WTA / ATP : les merveilleuses cités d’ocre

 - Romain Vinot

Après un enthousiasmant début d’exercice sur dur, la terre battue a officiellement repris ses droits cette semaine.

©Amélie Laurin / FFT

Débutée à Marrakech, Estoril ou encore Charleston, la saison sur ocre va faire glisser les joueuses et joueurs sur les courts des plus belles villes d’Europe pendant deux mois. Une période bénie pour les amateurs de poussière à l’impact et un virage aussi dangereux que prometteur pour les ténors des circuits WTA et ATP. Toujours habités par une insatiable quête de gloire, de points et de victoires, ils ont cette année non pas un mais deux objectifs majeurs en ligne de mire : Roland-Garros et les Jeux Olympiques.

Djokovic en terre inconnue, Swiatek en terrain conquis

C’est une nouvelle fois dans le costume de numéro un mondial que Novak Djokovic aborde ce passage tant attendu à la terre battue. Mais pour autant, la situation du patron ne semble pas aussi confortable que par le passé. Actuellement en pleine préparation sur les courts de Monte-Carlo, il est arrivé en Principauté sans entraîneur dans ses bagages, la fin de sa collaboration avec Goran Ivanisevic ayant été actée il y a quelques jours. Ensemble, les deux amis ont battu tous les records, remportés neuf titres du Grand Chelem et réalisés une année 2023 phénoménale.

Surprenante pour certains, logique pour d’autres, cette décision pourrait avoir comme objectif d’impulser une nouvelle dynamique et de définitivement effacer ses éliminations en demi-finales de l’Open d’Australie et au 3e tour à Indian Wells.

Un rebond nécessaire pour le Serbe, dont le trône est désormais sous la menace directe de Jannik Sinner. Monstrueux en 2024, l’Italien titré à Melbourne, Rotterdam et Miami ne compte plus que 1015 points de retard et n’en défendra que 585 sur ocre. Reste désormais à savoir si son outrageuse domination se transposera sur la surface qui l’a pleinement révélé aux yeux du grand public lors de sa première participation à Roland-Garros (en 2020).

N’oublions pas non plus Carlos Alcaraz, dont le sacre à Indian Wells lui a sans doute pleinement réouvert l’appétit. De bon augure avant de se lancer dans la défense de ses deux titres (Barcelone, Madrid) et de ses 2265 points acquis l’an passé. Une nouvelle fois, tout pourrait se jouer du côté de la Porte d’Auteuil car d’ici là, le Djoker peut se constituer un matelas moelleux avant de remettre en jeu ses 2000 points de vainqueur sortant.

Une incertitude hiérarchique bien moins visible du côté de la WTA. De nouveau au sommet depuis sa démonstration au Masters de Cancun, Iga Swiatek a certes le plus gros capital à protéger (3335 points) mais elle possède une avance confortable de près de 3000 points sur sa dauphine Aryna Sabalenka. Déjà couronnée à trois reprises à Roland-Garros (25 victoires lors de ses 26 derniers matchs), la Polonaise quasi-invincible sur terre battue s’avance avec confiance et envie. "C’est ma surface préférée, j’ai été élevée et j’ai joué été comme hiver sur ocre, a-t-elle déclaré en Californie. Il n’y a pas eu de processus d’apprentissage parce que c’est mon style de jeu. Ça a toujours été naturel pour moi."

Les deux joueuses, qui s’étaient affrontées sur la dernière marche à Stuttgart (victoire d’Iga) et à Madrid (victoire d’Aryna) en 2023, pourraient cependant voir plusieurs concurrentes se rapprocher dangereusement.

Iga Swiatek, finale, trophée, Roland-Garros 2023 ©Corinne Dubreuil / FFT

A la recherche de la confiance perdue

Derrière l’échappée formée par les leaders, un peloton regroupé a tout intérêt à bien gérer les nombreux cols hors catégorie avant l’arrivée prévue le 9 juin à Paris. Chez les dames, six joueuses du Top 10 ont moins de 650 points à défendre lors des deux prochains mois. Si elles ne sont pas toutes sur la même pente ascendante, Coco Gauff, Jessica Pegula, Maria Sakkari, Qinwen Zheng, Marketa Vondrousova et Jelena Ostapenko vont tout tenter pour faire la jonction ou réduire l’écart.

De quoi mettre encore davantage de pression sur les épaules d’Elena Rybakina (tenante du titre à Rome) ou encore de Ons Jabeur. Gênée par une blessure lancinante au genou, la "Ministre du Bonheur" ne compte que deux victoires pour six défaites en 2024, dont la dernière en date hier à Charleston contre la championne de Miami Danielle Collins. Un nouveau revers lourd de conséquence puisqu’elle avait remporté ce WTA 500 l’an passé…

Du côté des cadors de l’ATP, un sentiment prédomine : ils ont sans doute plus à perdre qu’à gagner ou en tout cas beaucoup de choses à prouver. C’est notamment le cas de Stefanos Tsitsipas, en difficulté depuis de nombreux mois, d’Andrey Rublev, moins régulier et qui doit défendre son titre à Monte-Carlo, ou encore de Casper Ruud. Le finaliste des deux dernières éditions de Roland-Garros s’est récemment montré convaincant sur dur mais devra faire mieux pour ne pas être bouté en dehors du Top 10.  Quant à Holger Rune, il pourrait lui aussi rapidement être dépassé par des poursuivants très en forme comme Grigor Dimitrov, Hubert Hurkacz, Alex de Minaur et le Français Ugo Humbert. Espérons pour le Danois que son fameux entraînement annuel avec Novak Djokovic sur le Rocher lui permette de rebondir.

Etincelante lors du premier Majeur de l’année, la jeunesse florissante du tennis mondial aura sans doute son mot à dire au cours des prochaines semaines. Ainsi Mirra Andreeva, Linda Noskova, Diana Shnaider, Jacub Mensik, Alex Michelsen et Arthur Fils sont très attendus.

Nadal de retour ?

Ses fans auraient sans doute préféré qu’il n’y ait pas de point d’interrogation à cet intertitre. Mais force est de constater que les doutes entourant les capacités physiques de Rafael Nadal n’ont pas été dissipés par sa récente prise de parole pour annoncer son forfait à Monte-Carlo.

"Ce sont des moments très difficiles pour moi, sur le plan sportif, a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Malheureusement, je dois vous annoncer que je ne jouerai pas à Monte-Carlo. Mon corps ne me le permet tout simplement pas. Et même si je travaille dur et que je fais le maximum chaque jour avec la volonté de jouer et de participer à nouveau à des tournois qui ont été très importants pour moi, la vérité est que je ne peux pas jouer aujourd'hui. Vous n'imaginez pas à quel point c'est difficile pour moi de ne pas pouvoir disputer ces événements. La seule chose que je puisse faire est d'accepter la situation et d'essayer d'envisager l'avenir avec l’enthousiasme et la volonté de jouer afin de me donner une chance d'améliorer les choses."

S’il a depuis posté une photo à l’entraînement sur les courts de son académie, son programme sur terre battue reste inconnu. A noter pour les plus nostalgiques que Stan Wawrinka, Matteo Berrettini – qui n’avait plus gagné un match sur le circuit principal depuis l’US Open 2023 – et Gaël Monfils ont obtenu une wild-card pour jouer en Principauté.

Demandez le programme !

ATP

Monte-Carlo (Masters 1000, du 7 au 14 avril, tenant du titre : Andrey Rublev)

Barcelone (ATP 500, du 15 au 21 avril, tenant du titre : Carlos Alcaraz)

Munich (ATP 250, du 15 au 21 avril, tenant du titre : Holger Rune)

Bucarest (ATP 250, du 15 au 21 avril)

Madrid (Masters 1000, du 24 avril au 5 mai, tenant du titre : Carlos Alcaraz)

Rome (Masters 1000, du 8 au 19 mai, tenant du titre : Daniil Medvedev)

Genève (ATP 250, du 19 au 25 mai, tenant du titre : Nicolas Jarry)

Lyon (ATP 250, du 19 au 25 mai, tenant du titre : Arthur Fils)

Roland-Garros (du 20 mai au 9 juin, tenant du titre : Novak Djokovic)

 

WTA

Stuttgart (WTA 500, du 15 au 21 avril, tenante du titre : Iga Swiatek)

Rouen (WTA 250, du 15 au 21 avril)

Madrid (WTA 1000, du 24 avril au 5 mai, tenante du titre : Aryna Sabalenka)

Rome (WTA 1000, du 7 au 19 mai, tenante du titre : Elena Rybakina)

Strasbourg (WTA 250, du 19 au 25 mai, tenante du titre : Elina Svitolina)

Rabat (WTA 250, du 19 au 25 mai, tenante du titre : Lucia Bronzetti)