Del Potro, des larmes et un adieu ?

Il a déposé son bandeau sur le filet avant d’y déposer un baiser et de quitter le court sous l’ovation du public argentin après une étreinte avec sa mère, exceptionnellement présente en tribune pour l’événement. Quelques minutes plus tôt, Juan Martin Del Potro venait sûrement de disputer le dernier match de sa carrière face à son ami Federico Delbonis vainqueur 6/1, 6/3 au premier tour du tournoi ATP250 de Buenos Aires. 

Ce n’est pas le résultat - prévisible après 965 jours (soit 2 ans, 7 mois et 19 jours) loin du circuit professionnel - que l’on retiendra. On se souviendra plutôt des émotions partagées par la "Tour de Tandil" avec ses proches et le public argentin. Pour la dernière fois peut-être les "Ole, Ole, Ole, Ole, Del Po, Del Po…" sont descendus des tribunes pour tenter de porter l’Argentin vers un dernier succès et le remercier pour sa carrière exceptionnelle. Comme lorsque l'émotion l'a rattrapé, à 5-3 pour son adversaire dans le deuxième set, avant de servir pour la dernière fois sur le circuit professionnel...

22 titres, dont l’US Open en 2009, une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Rio (2016) après le bronze obtenu à Londres en 2012, une Coupe Davis avec l’Argentine et, une finale à l’US Open en 2018 et 12 autres finales disputées sur le circuit, c’est le joli bilan chiffré d’une carrière pourtant perturbée à de très nombreuses reprises par un physique impressionnant mais trop fragile.

Trop souvent éloigné des courts par des blessures, à commencer par celle au poignet qui l’avait privé de compétition pendant huit mois début 2010, quelques mois seulement après avoir remporté l’US Open, à seulement 20 ans, en battant Roger Federer en finale, Juan Martin Del Potro a dû composer avec les problèmes physiques tout au long d’une carrière écrite en pointillés entre opérations, rééducations et retours fracassants, à l’image de son célèbre coup droit. 

"Un adieu plus qu'un retour"

Gravement blessé au genou et handicapé par une fracture de la rotule survenue en octobre 2018 à Shanghai, Juan Martin Del Potro a tout tenté pour réussir un ultime retour. Lui qu’on n’avait plus vu sur le circuit depuis le tournoi du Queens en juin 2019 où il avait éliminé Denis Shapovalov en huitièmes avant de déclarer forfait avant son quart contre l’Espagnol Feliciano Lopez, a subi quatre opérations du genou avant d’annoncer son retour à Buenos Aires. Mais les espoirs de ses fans furent de courte durée.

Dès la conférence d’avant-tournoi, "Del Po" parlait d’un "adieu plus qu'un retour".  Et son discours à l’issue de sa défaite contre Delbonis a laissé peu de place au doute. Sauf miracle, la carrière de l’ex-numéro trois mondial semble bel et bien derrière lui. A 33 ans, le colosse argentin rêve désormais que la douleur le laisse en paix au quotidien. 

"Vivre en paix"

"J’aurais préféré que ce moment n’arrive pas car ce n’est pas ce que je voulais, a déclaré Juan Martin Del Potro entre deux sanglots à la fin du match. Mais je prends cette décision car je pense que j’ai fait trop d’efforts pendant deux ans et demi pour réussir un nouveau miracle comme je l’avais fait avec mon poignet ou d’autres fois. J’ai tout donné jusqu’au dernier point et maintenant je suis en paix avec moi-même car j’ai pu tirer ma révérence sur le court et non en conférence de presse et le faire devant vous tous. Je me souviendrai toujours de ce moment. Aujourd’hui je voudrais pouvoir dormir sans douleur et c’est ce sur quoi je vais me concentrer à partir de demain. J’ai toute la vie devant moi et je veux vivre en paix."

Si le demi-finaliste de Roland-Garros 2009 et 2018, semble tirer un trait sur une éventuelle suite de carrière, il n’a pas complètement fermé la porte à un retour qui semble malgré tout très peu probable. "Je vais toujours laisser la porte ouverte, mais si j'ai joué mon dernier match aujourd'hui, je suis content. Aujourd'hui, c'est un arrêt complet et le tennis est laissé de côté."