Les souvenirs de Bacsinszky

Ancienne demi-finaliste, la Suissesse est la tête d'affiche des qualifications dames.

Timea Bacsinszky has reached the quarter-finals or better the last three times she has visited Roland-Garros © Nicolas Gouhier / FFT
 - Baptiste Blanchet

Double demi-finaliste à Roland-Garros (2015 et 2017), Timea Bacsinszky a multiplié les blessures depuis la deuxième partie de saison 2017. De retour sur le circuit, la Suissesse de 29 ans (actuelle 94e WTA mais 9e à son apogée) aborde avec enthousiasme les qualifications dames, dont le coup d'envoi est donné ce mardi.

Dans quel état de forme êtes-vous ?

Je me sens de mieux en mieux depuis septembre de l’année passée. J’ai vécu une période très difficile avec 14 mois sans victoire car je me suis fait opérer de la main après "Roland" 2017, puis en 2018, j’ai dû renoncer à Roland-Garros et à Wimbledon car je me suis déchiré un mollet puis l’autre. C’était compliqué.

Dans ce contexte, être l’une des mieux classées des "qualifs", et même déjà top 100 puisque j’ai progressé entre-temps, ça me fait déjà hyper plaisir. Je suis fière d’avoir effectué ce parcours mais je ne compte pas m’arrêter là. Je sais qu’il reste encore du chemin. Mais dans une carrière, c’est souvent une question de patience. Il faut travailler dur et attendre que les choses viennent.

Vous souvenez-vous de vos dernières "qualifs" ici ?

Oui, c’était en 2014. J’avais gagné au troisième tour contre l’Allemande Laura Ziegemund après un match hyper serré. Je perds le premier set, elle mène 4-1 au deuxième, je ne sais même pas comment j’ai fait pour gagner (ndlr : 5/7, 6/4, 6/2). C’était à peu près les mêmes conditions que maintenant, il ne faisait pas très beau.

Ce temps pluvieux m’a surtout rappelé 2016, j’avais perdu en quarts contre Kiki Bertens. Cela avantageait les "gros morceaux", qualifiées pour les demi-finales, celles qui arrivent à bien frapper la balle. J’espère que la météo sera différente cette année.

"Je suis fière de pouvoir revenir ici, il y a un petit stress, une boule au ventre mais un stress sain."

Quelles sont vos ambitions pour ce tournoi ?

Ce sera déjà génial de gagner mon premier tour de "qualifs". Il ne sert à rien de faire des plans sur la comète, car si je perds mon premier match, je ne vais pas plus loin. Ça peut paraître simpliste comme raisonnement, mais ça a toujours été efficace dans le passé pour moi.




Vous croyez à une "magie des lieux", car dès que vous arrivez à Paris, votre tennis se remet immédiatement en place ?

(Rires) J’espérais ça l’an passé mais mon mollet ne s’est pas remis pour autant ! En même temps, le site a bien changé, et j’aime avoir mes petits repères. Cela dit, je me sens bien, presque un peu comme une gamine, ça paraît fou à dire à 30 ans (ndlr : elle les fêtera le 8 juin), mais quand on aime tellement un lieu et ce qu’on fait, c’est le cas. Je suis fière de pouvoir revenir ici, il y a un petit stress, une boule au ventre mais un stress sain. Ça m’aidera à être sous tension en match.

"J’ai toujours cette petite voix au fond de moi qui me dit : 'Je pense que tu peux encore progresser, aller plus haut'."

Avec vos grands résultats à Paris, les souvenirs doivent remonter...

Forcément, car je n’ai que des bons souvenirs ici. La dernière fois que j’ai joué, c’était le jour de mon anniversaire, je venais d’avoir 28 ans, j’avais perdu en demi-finales (ndlr : contre Jelena Ostapenko). Le fait de pouvoir être sur le "Philippe-Chatrier" le jour de mon anniversaire reste quand même un grand privilège. J’estime qu’avec tous mes pépins physiques, quatre opérations, être toujours ici aujourd’hui, c’est "admirable" si je prends du recul par rapport à ma situation.

Ce qui a eu lieu dans le passé, ce sont des souvenirs qui resteront pour toujours, mais j’espère qu’il y aura aussi de belles choses dans le futur. Rester trop dans le passé ne fait pas avancer. Il ne faut pas sans cesse comparer par rapport à telle ou telle édition. J’essaye de vivre au présent, de profiter du moment. Je ne prétends pas le faire parfaitement, mais l’intention y est.

Timea Bacsinszky - anniversaire 2017© Jean-Charles Caslot / FFT

Toutes ces blessures vous donnent envie de repartir pour plusieurs saisons ?

Oui, tant que j’ai l’envie. Après, je ne sais pas combien d’années. Mais tant que le matin, ça me fait plaisir de me réveiller peu importe l’heure pour aller m’entraîner, que je suis seule dans une salle et que j’aime encore me pousser, m’investir, progresser.... J’ai toujours cette petite voix au fond de moi qui me dit : "Je pense que tu peux encore progresser, aller plus haut". Alors je pense que je vais le faire.

Au contraire, quand l’envie ne sera pas là, que ma tête pensera à autre-chose, je pense que ce sera terminé pour moi. Mais c’est facile d’être motivée pour un grand tournoi. C’est plus dur à la mi-décembre dans le froid, quand il fait noir à huit heures du matin et qu’il n’y a personne dans la salle de sport, en face du tapis de course. Là, lors de ce travail de l’ombre, tu sens si tu es motivée ou pas. Quand ça ne viendra plus de mon cœur, je me dirai que j’ai accompli des choses merveilleuses. Mais rassurez-vous, on n’en est pas encore là (sourire).