À la découverte de... Elliot Benchetrit

 - Amandine Reymond

Sorti des "qualifs", Elliot Benchetrit, 21 ans, est l'un des nouveaux visages du tennis français.

Qualifié pour la première fois de sa carrière en Grand Chelem, il affronte le Britannique Cameron Norrie au premier tour, ce mardi. On vous fait les présentations.

Il aurait pu être champion de ski… Ou de basket 

Né à Nice le 10 février 1998, Elliot Benchetrit a frappé ses premières balles à l'âge de trois ans. Mais ce n’est qu’à dix ans que ce passionné de sport a décidé de se consacrer essentiellement au tennis.

"C’est à ce moment-là que j’ai dû faire un choix entre le ski, le basket et le tennis, confiait-il après sa qualification vendredi. Ma mère était semi-pro au basket donc j’avais un petit avantage car j’avais un terrain de basket à la maison et on s’entraînait beaucoup. Le ski, j’y allais tous les mercredi, samedi et dimanche car j’habitais à Nice et c’était rapide de rejoindre Isola 2000. C’était difficile de choisir car je réussissais bien dans ces deux sports. Je jouais déjà en adulte en basket et j’avais les meilleurs chronos d’Isola en ski. Mais ma mère m’a conseillé de choisir un sport où j’avais un peu plus à apprendre car je pourrais toujours revenir vers les autres après."

Le tennis est devenu son métier mais Elliot Benchetrit, actuel 273e mondial, reste passionné de ski, de basket et plus globalement de sport en général. 

"J’aime tous les sports ! Pendant les JO, je regarde tout. J’aime aussi les sports mécaniques, auxquels l’un de mes meilleurs amis, Dorian Boccolacci, m’a initié. Il évolue actuellement en Formule 2 et je suis aussi assez proche d’Esteban Ocon, qui est pilote d'essai chez Mercedes. J’aime beaucoup discuter avec d’autres sportifs. On se rend compte qu’on partage les mêmes problématiques. Eux, ils doivent tourner un volant, moi taper dans une balle mais en fin de compte, mentalement, on rencontre les mêmes difficultés. Parfois, parler avec d’autres sportifs peut aider à avoir des déclics dans son propre sport."

Il va faire des études de psychologie

Titulaire d’un bac scientifique, Elliot Benchetrit a suivi une formation de journalisme par correspondance l’an dernier et prévoit de débuter une formation de psychologie du sport à partir du mois de septembre car "parfois, la vie de joueur de tennis peut être un peu ennuyeuse, surtout quand on est loin", raconte-t-il.

Sa surface préférée est la terre battue

Après des débuts sur les courts extérieurs du TC Beaulieu, Elliot Benchetrit, qui représente la Villa Primrose en matchs par équipe, s'entraîne au Nice LTC. Trois clubs réputés pour la qualité de leurs courts en terre battue. Pas étonnant donc que le Niçois se sente à l'aise sur la surface...

"J’aime beaucoup la terre battue, je suis né dessus, c’est ce que j’aime le plus. Quand je retrouve cette surface, je suis un peu comme un poisson dans l’eau ! J’ai l’impression de maîtriser ce que je fais, je me sens à l’aise. Sur dur, dans les moments où j’étais un peu stressé, j’aurais sûrement fait n’importe quoi. Là, il s’avère que j’ai su être naturel et le naturel m’a permis de gagner ce match qualificatif."



Il a du caractère

Connu pour son fort tempérament sur le court, Elliot se compare lui-même à Benoît Paire et Corentin Moutet en termes d’attitude sur le terrain et il n’en est pas forcément fier. "Je sais que ce n’est pas bien mais parfois, ça fait vraiment beaucoup de bien de crier un peu. Contre Enzo Couacaud, ça m’a aidé à faire tourner le match par exemple."

Mais pour réussir à se sortir de situations compliquées sans perdre son calme, Elliot s'est entouré de spécialistes. "Je travaille avec deux préparateurs mentaux mais je n’aime pas trop le terme. Je préfère parler de coaches de vie ou de coaches en apprentissage personnel. Je travaille sur moi en permanence et mon entraîneur Jean-Michel Pequery s’est aussi spécialisé dans ce domaine. Je lutte mais il faut parfois savoir être naturel pour revenir dans un bon état."

Il a beaucoup appris grâce à Gaël Monfils

L’an dernier, Elliot, bénéficiaire d’une wild-card, avait affronté Gaël Monfils au premier tour sur le court Suzanne-Lenglen. "En l’espace de trois semaines, il était passé d’un joueur de Futures à un joueur méritant une wild-card après des victoires contre Jérémy Chardy et Nicolas Mahut", se souvient Jean-Michel Pequery qui l'entraîne avec Aurélien Richaud.

"Contre Monfils, ce n’était pas facile mais il avait été capable de rentrer sur le Suzanne-Lenglen bien garni et de parfaitement commencer le match. Mais il lui manquait clairement de l’autonomie pour tenir plus d’un set. Depuis un an, il travaille très dur pour être capable de tenir. Il ne joue pas mieux mais il tient beaucoup plus longtemps et il a progressé au niveau mental, dans sa gestion des émotions et sa connaissance de lui-même."

Une analyse partagée par le joueur. "Le fait d’être davantage prêt cette fois m’a permis de passer les 'qualifs'. C’est quelque chose de très dur, en termes de stress, de terrain, de gestion du public, c’est quelque chose que je n’avais quasiment jamais vécu. C’est super de pouvoir arriver à jouer mon tennis même si, c'est vrai, je ne suis qu’un être humain et parfois, je me laisse un peu dépasser. Je n’ai peut-être pas autant d’expérience que Djokovic ou Rafa mais je progresse de jour en jour..."