitude de son potentiel mais il a donné des signaux positifs ces dernières semaines, par exemple en prenant un set à Rafael Nadal à Barcelone ou en battant... Karen Khachanov à Madrid.

Ce dernier, après un début de saison sur terre battue délicat, a lui aussi retrouvé quelques couleurs en atteignant récemment les demi-finales à Lyon, mais il peine globalement à retrouver la constance qui avait fait de lui un 8e mondial en 2019. Sa qualité de frappe, en revanche, est toujours là. Et puis, faut-il rappeler qu'il aime la France, lui qui avait gagné l'Open 13 et le Rolex Paris Masters en 2018, et dont l'épouse parle français.

Pablo Carreno Busta (n°12) – Enzo Couacaud (177e) : on dirait le Sud

Court Simonne-Mathieu, quatrième rotation

Le dernier Français en lice dans le bas de tableau n'est pas celui qu'on attendait le plus. C'est même précisément celui qu'on attendait le moins. Titulaire d'une invitation, Enzo Couacaud, puisque c'est lui, a été la belle éclaircie tricolore du début de tournoi en disposant du Biélorusse Egor Gerasimov (79e mondial) en trois sets pour son premier match dans le tableau final de Roland-Garros.

C'était aussi sa première victoire sur le circuit principal, à 26 ans. Une victoire qu'on aurait attendue beaucoup plus tôt de la part de ce joueur considéré comme un très bon espoir du tennis français dans sa jeunesse, avant de voir sa prometteuse carrière entravée par une blessure au coude qui a nécessité deux opérations en 2017 et 2018.

Considéré comme perdu pour le tennis, "Papycouac" a retrouvé sa route notamment en passant beaucoup de temps dans son île natale (Maurice). Voilà plusieurs mois qu'il rejoue à un très bon niveau, notamment sur terre battue. Mais il n'a jamais affronté un joueur du calibre de Pablo Carreño Busta, double quart de finaliste du tournoi (2017, 2020) et valeur sûre du circuit. On ne le bat jamais sans atteindre un certain niveau...