AO 2022 : place aux demi-finales dames

 - Romain Vinot

Ce jeudi, Ashleigh Barty, Madison Keys, Iga Swiatek et Danielle Collins vont tenter de se qualifier pour la grande finale de l’Open d’Australie.

Iga Swiatek / Australian Open 2022©Corinne Dubreuil / FFT

Cette année, à l’occasion des 100 ans du tournoi féminin, les deux demi-finales dames ont lieu pour la première fois en session soirée à Melbourne. Auteures de parcours impressionnants bien que différents, les quatre dernières candidates au titre voudront briller dans la nuit australienne.

Ashleigh Barty – Madison Keys

Intraitable Barty

Grande favorite de ce premier Grand Chelem de l’année, Ashleigh Barty est en mission. Déjà titrée à deux reprises en Majeur (Roland-Garros 2019 et Wimbledon 2021), la native d’Ipswich veut désormais connaître le bonheur suprême à domicile. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle se donne les moyens de ses ambitions.  

En mode rouleau-compresseur depuis le début de la quinzaine, la numéro un mondiale n’a perdu que 17 jeux pour se hisser dans le dernier carré. Après deux oppositions « faciles », elle est montée en puissance face à Camila Giorgi et Amanda Anisimova. Tombeuse de Naomi Osaka, l’Américaine représentait un premier gros challenge pour Barty, finalement en maîtrise totale malgré la perte de son engagement pour la première fois après 63 mises en jeu remportées consécutivement cette année.

Légèrement plus nerveuse qu’à l’accoutumée à l’entame de son quart de finale contre Jessica Pegula, elle ne s’est pas laissée gagner par la pression, expédiant finalement son adversaire 6/2, 6/0 en 1h03. Son efficacité sur son service et sa capacité à constamment gêner ses opposantes au retour donnent le sentiment qu’elle est intouchable. "Evidemment c’est un bonus d’avoir été capable de contrôler mes premiers matchs. On n’a pas toujours cette sensation d’être en contrôle total donc c’est agréable. Je me sens bien et je vais continuer à faire tout ce qu’il faut, comme je le fais sur chaque tournoi, pour me donner les meilleures chances de bien faire" déclarait-elle avant son huitième de finale.

Elle espère désormais que son beau parcours à l’accent américain va se poursuivre face à Madison Keys pour effacer définitivement de sa mémoire le mauvais souvenir de sa demie perdue en 2020, déjà face à une Américaine en la personne de Sofia Kenin. "Elle est de retour à son meilleur niveau, c’est l’une des meilleures joueuses du monde qui a été blessée ces dernières années. Je suis très heureuse de la revoir, c’est vraiment quelqu’un de très sympa. On a eu des grosses batailles par le passé, je suis très impatiente de la jouer !" a-t-elle confié à propos de sa prochaine adversaire.

Keys de retour dans la lumière

Déjà sur le chemin de l’Australienne lors de son épopée victorieuse à Roland-Garros en 2019, Madison Keys semble plus que jamais prête à prendre sa revanche. De retour à son meilleur niveau après une longue période de doute, l’Américaine a prouvé lors de ses dix dernières victoires consécutives qu’elle avait tous les atouts pour remporter un Grand Chelem.

Madison Keys, Ashleigh Barty, Roland-Garros quarter-finals 2019© Cédric Lecocq/FFT

Une série de succès – la plus belle de sa carrière – acquise grâce à une mobilité et un relâchement qui la rendent difficile à déborder. Des qualités dont elle aura besoin face à l’actuelle meilleure joueuse du monde, dont elle connait parfaitement les qualités. "La raison pour laquelle le slice de Ash est si bon, c’est qu’elle arrive à le faire peu importe la vitesse de la balle qui arrive. Je pense que peu de joueuses sont capables de ça. Elle est tellement forte quand il s’agit de calmer un échange ou de le remettre à zéro. Vous ne pouvez pas en faire des tonnes après son slice, la balle arrive si lentement… C’est vraiment l’une de ses meilleures armes parce que ça lui permet de pouvoir se replacer ensuite sur son coup droit. Et quand elle se met sur son coup droit, elle contrôle l’échange !" a-t-elle justement analysé en conférence de presse.

Expéditive et intouchable face à Paula Badosa, constante et opportuniste contre Barbora Krejcikova, Keys a également prouvé dans son super tie-break face à Wang qu’elle était capable de gagner dans la douleur. Elle a désormais une occasion en or de franchir un cap supplémentaire, sept ans après sa demi-finale perdue ici face à Serena Williams : "Le sentiment est différent, j’ai sept ans de plus et ce ne sera pas ma première demi-finale en Grand Chelem. Je pense que je suis un peu mieux préparée cette année. Le plus important est de me concentrer sur mon plan de jeu, sur moi".

Iga Swiatek – Danielle Collins

Swiatek a du caractère

Dans l’autre moitié du tableau, Iga Swiatek et Danielle Collins n’ont pas connu des parcours aussi fluides pour se hisser dans le dernier carré. La Polonaise, au minimum huitième de finaliste de ses six derniers tournois du Grand Chelem, fait preuve d’une très belle régularité depuis son titre à Roland-Garros en 2020. Un sacre qu’elle avait acquis à l’époque sans perdre le moindre set et en expédiant très rapidement ses rencontres.

Pour atteindre la deuxième demi-finale de Majeur de sa carrière (la première à Melbourne, donc), Iga a dû bien plus batailler, en témoignent ses deux renversements de situation face à Sorana Cirstea et Kaia Kanepi. Agacée de ne pas évoluer à son meilleur niveau face à la Roumaine, elle a eu le mérite de rester focus et d’attendre d’être sur son banc après sa balle de match pour craquer et laisser couler ses larmes. La tâche n’a pas vraiment été plus aisée face à Kaia Kanepi en quarts puisqu’il lui a fallu 3h01 pour se débarrasser de la tombeuse d’Aryna Sabalenka, soit le match le plus long de sa carrière !

Des victoires à l’arrachée qui montrent qu’à seulement 20 ans (on l’oublierait presque), elle fait déjà preuve d’un gros caractère et de beaucoup d’abnégation. "C’est assez nouveau pour moi. Maintenant, même si je ne commence pas bien le match, j’y crois davantage. Je suis fière, j’arrive à trouver des solutions et à réfléchir à ce qu’il faut changer sur le court. Avant ce n’était pas aussi limpide pour moi" a expliqué la neuvième joueuse mondiale face aux journalistes.

Collins savoure

Des ressources mentales et physiques qui pourraient être mises à contribution face à Danielle Collins. Si l’Américaine s’est offert un match plus facile face à Alizé Cornet, son énorme combat de 2h51 en huitième de finale a prouvé à tous les observateurs qu’elle était de retour aux affaires.

Eloignée des terrains en avril 2021 suite à une opération pour soigner son endométriose, elle a pleinement retrouvé ses sensations et son jeu, qui lui avaient déjà permis d’atteindre le dernier carré à Melbourne en 2019 avant de rejoindre les quarts de finale de Roland-Garros l’année suivante.

Soulagée et libérée de ses douleurs physiques, elle profite de tous les instants passés sur le court et espère désormais atteindre une première finale en Grand Chelem. "Je suis devenue plus forte physiquement ces deux dernières années. Et je pense que ça se retrouve dans mon tennis, notamment au niveau du service et de l’énergie que j’ai sur le court. J’ai plus de puissance et de vitesse. J’espère que je vais être capable d’utiliser mon expérience de mon quart de finale à Roland-Garros et de ma demi-finale ici pour gérer les moments de tension sur le court. Je vais essayer de me servir de la confiance accumulée ces deux dernières années" s’est réjoui l’Américaine à l’issue de son quart de finale.

A noter que la seule confrontation entre les deux joueuses s’était soldée par l’abandon de Danielle Collins en février 2021 à Adélaïde.