Les 5 matchs à ne pas manquer jeudi

 - Rémi Bourrieres

Au menu : puissance de frappe, caractère et spectacle. Et deux Françaises.

Andrey Rublev, Roland-Garros 2020, 1e tour©Corinne Dubreuil / FFT

Karolina Pliskova (n°2) / Jelena Ostapenko (43e)

Court Philippe-Chatrier, 1ère rotation

Amateurs de dentelles et de calligraphies, passez votre chemin. On a là deux des plus grosses cogneuses du circuit entre la Tchèque, immense serveuse, et la Lettonne aux coups de fusil immodérés des deux côtés. 

Sur le papier, net avantage à Karolina Pliskova. Mais plusieurs paramètres incitent à la prudence. D'abord, il faudra surveiller l'état physique de la n°2 mondiale, qui avait abandonné en finale à Rome (cuisse), et qui a eu toutes les peines du monde à se débarrasser au premier tour d'une qualifiée, l'Egyptienne Mayar Sherif.

Jelena Ostapenko, elle, a frappé fort – pléonasme - face à l'Américaine Madison Brengle (6/2, 6/1). Contrairement à son adversaire, elle a l'avantage d'avoir déjà gagné un Grand Chelem, ici-même, en 2017. Le plus cocasse, c'est qu'elle n'avait jamais gagné un match à Paris avant. Ni après. Jusqu'à cette année, donc...

Une stat' à l'image de son jeu : avec elle, c'est tout ou rien. Pliskova le sait et n'a rien contre cette philosophie. Les duels entre les deux joueuses (3-2 pour Pliskova) ont souvent été disputés, voire dantesques. Donc sortez les boucliers, et préparez les pop-corn...

Jelena Ostapenko Roland-Garros 20117© Corinne Dubreuil / FFT

Zhang Shuai (39e) - Alizé Cornet (52e) 

Court Simonne-Mathieu, 3e rotation

Un duel particulièrement indécis, sur le papier, entre deux jeunes trentenaires qui se suivent de près au classement et qui présentent des valeurs communes dans leur sens inné du combat. 

La Française, victorieuse au premier tour de sa compatriote Chloé Paquet (6/3, 6/2), semble bien dans son tennis comme dans ses baskets depuis plusieurs mois. Elle a l'avantage de mener dans les face-à-face avec son adversaire (4-2) et d'avoir, a priori, une science plus naturelle du jeu sur terre battue.

Mais la méfiance est de mise. Si la Chinoise n'a gagné que cinq matches dans sa vie à Roland-Garros, elle a causé une belle surprise au premier tour en éliminant l'Américaine Madison Keys (6/3, 7/6), tête de série n°12 et demi-finaliste en 2018. Elle a atteint deux fois les quarts de finale en Grand Chelem (Open d'Australie 2016, Wimbledon 2019), un cap sur lequel Alizé bute toujours. Bref, c'est une adversaire redoutable...

Andrey Rublev (n°13) - Alejandro Davidovich Fokina (70eme)

Court Simonne-Mathieu, 4e rotation

Un savant mélange des genres entre un Russe élevé à l'école espagnole et un Espagnol aux origines russes, qui font tous deux partie de la "Next Gen". Andrey Rublev, qui va bientôt fêter ses 23 ans, est à un stade plus avancé de sa carrière par rapport à son adversaire, qui a deux ans de moins. Révélé très tôt par un quart de finale à l'US Open, alors qu'il n'avait pas 20 ans, le vainqueur de Roland-Garros juniors 2014 a ensuite connu son lot de blessures.

Mais il est revenu fort pour attaquer 2020 pied au plancher en remportant les deux premiers tournois de l'année, à Doha et Adelaïde. Et le confinement n'a guère freiné les ardeurs de ce cogneur compulsif qui vient de s'imposer à Hambourg pour se hisser aux portes du top 10.

Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura de la vie sur le court. Car dans le genre survolté, Davidovich Fokina n'est pas mal non plus. Ce fils de boxeur biberonné aux films de Rocky a du feu en lui. Il est capable, par exemple, de servir à la cuillère sur une balle de set, comme il l'a fait à l'US Open, où il a atteint les huitièmes de finale. Bref, le télescopage entre ces deux frappeurs un peu frappés pourrait produire quelques étincelles...

Davidovich Fokina Roland-Garros 2020© Nicolas Gouhier / FFT

Elena Rybakina (18e) – Fiona Ferro (49e)

Court Suzanne-Lenglen, 3e rotation

Deux jeunes joueuses en pleine forme, dont le nom ne parle peut-être pas (encore) au grand public, mais dont la dangerosité est certaine, notamment sur terre battue. La Kazakhe d'origine russe, 21 ans, demi-finaliste du tournoi juniors 2017, vient tout juste de jouer la finale à Strasbourg, tandis que la Française aux origines italo-belges, 23 ans, s'est imposée en août à Palerme et n'a toujours pas perdu un match depuis la reprise.

En Grand Chelem, aucune des deux n'a pour l'instant atteint une deuxième semaine mais il y a fort à parier que ce n'est qu'une question de temps. Peut-être même de jours. La gagnante du duel aura a priori un prochain tour à jouer tout à fait dans ses cordes.

Sur le papier, cet honneur semble promis à Rybakina, dont l'immense gabarit (1,84 m) et les coups puissants peuvent en impressionner plus d'une. Mais Ferro, qui pourrait passer n°1 française à l'issue du tournoi, n'est pas du genre à avoir froid aux yeux. Ses trajectoires plus bombées et son esprit combatif peuvent faire dérailler la belle mécanique adverse.

Stefanos Tsitsipas (n°5) - Pablo Cuevas (60e)

Court Philippe-Chatrier, 4e rotation

Un match en "as" qui ne saurait passer à l'as. Si tout le monde s'attend à ce que Tsitsipas passe, reste que Cuevas est une menace coriace. 

Même s'il n'a curieusement jamais atteint, à 34 ans, la deuxième semaine d'un Grand Chelem, l'Uruguayen est une valeur étalon du circuit, en plus d'un showman très sous-estimé. Capable de toutes les fulgurances, comme de craquages intempestifs, il a surtout un grand talent raquette en main qui peut lui permettre, dans un bon jour, de battre les meilleurs. Surtout sur terre battue, surface sur laquelle il a décroché les 6 titres de sa carrière.

En face, Stefanos Tsitsipas est certes d'une autre race. De celle des vainqueurs potentiels en Grand Chelem. Mais ça coince encore pour le Grec, qui n'a plus atteint la deuxième semaine d'un tournoi majeur depuis son étourdissant huitième de finale perdu l'an dernier contre Stan Wawrinka.

Cela dit, après une reprise compliquée, l'une des stars de l'académie Mouratoglou a bien lancé sa saison (ou ce qu'il en reste) en atteignant la finale à Hambourg. Et ce, en battant justement Cuevas au passage. Mais difficilement. 

Relâchement interdit donc pour l'attaquant hellène, dont on scrutera aussi l'état physique après avoir pioché au premier tour pour remonter un handicap de deux sets face à Jaume Munar. Cette fois, ça (tsitsi)passe ou ça c(uev)asse...

Stefanos Tsitsipas Roland-Garros 2020© Cédric Lecocq / FFT