À la découverte de... Diane Parry

 - Amandine Reymond

Trottinette, acrobaties, amour du jeu et volonté... On vous dit tout sur l’espoir du tennis français.

Diane Parry©Christophe Guibbaud / FFT

Comme à la maison

Dire que Diane Parry est à la maison à Roland-Garros n’est pas un doux euphémisme. Née à Nice le 1er septembre 2002, celle qui est devenue lundi la plus jeune joueuse à gagner un match à Roland-Garros dans le tableau final depuis la Portugaise Michelle Larcher De Brito en 2009 a toujours vécu à Boulogne-Billancourt. 

C’est même dans l’école Dupanloup, située juste en face du stade de Roland-Garros qu’elle a suivi la majeure partie de sa scolarité, avant de migrer juste quelques centaines de mètres plus loin en intégrant le collège Jean-de-la-Fontaine dans une classe avec horaires aménagés. 

Elle y est restée jusqu’à ses 14 ans, moment où elle a intégré le CNE situé… juste de l’autre côté de la rue, au 4 boulevard Molitor. 

Toujours domiciliée chez ses parents, elle vit non loin de la Porte de Saint-Cloud, à quelques minutes à peine du CNE, qu’elle rejoint quotidiennement avec sa fidèle… trottinette électrique, qu’elle utilise également pour venir au stade de Roland-Garros tout au long de l’année. 

De l’énergie à revendre

Toute petite déjà, Diane aimait se dépenser. Dans la cour de l’école, aucun obstacle ne lui faisait peur. "Un jour, sa maternelle m’avait appelé pour me prévenir car elle escaladait les éléments de la cour d’école, essayait de marcher en équilibre sur le toit d’une petite cabane, faisait le cochon pendu partout et ils avaient peur qu’il y ait un accident avec elle ou les autres enfants qui voulaient l’imiter, se souvient sa mère Françoise. Elle avait besoin de se dépenser et le tennis est arrivé un peu comme une évidence."

C’est en voyant ses trois grands frères jouer qu’elle a eu envie de prendre une raquette vers quatre ans et demi. Très rapidement, la petite Diane a montré de belles dispositions et passé le plus clair de son temps raquette en main. "Pendant les vacances, je la déposais parfois le matin au TCBB et elle passait sa journée à jouer, poursuit sa mère. Et quand elle était à la maison, elle prenait une petite raquette et une balle en mousse pour jouer contre la baie vitrée. Elle adorait ça."

Diane Parry 6 ansFamille Parry

Du talent à revendre 

Un revers à une main tout en élégance, un coup droit dévastateur, un super service… Diane Parry sait tout faire, ou presque. Surtout, elle sent le jeu. "C’est sa plus grande force, confirme son entraîneur depuis septembre, Gonzalo Lopez Sanchis.

Avant, elle pensait qu’être agressive voulait dire frapper fort près des lignes. Je comprends qu’une fille qui ne sent pas la balle et qui est solide physiquement fasse ça, mais pas une fille comme Diane, qui sait tout faire. Comme varier les vitesses et les hauteurs.

Sa balle de match, l’autre jour, contre Lapko, c’est un coup gagnant qu’elle fait grâce à la préparation qu’elle avait faite avant en perturbant son adversaire. Elle apprend très vite, elle connaît le tennis. Quand tu lui parles, elle comprend tout de suite, ce n’est pas évident à son âge."

Diane Parry - revers - Roland-Garros 2019©Julien Crosnier / FFT

Une main de fer dans un gant de velours

Sous son calme apparent, Diane Ferry cache une volonté de fer et sait faire respecter ses choix. Elle l’a prouvé en changeant son revers à deux mains pour un revers à une main plus naturel pour elle lorsqu’elle avait douze ans.

Ou quand elle a obtenu de son équipementier le droit de jouer en shorts, dans lesquels elle se sent plus à l’aise. "Elle sait ce qu’elle veut, abonde son coach. Elle a besoin de faire les choses à son rythme, elle n’aime pas qu’on la presse mais elle fait."

Bien élevée par des parents attentifs et prévenants mais pas intrusifs, elle a parfois été trop tendre avec ses adversaires. Lors de ses débuts en compétition, alors que son adversaire avait annoncé au juge-arbitre qu’elle avait gagné, Diane, vraie vainqueur du match, s'était tue.

"Quand elle m’a raconté la scène toute triste en sortant du terrain, je lui ai demandé pourquoi elle n’avait rien dit, se souvient sa mère. Elle m’a juste répondu : ‘Elle a parlé avant moi…’"

Depuis, Diane a appris à s’imposer et à devenir plus agressive.. "C’est une super nana, une fille avec de belles valeurs et elle n’osait pas s’énerver, raconte Julie Coin, qui l’a entraînée de 14 à 16 ans. On lui disait qu’il fallait qu’elle soit un peu plus ‘méchante’. Maintenant, elle a grandi, elle ose plus et je crois qu’elle est en train de trouver le juste milieu sur le terrain."

Diane Parry - Roland-Garros 2019©Julien Crosnier / FFT

Solide mentalement, Diane Parry a aussi beaucoup progressé physiquement depuis deux ans. "C’est le domaine qu’elle a le moins travaillé quand elle était plus jeune, donc on met vraiment l’accent dessus mais elle a déjà énormément évolué, même s’il lui manque encore un peu de cardio pour s’habituer aux longs échanges du circuit senior, explique Gonzalo Lopez Sanchis.

Mon travail, c’est de faire en sorte qu’un jour ,elle fasse partie des meilleures joueuses mondiales car elle a une fédération qui peut l’aider, elle a les qualités et surtout, elle veut y arriver. Elle ne le dit pas tous les jours mais elle le montre au quotidien."

Diane Parry - échauffement Roland-Garros 2019©Corinne Dubreuil / FFT

Une jeune fille (presque) normale 

Très bonne élève de 1ère S (par correspondance), Diane doit passer le bac français… le 17 juin (écrit) et 1er juillet (oral) mais elle va demander une dérogation pour le passer en septembre.

Car, entre son parcours dans le tableau de simple dames et le tournoi juniors pour lequel elle nourrit de grandes ambitions, cette "matheuse", selon sa mère, n’a eu que très peu de temps à consacrer à ses études ces dernières semaines.

"Mais en règle générale, elle est très sérieuse car, comme au tennis, elle n’aime pas mal faire. Ça ne lui est pas encore arrivé mais elle aurait beaucoup de mal à accepter une mauvaise note."

Sérieuse et travailleuse, Diane, sait aussi se détendre. Et pour ça, rien de mieux que d’écouter de la musique, chanter ou regarder un bon film d’action ou de suspense (ses préférés).

Ou alors de passer du temps avec ses parents, ses trois grands frères et sa petite sœur, dont elle est très proche et pour lesquels elle adore… cuisiner. "Elle se débrouille plutôt bien, sourit sa mère. Elle est assez gourmande donc elle aime bien faire des gâteaux, surtout ceux au chocolat." 

Et pour se préparer le plus sereinement possible à son premier deuxième tour en Grand Chelem, c’est en famille que la 457e joueuse mondiale (9e chez les juniors) va passer la soirée.

D’ailleurs, c’est elle qui a prévu de préparer la purée maison pour accompagner le gigot ! Quand on vous dit que Diane a les pieds sur terre…