Leylah Annie Fernandez, jeune première

 - Amandine Reymond

Victorieuse 6/3, 6/3 en finale, Leylah Annie Fernandez a offert un premier titre chez les juniors au tennis canadien.

Leylah Annie Fernandez Roland-Garros 2019©Cédric Lecocq / FFT

Le 20 avril, Leylah Annie Fernandez disputait (et perdait 6/4, 6/1) son premier match en Fed Cup face à Marketa Vondrousova. Ce samedi 8 juin, les deux joueuses disputent chacune une finale à Roland-Garros ! 

Mais alors que la Tchèque (20 ans) tentera de décrocher son premier titre en Grand Chelem lors de la finale dames face à Ashleigh Barty, la jeune Canadienne a, elle, soulevé son trophée le plus important en remportant le simple filles contre l’Américaine Emma Navarro 6/3, 6/3. 

Déjà classée 371e mondiale à la WTA à 16 ans, cette gauchère au joli toucher de balle avait atteint les demi-finales à Paris l’an dernier. Principale favorite de l'épreuve cette année, elle a traversé le tableau sans trembler, n’abandonnant que 18 jeux lors de ses cinq premiers matchs. 

Malgré une fébrilité légitime avant la finale, Leylah Annie Fernandez a su maîtriser ses nerfs pour signer sans trembler le premier succès du tennis canadien chez les juniors à Roland-Garros. "J’étais très nerveuse à l’échauffement, a-t-elle confié. Mais j’ai parlé avec mon père et il m’a bien calmée, il m’a dit de profiter de la finale, de jouer mon jeu et d’aller chercher tous les points."

Et c’est ce qu’elle a fait. Particulièrement offensive, elle n’a jamais laissé d’espoir à son adversaire, pourtant tête de série n°8 et 474e à la WTA.

Emma Navarro et Leylah Annie Fernandez Roland-Garros 2019©Cédric Lecocq / FFT

Avant elle, ses compatriotes (Sonya Jeyaseelan, Philip Bester, Filip Peliwo et Felix Auger-Aliassime) avaient toujours échoué lors des quatre finales disputées à Paris.

Mais la réussite des jeunes Canadiens sur le circuit professionnel ces deux dernières années n’est pas pour rien dans le succès de Leylah Annie Fernandez. "Ils m’inspirent beaucoup. Le fait que Bianca (Andreescu) ait été capable de gagner Indian Wells me motive à m’améliorer et à faire encore mieux dans le futur. Et je connais Felix depuis quelques années, je m’entraînais à côté de lui et j’ai vu à quel point il travaille dur, c’est un exemple."

Leylah Annie Fernandez Roland-Garros 2019©Cédric Lecocq / FFT

Une histoire de famille

Travailler dur, c’est le quotidien de cette Canadienne d’origine équatorienne par son père et philippine par sa mère. Son projet est celui de toute une famille. 

Décidés à offrir à leurs filles une vie meilleure que la leur, Jorge, le père, et Irene, la mère, mettent tout en œuvre pour les aider à réaliser leur rêve. Oui, car Leylah n’est pas la seule championne de la famille.

Sa petite sœur Bianca Jolie, 15 ans, marche sur ses pas et vient de remporter ses premiers matches sur le circuit professionnel dans un "15 000$" au Portugal cette semaine.

"C’est leur mère qui fait les plus grands sacrifices, confiait son père Jorge à la télévision canadienne il y a quelques semaines. Elle travaille à temps plein pour nous permettre de vivre cette aventure et elle nous voit moins, moi et ses filles. C’est un gros effort mais ça vaut le coup, assurait cette dernière. Même si elles n’y arrivent pas, c’est une belle aventure, un beau voyage pour nous tous."

Et le voyage se poursuit en Floride, où toute la famille s’est installée il y a quelques mois. "On a choisi la Floride car c’est la capitale des académies de tennis et on a accès aux terrains publics en illimité", expliquait le père dans ce documentaire.

Ex-entraîneur de football, il a suivi l’exemple des pères Williams et Sharapova en s’improvisant coach pour ses filles. "S’ils ont pu le faire, pourquoi pas moi ? Je dis souvent à mes filles : ‘C’est vrai que je ne connais que 60 % des choses par rapport à un autre entraîneur. Mais je connais ces 60% à 100% !’"

Leylah Annie Fernandez et son père Jorge Roland-Garros 2019©Cédric Lecocq / FFT

Adieu les juniors

À peine sacrée, Leylah est déjà prête à tourner la page des juniors. Même si elle espère disputer l’US Open juniors avec sa sœur, elle va désormais se concentrer sur le circuit professionnel.

"Mon objectif cette année était de gagner un Grand Chelem juniors, je suis passée très près en Australie et je suis vraiment heureuse d’avoir eu une autre opportunité ici et d’avoir su la saisir. Surtout ici à Roland-Garros. C’est le premier Grand Chelem que j’ai suivi à la télévision et c’est celui que je rêvais le plus de gagner. J’espère que je reviendrai l’an prochain… Mais en professionnelle cette fois !"

Rendez-vous est pris !