"Delpo", tout le monde lui dit "I love you"

 - Emmanuel Bringuier

Tout le monde ou presque aime l'Argentin... mais pourquoi ?

Juan Martin Del Potro Roland-Garros 2018.© Philippe Montigny / FFT

C’est l’histoire d’un mec… D’un joueur qui est loin d’avoir le palmarès des membres de ce qu’on a appelé le "Big Four". Et qui est pourtant unanimement apprécié. Juan Martin del Potro a un seul Grand chelem à son palmarès (inoubliable US Open 2009), mais sa cote d’amour parmi le public tutoie les sommets. Alors, pourquoi tout le monde aime "Delpo" ? Les raisons sont presque aussi nombreuses que ses coups droits gagnants.

Parce qu'il revient de l'enfer

Il faudrait vraiment être insensible pour ne pas être touché par le parcours de Juan Martin del Potro. L'Argentin est un colosse au corps d'argile. Sa carrière a été marquée par de superbes victoires (US Open 2009, Coupe Davis 2016, Indian Wells 2018...), mais aussi par de cruelles blessures. Del Potro a notamment souffert de poignets fragiles qui ont nécessité de nombreuses opérations et de longues périodes d'indisponibilité. Deux fois, il s'est retrouvé quasiment sans classement ATP. Deux fois, il est revenu. "J’étais proche de quitter ce sport il y a deux ans mais je n'ai jamais renoncé", a d’ailleurs rappelé le numéro 6 mondial en conférence de presse, jeudi après-midi. Sa faculté à toujours revenir chatouiller les meilleurs après ses terribles blessures a contribué à faire de lui l'un des joueurs les plus respectés du circuit et du public. Par son caractère comme par son jeu, "Delpo" est fait du bois des plus grands. Et ceux-ci le reconnaissent d'ailleurs volontiers comme un des leurs.

Parce que... son jeu

Il y a beaucoup – énormément – de joueurs qui frappent très fort sur le circuit. Mais aucun ne cogne à la manière de Juan Martin del Potro. Du fait de sa grande taille (1m98), le longiligne Argentin privilégie forcément le jeu en puissance et adore dégainer sa principale arme de destruction : son coup droit décroisé, probablement le plus impressionnant du circuit. Un coup de canon, relâché et brutal, qui électrise les foules et offre pléthore de hot shots. "Il possède un des meilleurs coups droits au monde, confirme sa victime en huitièmes de finale, l’Américain John Isner. S’il arrive à mettre dedans toute sa puissance, ça devient une arme fatale." Un style qui garantit certains des mariages de jeux les plus enthousiasmants du circuit : faites-le jouer contre Federer, Djokovic, Murray ou Nadal (rendez-vous ce vendredi !), cela donne toujours des duels hautement spectaculaires.

Parce que l'Argentin est un aimant à matchs dingues

Pour le pire mais souvent pour le le meilleur, "Delpo" a offert ces dernières années des moments chargés en émotions. Du drame à l'état brut. Aux JO de Rio, il avait tiré des larmes à des milliers de téléspectateurs argentins. Alors qu'il n'avait quasiment pas joué en 2015, que certains l'avaient dit perdu pour le tennis, le colosse de Tandil expulsait Djokovic et terrassait Nadal lors de deux matchs épiques, avant de chuter avec les honneurs face à Andy Murray en finale. Autre morceau de bravoure ? Sa victoire face à Marin Cilic en finale de la Coupe Davis. Cinq sets de folie dans une ambiance survoltée qui avaient contribué à offrir à l'Argentine un Saladier d'argent historique. Dernier moment d'émotion, pas plus tard que ce jeudi après-midi, sur le court Suzanne-Lenglen, où "Delpo" a lâché quelques larmes après sa victoire sur ce même Cilic. Parce que oui, en plus, le colosse est un sensible.

Parce que "Delpo" rime avec "poto"

La balle jaune.... mais pas que. Après sa défaite en demi-finales à Miami, qui avait suivi son triomphe à Indian Wells, le géant argentin avait fait preuve d'une sincérité désarmante devant la presse. "J’ai fait un bon tournoi. Il me tarde de rentrer à Tandil, de faire des barbecues, de passer du temps avec ma famille et mes amis... En ne parlant pas de tennis pendant une quinzaine de jours !" C’est aussi ça, Juan Martin del Potro : un type sympa, voire normal, qui ne vit pas que pour le tennis. Très proche de ses amis, de ses proches et notamment de sa petite sœur (il a eu la douleur de perdre sa sœur aînée étant enfant), il rentre le plus souvent possible dans sa ville natale pour passer du temps en famille. Une manière de se ressourcer... et de continuer à briller sur le circuit malgré un physique en cristal.