Podoroska écrit l'histoire !

 - Iris Chartreau

L'Argentine a sorti une prestation majuscule pour éliminer Svitolina et devenir la première qualifiée à se hisser en demi-finales.

Nadia Podoroska, Roland-Garros 2020, quarts de finale©Philippe Montigny / FFT

Quel exploit ! L’Argentine Nadia Podoroska est devenue la première joueuse de l’histoire issue des qualifications à se hisser en demi-finales de Roland-Garros. La 131e joueuse mondiale a fait tomber la joueuse la mieux classée encore en lice, Elina Svitolina, 6/2, 6/4.

Podoroska n’a pas laissé le temps à la tête de série numéro 3 de s’acclimater aux conditions venteuses qui régnaient sur le court Central, malgré le toit fermé. L'Argentine de 23 ans, d’origine ukrainienne par ses grands-parents, est rentrée tout de suite dans son match avec les idées bien en place, sans nourrir aucun complexe.

Sur le terrain, la moins bien classée des deux, qui n’avait pourtant jamais joué sur un court aussi grand, a dicté le jeu, montrant l'étendue de son talent. Amorties, jeu court croisé, montées à contre-temps : la panoplie de l'Argentine est riche. Svitolina en a fait une indigestion.

Après seulement 28 minutes, Podoroska mène déjà 5-1. Svitolina, souvent en retard dans ses déplacements, ne sait plus où donner de la tête. Manifestement gênée par le vent, l’Ukrainienne ne parvient pas à trouver le bon ajustement par rapport à la balle. Malgré tout, elle reprend un break mais c'est trop tard.

L'Argentine ne tremble pas à sa deuxième tentative et conclut la première manche en 35 minutes. Svitolina, pourtant convaincante depuis le début du tournoi, est bel et bien dépassée. Un chiffre : elle n'a signé que deux coups gagnants dans cette manche, bien loin de ses standards, et de ceux de son adversaire du jour, qui en a réussi 17.

La tête froide

Alors que l’on s’attendait à un sursaut de la double quart-de-finaliste de Roland-Garros (2015 et 2017), le rapport de force reste globalement le même dans la deuxième manche. Les débats se resserrent, bien sûr. Podoroska baisse notamment d’efficacité au service (perdant trois fois sa mise en jeu), mais en bonne adepte de la philosophie bouddhiste zen, elle garde la tête froide.

Elle aussi prend trois fois le service de son adversaire et continue, encore et toujours, de mettre la pression au retour. Un quatrième break la libère finalement ! Après deux premières balles de match manquées (un retour dans le filet et un coup droit dans le filet après une amortie téléphonée), l’Argentine s’impose sur un ultime coup droit gagnant et lance sa raquette en l’air dans un grand cri de joie.

Dans l'histoire

Habituée des tournois ITF, Podoroska, notamment victorieuse de l’Open 35 de Saint-Malo le mois dernier, n’était pas attendue à pareille fête. Mais son état de forme (43 victoires cette saison) l’a poussée vers des sommets inattendus. "On a fait un très bon travail avec mon coach pendant le confinement, on a travaillé tous les coups du tennis'" a-t-elle déclaré, émue, lors de son interview sur le court avec Fabrice Santoro.

Alors qu’elle n’avait jamais remporté un match en Grand Chelem, l'Argentine, dont le nom était encore inconnu du grand public, a déjà écrit l’histoire de Roland-Garros et du tennis de son pays. Première Argentine à se hisser en demi-finales du tournoi depuis Paola Suarez en 2004, elle peut continuer à rêver. Alors qu'elle n'a toujours pas perdu une manche de la semaine, elle affrontera une autre novice en demi-finales : Iga Swiatek ou Martina Trevisan. Quoiqu'il arrive, Roland-Garros aura cette année une finaliste très inattendue.

Pour consulter tous les autres résultats, cliquez ici >>>